En 2023-2024, près de 9 % des heures de cours n’ont pas été assurées dans les collèges publics, soit un niveau supérieur à celui de 2018-2019 (8 %) révèle ce vendredi La Cour des comptes dans un rapport intitulé « Le temps d'enseignement perdu par les élèves au collège » qu'elle vient de dévoiler ce vendredi. Derrière ces chiffres, ce sont des milliers d’élèves privés d’enseignement obligatoire, parfois sur des périodes longues.
Les causes sont multiples : postes vacants, absences non remplacées, formations, réunions pédagogiques ou encore congés de santé.
Des disparités fortes
Le rapport souligne que le phénomène n’est pas homogène. Certaines académies, comme Amiens ou Paris, parviennent à remplacer plus de 95 % des absences longues grâce à des outils de pilotage performants. À l’inverse, Limoges, pourtant dotée d’un vivier important, affiche un taux plus faible (90 %).
Français, maths, techno et allemand
Les disciplines les plus touchées sont celles où les professeurs manquent : français, mathématiques, technologie, allemand. Les zones rurales et les collèges de l’éducation prioritaire sont particulièrement fragilisés : dans ces derniers, 11 % des heures de cours n’ont pas été assurées, contre 8 % ailleurs.
Seulement 12 % des heures de courte durée sont remplacées
Depuis 2018, les crédits consacrés au remplacement ont bondi de 52 %, atteignant 2,16 milliards d’euros en 2024. Le « Pacte enseignant », qui rémunère les remplacements de courte durée, a triplé les dépenses dans ce domaine. Pourtant, l’efficacité reste limitée : seulement 12 % des heures de courte durée sont remplacées dans les collèges publics. Quant aux absences longues, leur couverture s’est dégradée, passant de 97 % en 2018-2019 à 94 % en 2024-2025.
Les élèves les plus fragiles en première ligne
La Cour rappelle que le temps d’enseignement perdu constitue un préjudice reconnu par le juge administratif. Il affecte davantage les élèves issus de milieux défavorisés, qui n’ont pas les moyens de compenser les cours manqués. Si l’impact sur les résultats au brevet reste secondaire par rapport au niveau initial des élèves, la perte de motivation et la progression ralentie sont jugées préoccupantes.
Des réformes encore nécessaires
La Cour des comptes appelle à un « sursaut » et invite le ministère de l’Éducation nationale à transformer en profondeur la gestion des absences pour garantir l’égalité d’accès au service public d’éducation. Parmi ses pistes et recommandations :
- Annualiser les heures de service des enseignants dès 2027 pour réduire les absences institutionnelles.
- Promouvoir la bivalence, permettant à un professeur d’enseigner deux matières.
- Renforcer la prévention santé et réduire les absences institutionnelles (formations, réunions).
- Mieux informer les familles sur les absences et les remplacements.
- Déployer des outils numériques (CNED, séquences pédagogiques) pour assurer une continuité pédagogique.