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Thérapies de conversion: "Ils parlent d'homo-sensibilité, comme d'une addiction à corriger"

À partir de ce mardi, la proposition de loi visant à lutter contre les thérapies de conversion est débattue à l’Assemblée nationale. Des thérapies qui prétendent guérir des personnes homosexuelles ou transgenres à force de stages, prières, exorcismes ou encore séances d'électrochocs. L'objectif de ce texte est d'interdire ces pratiques, qualifiées de "torture" par les Nations unies. Ceux qui s’y adonnent pourraient être passible de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende, si un mineur en est victime. Ces thérapies de conversion peuvent avoir de graves conséquences psychologiques pour les victimes, en témoigne Benoît Berthe, fondateur du collectif "Rien à guérir".

Un manifestant contre une décision de justice brésilienne approuvant les thérapies de conversion, à Sao Paulo en septembre 2017. (NELSON ALMEIDA / AFP)
Témoignage recueilli par Clément Bargain pour Sud Radio

 

C’est à l’adolescence que Benoît Berthe annonce son homosexualité à ses parents. "J'ai grandi dans une famille religieuse, catholique, pas intégriste du tout, très bienveillante. J'ai annoncé à mes parents vers l'âge de 15 ans que j'étais attiré par des garçons. Et pour eux, à l'époque, ils considéraient que c'était quelque-chose qui allait me rendre profondément triste, une dépravation... Ils voulaient vraiment m'aider." Benoît suit alors des sessions dites psycho-spirituelles dispensées par la communauté des béatitudes. "On vivait un peu comme dans des monastères. Il y avait plusieurs choses qu'on faisait. De la prière, de l'adoration, des enseignements de la Bible etc... Des entretiens avec un père spirituel qui était là clairement pour me guérir de mon homosexualité. On vient parler de la sexualité de la personne: 'à quoi tu penses quand tu te masturbes', et toutes ces questions là..." Cette thérapie de conversion, Benoît l’a suivie pendant trois ans jusqu’à ses 18 ans:

 

"Cette homo-sensibilité, comme ils disent souvent, serait un peu comme une addiction à la drogue  ou la pornographie ou à l'alcool. Quelque-chose qu'il faudrait absolument corriger. J'avais l'impression que je faisais tout mal, je m'enfonçais dans de la noirceur." - Benoît Berthe

Sorti de ce calvaire, Benoît a monté le collectif "Rien à guérir", qui regroupe plusieurs dizaines de victimes. Pour lutter contre ces thérapies de conversion, le texte examiné aujourd'hui à l'Assemblée nationale prévoit la création d'un délit spécifique et des peines de prison.

 

Un texte loin de faire l’unanimité sur la notion de genre

Un proposition critiquée non pas parce qu’elle s’oppose aux thérapies de conversion, mais parce qu’elle inclut l’identité de genre. Si elle était voté, elle empêcherait la prise en charge de mineurs souffrant de dysphorie de genre selon Aude Mirkovic, porte-parole de l’Association Juristes pour l’enfance: "Le texte vise 'des propos répétés visant à modifier l'identité de genre d'une personne'.  C'est très subjectif, cela peut être changeant. Pendant l'enfance ou surtout à l'adolescence, les questions liées à l'identité sont très plastiques. Ils font partie des multiples questionnements qui sont le propre de ces âges. Avec cette proposition de loi, comment va t-on pouvoir recueillir les confidences d'un jeune qui s'interroge sur son identité de genre, si les paroles prononcées ou les conseils donnés peuvent ensuite être considérés comme visant à réprimer son identité de genre et mener en prison?"

 

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