C’est mine de rien un tournant non négligeable dans l’histoire récente des opérateurs de téléphonie mobile. Ce mardi, l’Arcep (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes) lance officiellement une nouvelle plate-forme Internet (jalerte.arcep.fr) pour donner aux citoyens la possibilité de la saisir directement en cas de problème de réseau. Rédacteur-en-chef du magazine En contact, Manuel Jacquinet était l’invité du Grand Matin Sud Radio pour évoquer cette initiative.
"Je crois que c’est une très bonne idée que d’éliminer les filtres entre les consommateurs, les citoyens, et le gendarme des télécoms qui fait aujourd’hui régulièrement des études. Là, on va pouvoir saisir directement l’Arcep avec cette plate-forme et lui dire ce qu’il se passe et ce qui ne fonctionne pas. Je prends l’exemple de quelques maires de communes qui se sont plaint pendant quelques mois de ne plus avoir de réseau. Ils vont pouvoir indiquer le dysfonctionnement subi et l’Arcep sera informée en direct de ces éléments et pourra, a priori, mobiliser des personnes pour analyser ces problèmes", se réjouit-il.
"Quatre ou cinq personnes, ça va vite être insuffisant"
Alors que la couverture réseau du territoire français est encore aujourd’hui loin d’être complète, malgré l’optimisme affiché bien souvent par les opérateurs, certaines communes doivent se battre bec et ongles pour trouver des solutions. "Les systèmes palliatifs, c’est de trouver des solutions fonctionnelles au cas par cas, et parallèlement agir également pour faire respecter la loi auprès des grands opérateurs de téléphonie (Orange, Bouygues, Free, SFR) en leur disant : "Vous vous êtes engagés à ça, je sais qu’on est là, qu’allez-vous faire ?". En gros, l’Arcep est en train d’installer des radars sur la route des opérateurs", dit-il.
La situation est telle que l’Arcep pourrait même être rapidement victime du succès de sa plate-forme selon Manuel Jacquinet. "D’après ce que j’ai lu ce matin dans la presse, l’Arcep a mobilisé quatre ou cinq personnes sur le sujet. À mon avis, ça va vite être insuffisant compte tenu des remontées qu’il risque d’y avoir… Partout dans le monde, quand on donne la parole aux citoyens et aux consommateurs, ils la prennent", prédit-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Manuel Jacquinet dans le Grand Matin Sud Radio