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Pourquoi nos seniors ont 10 ans "de vie en moins bonne santé" qu'ailleurs

A l'occasion d'une table ronde animée par Sud Radio et dédiée à l'âge d'or des seniors dans le cadre du Silver Economy Expo de Paris, experts et acteurs du secteur ont dressé un constat préoccupant : les seniors français vivent en moyenne dix années de moins en bonne santé que leurs homologues étrangers. Explications.

seniors en France
Les seniors en France vivent en moyenne dix années de moins en bonne santé que leurs homologues étrangers, à espérance de vie équivalente.

« Par rapport à des pays qui ont la même espérance de vie que nous, on a dix ans de vie sans incapacité de moins, ce qu’on appelle la vie en bonne santé », alerte Sébastien Podevyn-Menant, professeur associé à l’Université Gustave Eiffel et participant à la table ronde animée par Sud Radio et dédiée à l'âge d'or des seniors dans le cadre du Silver Economy Expo de Paris. Dix ans où on va être beaucoup plus souvent chez le médecin. »

Pourquoi un tel écart avec d’autres pays ? Sébastien Podevyn-Menant avance une explication : « Parce que nous n’avons pas cette politique de transition. On a peut-être le meilleur système de santé du monde. Si on a le moindre problème, dans quatre minutes, vous avez un service d’urgence qui va nous prendre en main. Dans dix, on sera sur un plateau technique top niveau qui va nous remettre à flot. Et dans trois jours, on est sortis. »

Un système de santé réactif… mais pas préventif

Mais le suivi reste insuffisant : « Et pourtant, qu’est-ce qui fait que je vivrai dix ans de moins que les autres pays en bonne santé ? Parce qu’une fois qu’on vous a remis en place, il n’y a pas forcément le suivi de “pourquoi ?”, “quelle est la cause ?”, etc. Il faut s’inspirer de tous les pays pour faire un modèle français. Mais on doit d’abord changer notre vision de pensée, notre système de santé », poursuit Sébastien Podevyn-Menant.

Le professeur insiste sur la notion de responsabilité collective : « C’est aussi la logique de la responsabilité populationnelle. C’est la Fédération hospitalière de France qui porte ça. Il faut qu’on avance sur la responsabilité populationnelle pour que chacun se dise : j’ai un bout de ma santé avec moi. » Une situation d’autant plus paradoxale que la société française vieillit et aura besoin de ses aînés : « L’âge d’or des seniors signifie qu’on va enfin vous dire qu’on a besoin de vous. Alors qu’avant, c’était : “Allez, poussez-vous ! Place aux jeunes !” Maintenant, c’est un petit peu des deux. Mais il y a encore beaucoup à faire. »

« L’isolement peut tout faire basculer »

Geneviève Mannarino, conseillère du président de la CNSA (Caisse Nationale de la Sécurité pour l'Autonomie) chargée de la mission d’étude sur l’habitat inclusif, met en lumière un autre facteur aggravant : « C’est vrai qu’on est un pays qui est quand même bien accompagné du point de vue de la santé. Mais il y a également le sujet de l’isolement de la personne et je crois que ça, ça peut complètement faire basculer une personne. Ça aggrave les problèmes de santé. On est plus isolé, on n’a plus envie. Et à partir de là, je pense que c’est l’instant T où l’on bascule. »

Pour elle, l’enjeu est clair : « Il ne faut donc pas que demain, on regrette les décisions qu’on n’a pas pu prendre aujourd’hui. C’est-à-dire ces décisions d’accompagnement de la personne, là où elle a envie de vivre. » Et de plaider pour une approche plus humaine : « Ne pas forcément raisonner tout de suite en médico-social. Le médico-social est un terme extraordinaire, très français. On est très fort pour ça. Mais si on raisonne autrement, en se basant sur une liste des envies de la personne, en disant un logement, un habitat, ça appartient à la personne pour qu’elle vive le mieux possible, elle vivra mieux. »

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