Après les sonorités bossa nova de "Vaitimbora" qui ont inondé les réseaux sociaux cet été, le duo de DJ français Trinix sort vendredi "Origin" et entend conserver pour ce nouvel album la recette qui a fait son succès.
"Aux prémices du projet, on mélangeait le côté un peu classique et des sonorités plus actuelles. C'est un truc qu'on veut toujours garder, un côté hybride", explique à l'AFP Loïs Serre, moitié de ce groupe lancé en 2012 avec Josh Chergui.
Ce troisième opus ne fait pas exception à la règle et invite à voyager à travers différentes musiques du monde, revisitées à la sauce électro.
Les rythmes bossa nova de "Vaitimbora", avec la chanteuse brésilienne Mari Froes, côtoient les consonances afro de "Aje" avec le chanteur français Tayc et le rappeur nigérian Khaid. Ce titre reprend la mélodie du tube caribéen "Turn me on" de Kevin Little, succès planétaire en 2003.

Loïs Serre (g) et Josh Chergui, membres du groupe Trinix, le 22 août 2025 à Paris
STEPHANE DE SAKUTIN - AFP
Une ballade planante où virevolte le piano de Sofiane Pamart ("Oro"), découvert par le grand public à la cérémonie des JO de Paris en 2024, se glisse à côté de l'entraînant "Emorio", interprété par Fafá de Belém, star brésilienne des années 1970.
Si ces titres sont déjà parus en singles, "Origin" renferme aussi des inédits. Comme "Mona", version remixée de "Mona Ki Ngi Xica" (1987) par Bonga, figure de proue de la musique angolaise, mais aussi de "Soutouro" du griot mandingue Ablaye Cissoko.
Les sonorités africaines sont une matière première de choix pour les DJ: cette année, le remix par l'Italien MoBlack de "Yamore", duo entre la star malienne Salif Keïta et la chanteuse cap-verdienne Cesaria Evora, décédée en 2011, a cartonné.
Le tandem n'a pas de frontières, s'amusant à imprimer sa patte sur "Bécane" de Yamê ou, en 2024, sur "Avec classe" de Corneille avec Aya Nakamura.
- "Le public décide" -
Cette fusion est dans l'ADN de Trinix: Loïs Serre, 27 ans, possède une formation classique - "du piano, du chant, des claquettes" - tandis que Josh Chergui, 33 ans, est davantage façonné par le hip-hop et l'électro.
Leur rencontre remonte à l'enfance, quand le meilleur ami de Josh lui parle de la passion qu'a également son petit frère, Loïs, pour la musique.

Loïs Serre (g) et Josh Chergui, membres du groupe Trinix, le 22 août 2025 à Paris
STEPHANE DE SAKUTIN - AFP
Leurs productions centrées autour des "voix anglaises" s'ouvrent au bout de quelques années à davantage de diversité, repoussant le champ des possibles.
Leur musique s'immisce dans des milliers de stories, en particulier sur TikTok et Instagram, mais le tandem jure qu'il ne calibre pas ses morceaux pour ces plateformes et qu'il fonctionne plutôt à l'instinct.
"+Vaitimbora+ était dans les tiroirs et on s'est dit: vas-y, on poste ça, on n'a rien à poster (sur les réseaux, NDLR). Et derrière... la magie d'internet", illustre Josh Chergui.
Au contraire, des chansons pensées comme des hits potentiels, comme "Narina" sortie cette année, n'ont pas eu l'écho escompté.
A leurs yeux, cela tient aux nouveaux canaux de diffusion de la musique, qui font que, finalement, "c'est le public qui décide".
"Notre force, c'est qu'on parle en direct avec les gens. On leur propose du contenu, des vidéos, des musiques sur internet, en direct. Et c'est eux qui décident s'ils aiment ou pas", observe Loïs Serre.
"Je pense que si on n'avait pas ce petit terrain de jeu que sont les réseaux sociaux, on n'aurait pas fait des morceaux comme +Vaitimbora+", estime-t-il.
Son binôme résume leur état d'esprit: "En fait, c'est depuis qu'on ne se prend plus la tête que ça marche."
Par Fanny LATTACH / Paris (AFP) / © 2025 AFP