Un accord et un soulagement à droite: les Républicains ont officiellement investi jeudi soir Rachida Dati comme candidate à la mairie de Paris, en échange de son retrait de la législative partielle qui devait l'opposer à Michel Barnier fin septembre, évitant ainsi un duel fratricide.
"A l'unanimité, les Républicains ont investi Rachida Dati pour les municipales à Paris" de mars 2026 et celle-ci "apportera son soutien à Michel Barnier pour l'élection législative partielle dans la 2e circonscription de Paris", a écrit le parti dans un communiqué.
La maire LR du 7e arrondissement n'avait pas apprécié l'annonce de la candidature de Michel Barnier au scrutin dans la 2e circonscription de Paris, un bastion de la droite menacé l'an dernier par une candidate du PS, et avait dans un premier temps annoncé maintenir une candidature dissidente.
Le sénateur Francis Szpiner, qui briguait également l'investiture pour les municipales, a retiré sa candidature, a indiqué la porte-parole de LR, Agnès Evren.
"La raison l'a emporté" pour "un accord gagnant-gagnant", a-t-elle estimé auprès de l'AFP.
Michel Barnier, ex-Premier ministre d'Emmanuel Macron, renversé par une motion de censure de l'Assemblée nationale en décembre 2024, devient donc le candidat unique de la droite au siège de député dans cette circonscription à cheval sur les 5e, 6e et 7e arrondissements.
Jean Laussucq, ancien collaborateur de Mme Dati y avait initialement remporté le scrutin en juillet 2024, et siégeait au sein du groupe Renaissance, avant de voir son élection invalidée par le Conseil constitutionnel le 11 juillet 2025 pour irrégularités dans ses comptes de campagne.
Dans la foulée, Michel Barnier a annoncé que sa suppléante serait Florence Berthout, maire (Horizons) du 5e arrondissement, particulièrement crucial dans cette élection.

Frédérique Bredin, présidente du CNC le 29 octobre 2013
DANIEL MIHAILESCU - AFP/Archives
Outre Michel Barnier, deux autres personnalités sont en lice à ce jour pour tenter de remporter cette législative partielle: le RN Thierry Mariani et la socialiste Frédérique Bredin, investie par le PS et soutenue par les Ecologistes.
Le scrutin est prévu les 21 et 28 septembre, mais la candidate de gauche a écrit le 18 août au Premier ministre François Bayrou pour lui demander un report du scrutin à début octobre, en évoquant notamment des délais trop serrés.
- Agenda judiciaire -
De son côté, Rachida Dati va donc se focaliser sur le scrutin municipal de 2026 lors duquel elle devrait notamment affronter l'ex-premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, désigné par le PS en juin dernier.
"Ce soir, la conquête de Paris a commencé. Je remercie Les Républicains qui m'ont accordé leur investiture à l'unanimité. A Paris, j’œuvrerai au rassemblement de toutes les forces d’alternance et j'appelle tous les Parisiens à me rejoindre. Ensemble, nous allons gagner!", a réagi Mme Dati sur X.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, quitte l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025
Thomas SAMSON - AFP/Archives
Exclue des Républicains en 2024 après avoir été recrutée en janvier 2024 par la macronie pour entrer dans le gouvernement de Gabriel Attal comme ministre de la Culture, Rachida Dati a repris sa carte chez LR.
Elle n'a toutefois pas rallié à sa cause Pierre-Yves Bournazel, lui-même candidat déclaré à la mairie de Paris. Elle sera "la candidate de la droite dure", a tweeté en réaction à son investiture ce membre d'Horizons, le parti d'Edouard Philippe.
Au calendrier électoral, Mme Dati, 59 ans, doit faire correspondre son agenda judiciaire: elle a été renvoyée le 22 juillet en procès pour corruption et trafic d'influence, soupçonnée d'avoir perçu 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil avec une filiale de l'alliance Renault-Nissan mais sans avoir réellement travaillé, alors qu'elle était avocate et députée européenne. Elle a fait appel de la décision.
La date précise du procès devrait être fixée lors d'une première audience prévue le 29 septembre.
Le Conseil constitutionnel a validé début août un nouveau mode de scrutin pour les élections municipales à Paris, Lyon et Marseille, dont les conseillers des mairies centrales seront désormais élus directement, en plus des représentants d'arrondissements et de secteurs.
Par Laura SALABERT, Baptiste PACE / Paris (AFP) / © 2025 AFP