Emmanuel Macron va lancer au mois de juin une nouvelle convention citoyenne sur "les temps de l'enfant" où seront abordés les temps de vacances et les horaires scolaires, des sujets qui concernent le quotidien de millions de Français mais aussi leur lot d'irritants.
Après la convention citoyenne sur le climat et celle sur la fin de vie, le chef de l'Etat va demander à un panel de citoyens de plancher sur une troisième convention, a indiqué l'Elysée confirmant une information du Parisien.
"Il me paraît nécessaire que l'on travaille à faire en sorte que l'organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu'un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles", a indiqué le président au journal.
La question du nombre de semaines de vacances sera également abordée.
"La France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays", avait indiqué le chef de l'Etat en février.
"Il y a beaucoup de pays qui ne partent en vacances qu'à partir du 14 juillet. On a des vacances qui sont très très longues l'été. Les enfants qui ne sont pas accompagnés par leurs familles vont perdre souvent du niveau scolaire (...) Le temps des enfants, c'est quelque chose qu'on va ouvrir, mais il faut que ce soit un peu discuté", avait-il dit.
En France, une année scolaire est composée de 36 semaines au moins de classe, et de 16 semaines de vacances.
"La convention citoyenne m'a semblé être l'outil de consultation des Français le plus adapté, car c'est une question très complexe qui nécessitera de dégager de nombreux consensus entre tous ceux qui sont touchés par ce vaste sujet, comme les parents, la communauté éducative y compris périscolaire, les collectivités locales et même les professionnels du tourisme", a ajouté le chef de l'Etat.
Pour Emmanuel Macron, le champ de l'éducation permet en outre d'envisager des réformes sans passer par la case parlement où son camp ne dispose pas de la majorité, la plupart des dispositions sur l'Ecole relevant du domaine réglementaire.
Lors de ses voeux pour l'année 2025, Emmanuel Macron avait laissé entrevoir le lancement d'une nouvelle convention citoyenne, ou l'organisation d'un referendum, en disant que les Français seraient amenés à "trancher" sur des sujets déterminants.
- "Hors sujet" -

Le président Emmanuel Macron visite l'école de Saint-Sozy, dans le Lot, le 18 janvier 2019
LUDOVIC MARIN - POOL/AFP/Archives
Comme pour la fin de vie, M. Macron a décidé de confier l'organisation de cette convention citoyenne au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
"Le malaise démocratique ressenti par nos concitoyens est aussi une crise de l'efficacité de l’action publique. Et c'est là que la démocratie participative et sociale prend tout son sens en apportant le matériau nécessaire pour des politiques publiques mieux construites, plus applicables, mieux acceptées", a déclaré son président Thierry Beaudet.
En choisissant l'expression des "temps de l'enfant", Emmanuel Macron évite de reprendre celle des "rythmes scolaires", une réforme conflictuelle avec l'instauration de la semaine de quatre jours et demi à l'école mise en oeuvre au début du quinquennat de François Hollande et sur laquelle l'ex-ministre Vincent Peillon avait fini par se casser les dents.
Dès à présent, l'initiative présidentielle s'est attiré les foudres du principal syndicat enseignant des collèges et lycées.
"C'est un hors-sujet de la part du Président de la République sur les questions d'éducation", a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay secrétaire générale du Snes-FSU. "Il fait diversion pour ne pas s'occuper des urgences et masquer l'état de l'école qui s'effondre: on manque de professeurs, on a les classes les plus chargées d'Europe..."
"On considère aujourd'hui que le système éducatif est arrivé à un point de rupture, et qu'il nous faut absolument repenser l'école dans ses attentes, dans ses objectifs, et ça doit être un débat de société", salue au contraire Grégoire Ensel, vice-président des parents d'élèves de la FCPE.
"On doit repenser la question des rythmes scolaires (...) Mais nous demandons à ce qu'il y ait une approche beaucoup plus globale de l'enfant. Il y a plein d'autres sujets à aborder : la question de la mixité sociale et scolaire, celle du handicap, celle des effectifs dans les classes", met en avant M. Ensel.
Par Grégory DANEL avec Léo MOUREN et Rebecca FRASQUET / Paris (AFP) / © 2025 AFP