La situation de Régny, petit village de 1.500 âmes dans la Loire, est de plus en plus délicate. Les habitants n'ont plus de médecin depuis le 1er janvier 2020. Le maire de la commune, Jean-François Dauvergne lance un appel à l'aide et menace d'entamer une grève de la faim pour protester contre l'absence de professionnels de santé dans la commune. Une réponse au refus du Conseil de l'ordre des médecins d'autoriser l'installation d'un médecin qui ne souhaitait pas faire de garde le week-end.
Une maison de santé pluridisciplinaire désormais vide
Depuis 2012, la commune est pourtant "très engagée dans une politique de santé territoriale", rapporte le maire du village qui a décidé de construire "une maison de santé pluridisciplinaire en partenariat avec les médecins libéraux du territoire". Un bâtiment qui a coûté 1,2 million d'euros à la commune et qui se retrouve désormais vide. "Les médecins que l'on a installés ont fini par partir", déplore l'édile.
Des départs dus à différents facteurs. "Ils ont commencé à travailler ici en étant sous contrat avec l'hôpital de Roanne", raconte Jean-François Dauvergne. Après trois ans de salariat, le contrat prévoyait ensuite une installation en tant que libéral. C'est au moment de l'installation que la maison de santé s'est vidée. "C'est la liberté d'installation de pouvoir se déplacer où ils veulent dans la région", reconnaît le maire. Pourtant, le nombre de patients n'était pas en cause, "ils étaient débordés de clients", rapporte l'élu.
Des médecins devenus fonctionnaires territoriaux
Symbole du désert médical dans les campagnes, le dernier médecin, grec et amateur des villes, a préféré partir dans le sud de la France. "La ville et le soleil lui manquait", témoigne-t-il. Alors pour pallier à ce manque de médecin, Jean-François Dauvergne a innové et installé un centre municipal de santé. "Ce sont des médecins salariés, payés par le centre municipal de santé associatif", un organe dépendant de la municipalité, explique le maire. Les professionnels de santé travaillent désormais comme des fonctionnaires territoriaux, 35 heures par semaine et 5 jours sur 7.
Alors que Jean-François Dauvergne pensait avoir trouvé le remède miracle, c'est le conseil de l'ordre des médecins qui s'est emparé du dossier et a mis son grain de sel. "Il s'oppose au fait que des médecins ne soient pas soumis à des gardes le week-end", dénonce-t-il. Pourtant pas le choix, "le modèle économique veut que la recette financière vienne des remboursements de la sécurité sociale et des actes faits. Si je diminue le nombre d'actes, je fais du déficit", regrette l'élu. Si un médecin doit faire des gardes le week-end, "je serai obligé de le dispenser de travailler le lundi et le mardi", raconte Jean-François Dauvergne, qui se dit "prêt à entamer une grève de la faim", si le conseil de l'ordre des médecins ne revient pas sur sa décision.
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