single.php

Festival de BD d'Angoulême: vers une organisation partagée pour sortir de la crise

À défaut de choisir entre eux, l'association propriétaire du festival de BD d'Angoulême (FIBD), menacé de boycott pour sa prochaine édition, a prôné samedi le rapprochement des deux candidats à sa future organisation, dont l'actuel délégataire très critiqué dans la profession.

YOHAN BONNET - AFP/Archives

À défaut de choisir entre eux, l'association propriétaire du festival de BD d'Angoulême (FIBD), menacé de boycott pour sa prochaine édition, a prôné samedi le rapprochement des deux candidats à sa future organisation, dont l'actuel délégataire très critiqué dans la profession.

Celui-ci, la société privée 9eArt+, et la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l'Image (CIBDI), un établissement public qui abrite le musée de la BD, doivent "envisager un rapprochement" pour soumettre "un projet commun" d'ici au 20 novembre, a annoncé l'association du FIBD à l'issue d'un appel à projets pour l'organisation de l'événement après 2028.

Depuis 2007 et jusqu'en 2027, elle est confiée à 9eArt+, dont la simple reconduction aurait été fatale au festival créé en 1974, selon des observateurs.

Un "rapprochement" entre les deux offres candidates vise à produire une "plus grande transparence dans la gestion de l'événement" et offre aux financeurs publics "l'opportunité de prendre une place appropriée" dans la gouvernance du festival, a fait valoir l'association dans un communiqué.

Son annonce intervient après des mois de tensions autour de l'événement.

Sa dernière édition, en début d'année, avait été marquée par une virulente mise en cause de 9eArt+, accusé dans la presse d'opacité financière, de "dérives" mercantiles et d'avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.

Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et la jeune femme conteste son licenciement pour "faute grave - 9eArt+ lui reproche un "comportement incompatible avec l'image de l'entreprise" - devant les prud'hommes.

- "Nouvelle page" -

Les collectivités locales (Région Nouvelle-Aquitaine, Conseil départemental de Charente, intercommunalité du Grand Angoulême et ville d'Angoulême), qui cofinancent l’événement avec l’État à hauteur de 40%, ont pris acte samedi de la proposition de l'association et souhaitent qu'"une nouvelle page s'écrive" pour assurer "le développement et la pérennité" du festival.

A Angoulême le 30 janvier 2025, lors du précédent festival international de la bande dessinée

A Angoulême le 30 janvier 2025, lors du précédent festival international de la bande dessinée

ROMAIN PERROCHEAU - AFP/Archives

Interrogé par l'AFP, Patrick Mardikian, président de la CIBDI que subventionnent les mêmes financeurs publics, s'est dit "pas opposé" à un rapprochement des projets mais il souhaite que les tutelles chargent cette dernière de "piloter un travail de préfiguration, en lien avec l'interprofession" de la bande dessinée.

"Nous avons l'opportunité d'écrire une page blanche mais cela doit être organisé", a-t-il insisté auprès de l'AFP, jugeant le délai fixé au 20 novembre "pas tenable": "Arrêtons de bousculer les choses, on a deux ans devant nous".

"On nous respecte pas, on nous écoute pas, donc on y va pas", a maintenu de son côté le Syndicat des travailleurs.euses Artistes-Auteur.ices CNT-SO, qui réclame le départ de 9eArt+.

"Delphine Groux (présidente de l'association du FIBD, ndlr) ne fait que gagner du temps grâce à cette manœuvre qui ne trompe personne", a-t-il ajouté le syndicat sur son compte Instagram.

- Boycott -

Avec le collectif MeToo#BD, il est à l'origine d'une pétition en ligne appelant à boycotter le prochain festival, organisée du 29 janvier au 1er février.

Elle a recueilli près de 2.300 signatures, dont celles de lauréats récents du Grand Prix de la BD d'Angoulême comme la Britannique Posy Simmonds, l'Américain Art Spiegelman ou les Français Blutch, Lewis Trondheim, Luz ou Fabcaro.

Mi-octobre, la dessinatrice et autrice française Anouk Ricard, lauréate en 2025, avait annoncé qu'elle boycotterait la prochaine édition et l'exposition qui devait lui y être consacrée, pour réclamer un "changement" à la tête de l'événement.

Au printemps, sous la pression des financeurs publics et face à l'appel au boycott, l'association du FIBD avait dénoncé le contract actuel de 9eArt+, reconductible, ouvrant à la concurrence la future organisation de l'événement.

Puis en juillet, le délégataire historique avait annoncé le retrait à cet horizon de son directeur général décrié, Franck Bondoux, sans renoncer à candidater à l'appel à projets.

La société 9eArt+ a "confirmé de nouveau son départ et son désir de transmission de son entreprise", a assuré l'association du FIBD samedi.

Par Thomas SAINT-CRICQ / Bordeaux (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
12H
11H
10H
08H
04H
02H
00H
23H
22H
21H
Revenir
au direct

À Suivre
/