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Des boutiques aux loyers sacrifiés pour repeupler les centres-villes

Par Mathieu D'Hondt

Afin de repeupler son centre-ville déserté, la commune de Sorgues (Vaucluse) a choisi de lancer des "commerces à l'essai" avec loyers sacrifiés. Reportage.

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Encore débattue lors de la récente Conférence des territoires délocalisée à Cahors, la désertification des centres-villes demeure l'un des enjeux majeurs des politiques urbaines à venir. Devant l'urgence de la situation dans certaines localités, une centaine d'élus locaux, réunis au sein de l'association Centre-Ville en Mouvement, a même récemment exhorté le président à reconnaître ces centres-villes, laissés à l'abandon, comme "Grande cause nationale 2018". En attendant un hypothétique geste en ce sens de la part du chef de l'État, plusieurs communes ont d'ores et déjà décidé de s'activer pour tenter de repeupler leurs cœurs historiques.

"Un local commercial loué pour... 1 euro par jour"

L'une de ces initiatives plébiscitées par les maires repose sur ce que l'on appelle le "commerce à l'essai". Le concept est simple : pour les encourager à reprendre des commerces délaissés, de jeunes entrepreneurs motivés et souhaitant monter leur affaire sont ainsi sélectionnés sur dossier et bénéficient d'un accompagnement personnalisé, ainsi que d'un local commercial à loyer sacrifié. Une manière de favoriser l'installation de ces tout nouveaux chefs d'entreprise et de leur mettre le pied à l'étrier. Depuis 3 ans maintenant, beaucoup de mairies, séduites par le concept, franchissent le pas

C'est le cas notamment à Sorgues (Vaucluse), près d'Avignon, où la municipalité à fait le choix de ces "commerces à l'essai" afin d'attirer de nouveaux entrepreneurs dans les boutiques désertées du centre. Nous avons rencontré Cindy, l'heureuse élue qui aura l'honneur d'être la première à bénéficier de ce dispositif, avec, à la clé, un local loué pour seulement... 1 euro par jour, ainsi qu'une assurance gratuite pour une période de 6 mois, avant que les tarifs ne soient ensuite progressivement rehaussés. En plein travaux de rénovation de sa première boutique de prêt-à-porter qui ouvrira dès janvier, elle ne cache pas sa joie de pouvoir profiter de cette opportunité. "J'étais en pleine recherche de local et les prix pour la même surface, voire un peu moins, étaient vraiment exorbitants, je n'aurais pas pu me permettre", nous confie-t-elle, comme pour mieux mesurer sa chance. "Cela m'a permit aussi de ne pas m'endetter et donc de ne pas faire appel à un crédit bancaire, ce qui est un gros plus pour moi", insiste-t-elle encore.

À première vue, ces énormes avantages apparaissent comme un gouffre pour la mairie, mais l'équipe municipale voit plus loin et mise sur cet investissement à perte pour redynamiser un centre-ville sans âme et qui peine à lutter face à la concurrence et au développement des grandes zones commerciales. "Disons que c'est perdant-gagnant puisque cela redonne de l'attractivité", explique ainsi Christian Riou (adjoint au maire chargé du commerce). Ce dernier indique par ailleurs que sa commune "souffre de la désertification du commerce de proximité avec à peu près 140 commerces pour une bonne trentaine de fermée".

Si la survie de son centre-ville passe par ce "coup de pouce" donné aux entrepreneurs, la mairie de Sorgues est donc prête à faire des sacrifices. Elle a d'ailleurs récemment annoncé qu'elle prévoyait l'ouverture de 6 autres commerces à l'essai dans le courant de l'année 2018.

Propos recueillis par Stéphane Burgatt

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