Reportage de Grâce Leplat pour Sud Radio
"Je pense vraiment que l'on fait partie d'une génération sacrifiée"
Vivien est étudiant en 3ème année de sciences politiques à Lyon et la 3ème année, c’est l’année Erasmus : "j'étais très heureux de pouvoir vivre cette aventure que j'avais planifiée depuis des années, confie-t-il à Grâce Leplat. Mais je me suis retrouvé du jour au lendemain à devoir suivre l'ensemble des cours via mon studio". Un studio de 10 m2, dans lequel il va passer 2 mois : "c'est idéal quand on est étudiant pour manger et dormir mais pas pour passer 24h sur 24 entre 4 murs", explique-t-il.
Cette solitude finit par tellement lui peser qu’il est retourné chez ses parents en France. "Le contexte actuel plus l'incertitude face à l'avenir renforcent une forme de mal-être, reconnaît-il. Je pense vraiment que l'on fait partie d'une génération sacrifiée", affirme-t-il. Il n’arrive pas à se projeter et redoute des conséquences sur la suite de ses études.
"Est-ce que ces étudiants désespérés pourraient aller jusqu'à mettre fin à leurs jours ?"
Comme Vivien, un étudiant sur trois fait face à une détresse psychologique et cela inquiète la psychologue Ariane Calvo. "Ce qui nous préoccupe, c'est évidemment : est-ce que ces étudiants désespérés pourraient aller jusqu'à mettre fin à leurs jours ? Ce qui serait une conséquence dramatique d'une crise sanitaire qui est déjà dramatique", prévient-elle.
"Le sentiment de 'à quoi bon vivre si c'est pour vivre sans relations dans une planète complètement contaminée, où chacun est un danger pour l'autre', pose la question de 'est-ce que ça vaut la peine de continuer à vivre', explique-t-elle. C'est ce qui nous inquiète le plus chez les étudiants, qui en plus peuvent avoir des impulsions beaucoup plus irraisonnées et dangereuses pour eux-mêmes".
Après plusieurs tentatives de suicide, le gouvernement promet de renforcer la présence de psychologues dans les universités. Des annonces insuffisantes aux yeux des syndicats.