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ArcelorMittal: les salariés à Paris, pour du métal, avec ou "sans Mittal"

Quelques centaines de salariés d'ArcelorMittal ont manifesté mardi devant le siège français du groupe à Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour la défense de leur emploi et l'avenir de l'acier en France, mettant la pression sur la direction du sidérurgiste qui envisage la suppression de plus de 600 postes.

LEO VIGNAL - AFP

Quelques centaines de salariés d'ArcelorMittal ont manifesté mardi devant le siège français du groupe à Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour la défense de leur emploi et l'avenir de l'acier en France, mettant la pression sur la direction du sidérurgiste qui envisage la suppression de plus de 600 postes.

"Nationalisation" est le terme qui était sur toutes les lèvres : "les Italiens l'ont fait, les Anglais l'ont fait (...) alors pourquoi nous, Français, on n'est pas capable de le faire ?", s'est interrogé Gaétan Lecocq, de la CGT d'ArcelorMittal Dunkerque, site le plus menacé par le plan de suppressions de postes, devant la presse, après être monté à la tribune où il a défendu une prise de contrôle des hauts fourneaux français par l'Etat, en marge d'un CSE central, pour négocier les contours du plan de suppressions de postes.

"Il y a eu l'acier lorrain, il y a eu l'acier du nord, il y aura de l'acier français demain. Mittal, qu'il dégage, qu'il s'en aille, on n'a pas besoin de lui", a-t-il ajouté, ne souhaitant pas "accompagner", mais "dire non" à ce Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).

Après la manifestation, une petite délégation de salariés a rejoint l'Assemblée nationale, notamment pour répondre aux questions d'une commission d'enquête sur les licenciements dans l'industrie.

Des salariés d'ArcelorMittal rassemblés devant le siège du groupe à Saint-Denis, près de Paris, le 13 mai 2025

Des salariés d'ArcelorMittal rassemblés devant le siège du groupe à Saint-Denis, près de Paris, le 13 mai 2025

LEO VIGNAL - AFP

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue soutenir ses troupes, l'a promis: la situation des salariés d'ArcelorMittal sera "au centre" de son "interpellation du président de la République", avec qui elle est invitée à débattre mardi soir, sur TF1, parmi d'autres personnalités.

"Je lui remettrai les propositions de la CGT pour nationaliser, la liste des 400 plans de licenciements qui aujourd'hui ont lieu partout en France, avec des entreprises qui touchent des aides publiques et qui distribuent des dividendes et je lui dirai qu'il faut qu'il prenne ses responsabilités", a-t-elle clamé devant les salariés de Dunkerque (Nord), de Florange (Moselle), ou Basse-Indre (Loire-Atlantique), trois des sites les plus touchés.

Elle a ensuite entonné, entre deux détonations de pétards, un slogan populaire: "Du métal sans Mittal! Du métal sans Mittal !".

"On est venu manifester notre mécontentement, on ne comprend pas les 600 licenciements", a déclaré Francis Carru, de Dunkerque, devant l'entrée du siège français du sidérurgiste, qui avait des airs de forteresse, avec des dizaines de CRS devant l'entrée. Il craint "pour (son) emploi et les emplois futurs", redoutant "une fermeture de site" pure et simple.

Projets de nationalisation tous azimuts

"ArcelorMittal est en train, clairement, d'organiser la délocalisation de la production depuis des années, et là, on est face à une urgence, c'est vraiment une question de semaines", a déclaré la députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, qui a déposé le matin même une proposition de loi de nationalisation d'ArcelorMittal.

Une démarche également portée par le PCF et le PS, qui prévoit de déposer, plus largement, "une proposition de loi relative à la souveraineté industrielle de la France portant mesures d'urgence pour ArcelorMittal Dunkerque".

Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, s'est joint au rassemblement des salariés d'ArcelorMittal devant le siège du groupe à Saint-Denis, le 13 mai 2025

Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, s'est joint au rassemblement des salariés d'ArcelorMittal devant le siège du groupe à Saint-Denis, le 13 mai 2025

LEO VIGNAL - AFP

Au coeur du maintien d'une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d'investissement - à hauteur de 1,8 milliard d'euros dont plus de 800 millions d'aide promise par l'Etat - pour décarboner les hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l'acier produit en Europe.

Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, ArcelorMittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application "rapide" du plan européen pour l'acier pour regagner en compétitivité, avant d'annoncer s'il investit ou non.

Un projet d'ores et déjà enterré, selon Gaétan Lecocq, qui assure que les emplois dédiés ont été "supprimés".

"L'État attend (...) qu'Arcelor apporte des réponses sur sa stratégie à moyen terme en France et sur la confirmation de ses projets", a déclaré la ministre délégué chargée des PME, Véronique Louwagie, lors de la séance des questions au gouvernement, devant l'Assemblée nationale.

"La nationalisation n'est pas une réponse en soi aux difficultés de la sidérurgie européenne", a-t-elle ajouté, estimant que la réponse se ferait à l'échelle de l'Europe.

Par Nicolas GUBERT / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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