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Antisémitisme: chez les Français juifs, de la peur plus que de la défiance envers les autorités

Face à l'antisémitisme, une forte inquiétude s'exprime au sein de la communauté juive de France, qui modère cependant ses critiques envers les autorités, à rebours des déclarations américaines et israéliennes fustigeant Emmanuel Macron et son gouvernement.

Alex MARTIN - AFP/Archives

Face à l'antisémitisme, une forte inquiétude s'exprime au sein de la communauté juive de France, qui modère cependant ses critiques envers les autorités, à rebours des déclarations américaines et israéliennes fustigeant Emmanuel Macron et son gouvernement.

Quand un fidèle portant sa kippa s'est fait agresser à proximité de la synagogue de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en août, le président de l'association israélite locale a aussitôt contacté le maire.

"Il a été très réactif", témoigne Jean-Marc Elbeze auprès de l'AFP. "Il a tout de suite organisé des relais avec la police municipale, de façon à ce que les agents puissent protéger le site pour le shabbat (repos hebdomadaire du samedi, NDLR) et le dimanche matin", ajoute le président dans sa synagogue.

Si le responsable regrette que le parquet de Bobigny n'ait pas retenu le mobile antisémite pour cette agression, il se satisfait d'une réunion programmée entre le préfet et les représentants des organisations juives du département, "pour rassembler et rassurer la communauté".

Dans toutes les têtes: la nette progression en France des actes antisémites depuis le 7 octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.

Sur les six premiers mois de l'année 2025, 646 actes antisémites ont été recensés dans le pays, selon le ministère de l'Intérieur. Soit une diminution de 27,5% comparativement au premier semestre de 2024, mais un bond de 112,5% par rapport à la même période de 2023.

Le contexte est particulièrement délicat puisque vit en France la plus grande communauté juive d'Europe, avec environ 450.000 à 500.000 personnes, en même temps qu'une importante population arabo-musulmane, très sensible au sort des Palestiniens de Gaza.

- "Bien protégés" -

Hélène, qui se promène près du lac de Créteil (Val-de-Marne) avec son fils de trois ans coiffé d'une kippa, assure que "c'est tendu depuis le 7-Octobre".

Près de deux ans après ces faits, cette trentenaire, qui a refusé de donner son nom, estime qu'"il faut pas exagérer: on est bien protégés en France. La police patrouille autour de l'école de mon fils". Au quotidien, ajoute-t-elle, "on est soudés dans le voisinage".

S'il met en avant également les bonnes relations entretenues avec les riverains, Jean-Marc Elbeze relève que la synagogue de Livry-Gargan, fraîchement rénovée en 2023, va être dotée "d'ici quelques jours d'un sas de sécurité à l'entrée".

"On met des actions en place qu'on n'aurait pas dû prendre, qu'on ne mettait pas avant", déplore le chef d'entreprise.

"Aujourd'hui, c'est dommage en France de dire aux enfants de la communauté +enlevez vos kippas+ (dans la rue). Ce n'est pas logique, ce n'est pas normal", regrette encore cet homme de 67 ans.

A l'instar du président de l'association de Livry-Gargan, qui voudrait que "la répression soit beaucoup plus forte", Haïm Korsia estime qu"'il y a un problème de sanction, de fermeté, d'éducation" en France.

Mais le grand rabbin de France ne partage pas les propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accusant Emmanuel Macron d'"alimenter le feu antisémite" avec son intention de reconnaître l'Etat palestinien. Ni ceux de l'ambassadeur américain en France, Charles Kushner, sur l'"absence d'action suffisante" contre l'antisémitisme.

"La détermination du gouvernement, du président de la République, celui-ci comme ses prédécesseurs, a toujours été absolue", a souligné mercredi le grand rabbin Korsia sur BFMTV.

Devant l'augmentation des actes antisémites, Michel Serfaty, rabbin de Ris-Orangis (Essonne), considère également que "l'Etat fait ce qu'il peut". Mais "ce n'est pas suffisant".

Appelant Emmanuel Macron "à déclarer la lutte contre l'antisémitisme comme cause nationale", il suggère davantage d'actions de terrain via "des associations locales qui entrent dans les institutions scolaires, dans les maisons de quartier".

A quelques jours de la rentrée des classes, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives) Auvergne-Rhône-Alpes, Richard Zelmati, pointe lui une "Education nationale" qui n'est "pas à la hauteur".

Et il s'alarme des mois à venir. "Le conflit Israël-Hamas a lieu à 4.000 km d'ici, mais a été importé. A cause de cette importation, les Juifs souffrent et je m'attends à des débordements plus marqués avec l'aggravation de la crise économique."

js-mlf-chp-gd-amb/bfa/gvy

Par Amélie BARON / Bobigny (France) (AFP) / © 2025 AFP

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