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Airbnb est en train de tuer l’âme de nos villes

Cette application, qui permet à des loueurs privés de louer leur appartement à des touristes ou des gens de passage, est en train de se répandre comme une traînée de poudre, comme cela avait été le cas auparavant avec Uber.

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On pourrait se dire que ce n’est pas très grave si chacun peut tirer un peu de bénéfice de son patrimoine immobilier. Simplement, Airbnb se développe pour deux raisons. La première, c’est que les mêmes charges ne sont pas imposées aux loueurs privés et aux hôteliers. Une fois de plus, le principal moteur est celui de la concurrence déloyale. La deuxième, c’est que ce système offre aux propriétaires des revenus beaucoup plus élevés qu’avec la location à des citoyens classiques qui vivent et travaillent dans ces villes.

Cette situation n’a pas que des effets sur l’économie du tourisme, mais sur la ville elle-même, sur la manière dont elle fonctionne, et sur la population de cette ville. À Venise, Airbnb a fait des dégâts considérables ! Les propriétaires préfèrent partir et aller vivre ailleurs pour louer leurs appartements assez chèrement aux touristes. Il ne reste donc plus que des touristes, et tout le cadre s’en trouve modifié (services, réseaux, commerces, etc.). Par ailleurs, pour ceux voulant rester, cet exode fait considérablement monter le prix des loyers. La ville n’est plus la ville, et le cœur de ville devient une sorte de parc à touristes ou de Disneyland, sans l’urbanité qui fait l’intérêt et l’âme de la ville.

On dit souvent que nous vivons dans une civilisation urbaine. Dans le monde entier, les campagnes se vident et les villes grandissent. Mais là, on risque d’avoir l’urbanisation sans la civilisation. Ou alors c’est un changement de civilisation. Tout cela n’a rien de virtuel et est tout à fait réel.
Évidemment, comme pour Uber, il y a des réactions et tout cela n’est pas inéluctable. Les effets de la révolution numérique ne doivent pas obligatoirement se produire sous prétexte que c’est la modernité. Si tout le monde payait les mêmes charges et si on réglementait cette activité, il y aura marginalement des locations de ce genre, mais on ne verra pas les uns détruire le droit social et les autres détruire la ville. Dans toutes les villes, il y a des réactions contre l’ubérisation et l’airbnbisation.

Une forte taxation des revenus issus de ces locations est nécessaire. Les mêmes contraintes doivent être appliquées aux loueurs privés et aux hôteliers. Nos centres-villes méritent de toutes façons une politique en soi, sinon dans quel environnement allons-nous vivre ?

Réécoutez en podcast l'édito d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio

 

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