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Olivia Recasens : "Pas de cabinet noir, Fillon a peut-être mal lu le livre"

Par Benjamin Jeanjean

Sud radio recevait ce samedi Olivia Recasens, l'une des trois auteurs de "Bienvenue Place Beauvau, les secrets inavouables du quinquennat", l'ouvrage que François Fillon a cité lors de sa violente charge contre le chef de l'État, le 23 mars sur France 2.

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Olivia Recasens, co-auteure de l'ouvrage "Bienvenue Place Beauvau, les secrets inavouables du quinquennat", sur lequel s'est appuyé François Fillon lorsqu'il a accusé François Hollande d'être à l'initiative d'un "cabinet noir", était l'invitée de Sud Radio ce samedi. Visiblement surprise par la déclaration du candidat de la droite et du centre, cette dernière a évoqué en notre compagnie le contenu de ce livre qui devrait faire grand bruit.

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que François Fillon parlait de votre livre ?

Un très grand étonnement. Mes co-auteurs et moi-même, on ne s’attendait pas à une telle "publicité" faite à l’ouvrage par François Fillon, en tout cas pas de cette manière.

Il a été question d'un "cabinet noir" à l'Élysée, est-ce que c'est bien le propos de votre livre ?

Non, ce n’est pas le propos du livre. On écrit noir sur blanc dans l’ouvrage qu’il n’est pas possible d’apporter la preuve formelle de l’existence d’un cabinet noir, tout comme il n’est pas possible de prouver le contraire. Ce que nous racontons, c’est un fait qui n’est pas récent : l’instrumentalisation d’une partie de la police et de la justice à des fins politiques. C’est cela, le propos du livre, à travers plusieurs histoires que nous racontons. Mais il ne s’agit pas d’un cabinet noir et il ne s’agit pas de François Fillon, qui a peut-être mal lu (ou on lui a mal lu).

Quels sont les secrets inavouables, les informations dont François Hollande a fait usage à des fins politiques, lors du quinquennat ?

Il y a une façon de transformer tout ce qui est police et justice comme un appareil. Le ver est dans le fruit. La police française est la police du roi : elle est créée en fait au départ pour faire remonter l’information au roi. Et elle est ensuite restée comme ça. Tout ce qui concerne les interpellations sur la voie publique de personnalités, les mises en cause de son entourage, l’information est aussitôt remontée au plus haut et peut être utilisée ensuite politiquement. De même, si une affaire judiciaire est enclenchée, on va plus ou moins l’accélérer ou la ralentir. Cela ne prendra pas la forme de consigne écrite individuelle aux magistrats, mais les choses sont plus subtiles : on fait en sorte qu’il y ait une opportunité d’ouvrir une information judiciaire, on donne des consignes oralement. Voilà ce que nous racontent les magistrats.

Sommes-nous dans ce que l'on peut appeler une monarchie présidentielle ?

Je ne sais pas si le terme est exact. Ce qui est sûr et déplorable, c’est qu’on nous promet à chaque fois, à gauche comme à droite, une indépendance absolue de la justice, mais les chefs des officiers de police judiciaire dépendent du ministère de l’Intérieur, et pas de la Justice…

Manuel Valls a-t-il été visé ?

Manuel Valls a été dans le collimateur de l’entourage de François Hollande pour le faire trébucher. Ce qui nourrit les soupçons, c’est une cascade de faits judiciaires qui ont plombé son entourage (patron de la PJ parisienne, conseiller sécurité, etc.). Tout autour de lui, ses réseaux ont été extrêmement affaiblis par toutes ces affaires qui lui sont tombées sur la figure.

À votre avis, pourquoi François Fillon croit à la thèse du cabinet noir ?

Déjà sous Sarkozy, quand il était à Matignon, son entourage et lui-même se méfiaient de leurs téléphones, pensant être mis sur écoute.

Quand Fillon s’appuie sur votre livre pour défendre la thèse du complot, c’est quoi ? C’est sa dernière cartouche ?

Oui, on a le sentiment que c'est sa dernière cartouche, il se victimise, parle de complot. Il avait déjà parlé de journalistes complotistes et de juges faisant preuve de partialité, un vocabulaire un peu à la Donald Trump.

Allez-vous porter plainte contre François Fillon ?

Non absolument pas, nous sommes journalistes, pas militants ni juges, on a fait un travail d'enquête, on a interrogé un grand nombre de personnes. Nous mettons sur la place publique les faits que nous avons découverts.

Est-ce que vous partagez la critique du chef de l'Etat, qui a dénoncé hier un manque de dignité de François Fillon ?

Je ne fais pas de commentaire de cette nature. Ce que je peux vous dire, c'est que François Fillon a fait une exploitation de notre livre qui n'est pas celle que nous avons écrite, quand il parle d'un cabinet noir qui a a œuvré contre lui.

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