Retrouvez l'édito politique de Thierry Guerrier chaque lundi à 7h20 sur sudradio.fr.
Sur les suites de l’affaire Griveaux et sur l’entrée en campagne municipale, dès hier, d’Agnès Buzyn pour tenter de sauver la campagne des LREM à Paris…
« À quelque chose… malheur est bon ! », vous connaissez ce vieux proverbe français, et bien, dans cette affaire incroyable de la démission-catastrophe de Benjamin Griveaux, Emmanuel Macron a choisi d’en faire sa ligne !
Puisqu’un de ses plus proches, Griveaux, est hors-jeu (du fait de son imprudence) et puisque sa campagne parisienne prenait l’eau - s’effondrait même - et bien le Président a décidé d’en profiter et de jouer le tout-pour-le-tout, en abattant sa carte maîtresse, Agnès Buzyn, pour essayer de relancer ses troupes à la conquête de la capitale. Avec cette fois, disons-le, une bien plus grande chance qu’auparavant d’y parvenir !
Le coup de théâtre Griveaux a obligé Emmanuel Macron à se mêler directement des municipales, ce qu’il se refusait à faire jusque là. Il a convoqué hier Agnès Buzyn, réticente, pour lui demander de s’engager dans cette bataille parisienne, dont l’issue sera symbolique pour l’avenir de la macronie. En bon soldat, l’ex-ministre de la Santé a obéi et totalement changé de discours en quelques heures…
Vendredi, elle disait encore qu’elle avait un « agenda de ministre trop chargé »… et qu’elle ne serait pas candidate à Paris ?
Oui, mais face à l’urgence et à la pression du chef, ces arguments n’ont pas tenu. Alors c’est vrai qu’on peut se demander si, à la veille de l’ouverture du débat sur le projet de loi sur les retraites dans l’hémicycle de l’Assemblée. Et en pleine crise du coronavirus (avec risque de pandémie, c’est Buzyn elle-même qui a employé ce mot), on peut se demander si c’est bien sérieux de la part du président de la République de se séparer de l’une des principales figures de son gouvernement. Une femme compétente techniquement, qui connaissait ses dossiers, et qui était devenue enfin une vraie « politique » à force de prendre des coups… Gageons que le député isérois, Olivier Véran, médecin lui-même, neurologue hospitalier, qui suivait de très très près jusque-là ces dossiers - y compris la réforme des retraites -, gageons qu’il assurera la continuité ministérielle avec la même implication qu’Agnès Buzyn.
Très bien, mais revenons à Agnès Buzyn justement, et à son arrivée dans l’arène parisienne : pourquoi est ce un bon choix, selon vous ?
D’abord parce qu’Emmanuel Macron n’en avait pas d’autre de cette stature. Agnès Buzyn (déjà pressentie comme « Plan B » pour sauver la campagne Griveaux, qui était un naufrage) était citée car, parisienne de naissance, elle y a étudié et pratiqué la médecine. Elle y a aussi élevé ses enfants. Alors, bien sûr, ça ne vous donne pas un brevet de compétence sur tous les dossiers municipaux, loin de là, mais ça lui donne une certaine légitimité.
Pour autant, son atterrissage ne va pas être facile. Elle ne connaît rien de sujets techniques de Paris. Elle n’a pas réfléchi au programme. Elle a surtout face à elle des candidats redoutables, des rivales surtout, qui ne lui feront aucun cadeau. Hidalgo, qui doit faire oublier son mauvais bilan, va donc l’attaquer (car la meilleure défense c’est l’attaque). Dati, qui a requinqué la droite parisienne, ne va pas se laisser reprendre facilement cet électorat par la République En Marche. Et Villani, lui, sera plus bienveillant à son égard qu’avec Griveaux, certes, mais il est déterminé à poursuivre sa campagne…
Vous voyez que, même si elle a des atouts pour changer la donne en faveur de la République en Marche à Paris, Agnès Buzyn va devoir surtout mener un combat épique.