Jean-Luc Mélenchon salue la créolisation de la société française.
Qu’est-il arrivé à Mélenchon ? Le tribun insoumis était un anticlérical à l’ancienne, conjuguant avec panache la sociale et la laïque, le rouge (ou le rose) et le tricolore. Aujourd’hui, il défile contre l’islamophobie et se fait le chantre d’un melting-pot à la française.
Lundi soir, il inaugurait l’Institut La Boétie, nouvelle boîte à idées de son parti. « Le peuple français a commencé une sorte de créolisation qui est nouvelle dans notre histoire, il ne faut pas en avoir peur », a-t-il déclaré. Le concept est emprunté à l’écrivain Edouard Glissant qui définit peu ou prou la société multiculturelle.
Que ça nous plaise ou non, la France est-elle multiculturelle ?
Non ! Le multiculturalisme n’est pas la coexistence de plusieurs cultures - qui est le lot de presque toutes les sociétés humaines - mais une façon particulière d’accommoder les différences. Et il existe deux grands systèmes à ce sujet :
- Le multiculturalisme. C’est McDo : “venez comme vous êtes”. Vous avez votre burqa, j’ai ma mini-jupe.
- La République assimilationniste. Celle où, à Rome, on fait comme les Romains. Ce système a accouché de notre laïcité, forgée contre le catholicisme, celle du “écrasons l’infâme”. Cette valeur ne demande pas aux gens d’abandonner leurs croyances mais de les laisser en dehors de l’espace public.
Or, le multiculturalisme est le système en vigueur dans de grandes démocraties. Mais celui-ci connaît de sérieux ratés avec l’installation en Europe d’un islam qui n’est pas toujours celui des Lumières. En 2010, Angela Merkel déclarait l’échec du “multikulti”.
Mélenchon n’est pas islamiste ?
Sans doute mais le chef des Insoumis montre un consternant esprit de soumission à l’égard de l’islam radical. L’obscurantisme, ce serait Zemmour et le séparatisme, celui des riches. Pour lui, la loi contre le séparatisme qui sera présentée vendredi vise en réalité l’islam. Le tribun ne mesure sans doute pas son propos pour dire que la France s’en prend à l’islam, car c’est donner des raisons de nous attaquer à ceux qu’il qualifie gentiment de “dingos”.
Comment expliquez-vous cette évolution ?
Je ne l’explique pas. Lui qui est si attaché à l’égalité des sexes, n’a certainement pas de sympathie personnelle pour l’islam radical. Opportunisme électoral ? Pourtant, il ne va pas attirer la majorité des musulmans qui ne veulent pas être confondus avec les intégristes. Et perdra peut-être bien plus de voix d’un côté que ce qu’il gagnera de l’autre.
Il s’inquiète de la zemmourisation de l’espace intellectuel. Avec de tels discours, la mélenchonisation des esprits n’est pas pour demain.