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Le gouvernement s'attelle à la réforme ultra sensible de la SNCF

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Début ce lundi des premières concertations sur la réforme de la SNCF, quatre jours après la remise du rapport Spinetta, considéré par les cheminots comme une "attaque" contre le service public ferroviaire.

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Négociations sous tension. Le gouvernement a lancé lundi le chantier ultra sensible de l'avenir de la SNCF, en recevant direction de l'entreprise publique et syndicats, quatre jours après la remise du rapport Spinetta vécu par les cheminots comme une "attaque" contre le service public ferroviaire.

Les syndicats préviennent qu'une remise en cause du statut de cheminot à l'embauche serait un casus belli, mais le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a dit lundi matin que sa suppression n'est pas un "tabou".

"L'enjeu des rencontres cette semaine" est "d'abord d'écouter ce que chaque acteur attend de la reforme, et d'entendre leurs réactions au rapport", a déclaré à l'AFP la ministre des Transports Elisabeth Borne. "Nous sommes dans un état d'esprit d'écoute, de dialogue et aussi de clarté sur la nécessité d'agir".

La méthode et le calendrier seront annoncés le 26 février à Matignon.

Le 22 mars, jour de grève dans la fonction publique, cheminots et usagers se rassembleront à l'appel de la CGT-Cheminots (1er syndicat) pour une "manifestation nationale" à Paris visant à défendre "un service public SNCF de qualité". La France insoumise sera à leurs côtés, a indiqué le député Alexis Corbière.

Lundi, Guillaume Pepy, président du groupe et PDG de SNCF Mobilités, Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance, et Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, ont été reçus par Edouard Philippe à Matignon pour évoquer les profondes réformes préconisées. Le trio est sorti sans faire de déclaration.

Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD et CFDT) sont reçus séparément par Mme Borne au ministère des Transports. Première à avoir été entendue dans la matinée, l'Unsa-Ferroviaire (2e syndicat) s'est félicitée d'une ministre "plutôt ouverte à la concertation".

"Elle a un peu pondéré le rapport", a déclaré à l'AFP Roger Dillenseger (Unsa). "On a eu une meilleure écoute auprès du ministère qu'auprès de M. Spinetta", à qui des contributions avait été transmises sans être "retenues", a-t-il dit.

Une intersyndicale est prévue jeudi soir pour discuter du rapport Spinetta et "des actions à mener", a-t-il par ailleurs fait savoir.

Édouard Philippe rencontrera les représentants des usagers et des régions le reste de la semaine.

Parmi les pistes évoquées dans le rapport commandé à l'ex-président d'Air France: une transformation en "sociétés nationales à capitaux publics" des deux principales composantes de l'entreprise, SNCF Mobilités et SNCF Réseau, aujourd'hui établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), et la fin du statut de cheminot à l'embauche. Une ouverture à la concurrence est prévue fin 2020 pour les TGV et fin 2023 pour les TER.

Les syndicats dénoncent à l'unisson un "sabordage" et "une stratégie anti-ferroviaire", selon les mots de la CGT-Cheminots, avec "des mesures de rentabilité visant exclusivement à la rationalisation du transport ferroviaire" selon l'Unsa-Ferroviaire.

"Fracture territoriale"

Dans le cadre de leur transfert éventuel vers de nouveaux opérateurs que la SNCF, les cheminots doivent pouvoir emporter des éléments de leur statut avec eux, dans un "sac à dos social", a estimé Mme Borne dimanche.

Pour les syndicats, les mesures préconisées ne régleront pas le problème numéro un, celui de la dette de SNCF Réseau qui devrait dépasser les 50 milliards d'euros en 2018.

Elle "doit être intégralement reprise par l'État" car "elle provient des choix d'investissements publics et n'a pas à être supportée" par les cheminots, souligne la CFDT-Cheminots (4e syndicat).

La question d'un risque de "rupture d'égalité des citoyens" et d'un accroissement de la "fracture territoriale" est aussi sur la table, avec la fermeture conseillée de milliers de kilomètres de lignes secondaires et le désengagement de l'Etat au profit des régions.

Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s'est inquiété qu'avec les fermetures de lignes, les usagers soient "les grands oubliés" du rapport. Matignon a assuré que la "discussion étroite avec les régions et les territoires" se ferait "dans le respect" des CPER.

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