Le deuxième tour des Municipales se tiendra le 28 juin 2020 et les dernières alliances sont en train de se former. Pour autant, Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) n’en a pas beaucoup, car les partis Les Républicains et La République En Marche s’allient, notamment à Lyon et à Bordeaux. "Il y a un front anti-écolo qui se crée", estime Julien Bayou, secrétaire national EELV et conseiller régional Île-de-France, alors qu’avant la crise "tous les discours étaient verts". Mais après les bons scores des candidats EELV, Julien Bayou estime que pour les autres partis "il est urgent de faire barrage, un peu comme les chars de l’Armée Rouge en 1981".
À Bordeaux, où le candidat EELV a obtenu 33% des votes au premier tour, "des droites qui n’ont absolument rien en commun, LR et LREM, qui ne sont pas écolos font le front anti-écolo."
"Vous avez ceux qui veulent bloquer l’écologie ou la transition, et ceux qui veulent la faire"
"La période de confinement a peut-être été propice à envisager une autre vie", estime l’élu. "Maintenant que ça redémarre, on est évidemment soulagés." Mais "il ne faut pas que ça démarre comme avant". "Quand on a goûté au silence et au calme, quand il y avait moins de voitures, moins de pollution, on se dit ‘est-ce que c’est vraiment ça qu’on veut, que ça reparte exactement comme avant ?’"
"On a envie de cette transition écolo dans la justice sociale", juge le secrétaire national d’EELV, ce que proposent les candidats écologiques. "C’est vrai qu’il y a une polarisation du choix, concède-t-il : "vous avez ceux qui veulent bloquer l’écologie ou la transition, et ceux qui veulent la faire".
"La crise sanitaire procède d’une crise écologique"
Julien Bayou prend l’exemple de la rivière du Doubs "qui a souffert d’épisodes de sécheresse" : "il y a un enjeu d’engager la transition sur ce territoire". Pour lui, c’est également un "moyen de développer l’économie locale" et "d’être plus résistants face aux crises qui arrivent".
"La crise sanitaire procède d’une crise écologique", explique Julien Bayou : "les zoonoses sont favorisées par la destruction des habitats sauvages". Cela entraîne des crises sanitaires qui engendrent des crises sociales. "Et ce sont les plus vulnérables qui souffrent à chaque fois."
"On en a marre de ces villes trop denses"
Pour la Mairie de Paris, une alliance entre la maire sortante Anne Hidalgo et le candidat EELV David Belliard est "en bonne voie". "Je ne sais pas si c’est formellement acté", confie le conseiller régional d’Île-de-France, mais "sur le fond, il y a des points qui ont pu être débloqués grâce au vote du premier tour". "C’est ça le respect des élections", estime Julien Bayou : "vous avez un vote du premier tour qui a donné 11% pour les écolos", des voix qu’il faut faire "fructifier pour obtenir des avancées dans les institutions".
En échange de cette alliance, EELV aurait obtenu que certains projets d’urbanisme soient révisés ou revus. "On en a marre de ces villes trop denses, et Paris est particulièrement dense et polluée." Pour Julien Bayou, il faut changer "l’idée à l’ancienne de toujours plus densifier". "Pour rendre la ville vivable et agréable, il faut revoir tous ces projets." Pour autant, Julien Bayou ne donne pas la teneur de ces changements négociés par EELV, laissant à David Belliard la primauté.
"Je n’ai toujours pas compris" le projet de Cédric Villani
Sur l’alliance avec Cédric Villani, qu’EELV aurait pu faire, Julien Bayou fait part de sa perplexité : "je n’ai toujours pas compris son projet". "Il a eu des votes à l’Assemblée qui étaient anti-écolo… Je n’ai jamais bien compris sa candidature".
"Il n’y a pas de participation des écologistes à ce gouvernement qui sur le terrain est antiécologique"
Yannick Jadot, eurodéputé EELV, a déclaré fin mai 2020 être prêt à rejoindre un gouvernement d’union nationale si Emmanuel Macron lançait cette proposition. Pour Julien Bayou, Yannick Jadot a été mal compris : "je vais parler clair : qui peut avoir encore confiance en Emmanuel Macron ?"
"La vérité c’est que le mandat [d’Emmanuel Macron] approche de la fin", explique le secrétaire national d’EELV. "On nous parle maintenant d’un acte 3, je n’ai pas vu l’acte 2." Dans cet acte 2, "il était question d’écologie et de justice sociale, ce n’est pas du tout ça qu’on a vu". Pour Julien Bayou, le gouvernement a reculé à la fois sur l’écologie et sur la justice sociale.
"Il n’y a pas de participation des écologistes à ce gouvernement qui sur le terrain est antiécologique." "LR et LREM organisent une coalition anti-climat pour bloquer les écologistes à Lyon et Bordeaux." Pour autant, le Président annonce la possibilité d’un référendum et des mesures. Pas de quoi convaincre le secrétaire national d’EELV qui reste formel : "les écologistes n’ont rien à faire dans ce gouvernement, nous voulons le remplacer."
"Emmanuel Macron abîme le pays"
"Emmanuel Macron abîme le pays", tranche Julien Bayou. "Aujourd’hui encore il est en train de rater une opportunité historique que nous attendons toutes et tous, celle de sortir de la crise avec plus de justice sociale et en engageant la transition écolo."
Lors de la pandémie, souligne le secrétaire national d’EELV, ce sont "les caissières, les caissiers, la logistique, bien sûr les policiers et les policières…" qui on fait "tenir le pays". "Quand est-ce qu’on augmente leur salaire ? Une véritable reconnaissance." Julien Bayou rappelle qu’Emmanuel Macron avait tenu un discours à ce sujet où il a dit "plus rien ne sera jamais comme avant", mais en réalité "rien n’a changé".
"On est pour un revenu minimum garanti"
Certaines entreprises, comme Ryanair, réfléchissent à baisser le salaire de leurs employés en échange du maintien de l’emploi. Une solution vivement critiquée par Julien Bayou. "Ces gens-là sont soit dans le cynisme absolu soit n’ont pas compris : l’enjeu c’est d’augmenter le salaire."
La crise sociale va être liée à la perte de revenu, à l’impossibilité de payer les loyers qui entraîneront "de nouvelles expulsions". "Il faut pouvoir secourir ces personnes qui ne peuvent pas payer leur loyer", estime Julien Bayou qui souligne que le gouvernement "le fait pour les personnes morales, les entreprises". "On est pour un revenu minimum garanti, qu’on puisse offrir le bénéfice du RSA aux 18-25 ans et même accorder 300-500 euros par foyer pour pouvoir surmonter la crise."
"On a trop de violences policières en France"
La situation très tendue aux États-Unis, où depuis plusieurs jours des manifestations et émeutes ont explosé à la suite du décès lors d’une interpellation musclée d’un Afro-Américain, George Floyd, inquiète Julien Bayou. "Je crains un embrasement et cette situation aux États-Unis est le fruit de l’action Donald Trump et de siècles de ségrégation raciale." Pour autant, "il ne faut pas comparer l’usage des armes" ni les violences policières en France avec celles aux États-Unis.
Malgré cela, Julien Bayou estime qu’on "a trop de violences policières en France" et "on a également cette ségrégation sociale, ces inégalités et ces injustices territoriales". "Quand c’est l’IGPN qui enquête, on a rarement les rapports." C’est ce qui explique qu’il comprenne "l’angoisse et la colère et les familles" comme celles d’Adama Traoré ou de Steeve, "qui n’ont pas la vérité".
"Il faut fermer les lignes aériennes intérieures"
La transition écologique passe également par un changement au niveau du trafic aérien, de plus en plus pointé du doigt à cause de ses importantes émissions carbone. Julien Bayou est clair : "il faut réduire le trafic aérien", mais pas "au détriment de l’emploi". Une position qu’il partage avec Philippe Martinez tout en admettant qu’il pensât "qu’on ne serait pas d’accord sur le secteur aérien". Le secteur aérien pollue, "aggrave le dérèglement climatique" et est très bruyant.
Il propose notamment de fermer les lignes intérieures, ciblant tout particulièrement la compagnie Hop! filiale d’Air France, qui "ont été créées pour faire du dumping social" et "font de la concurrence au train". "Nous devons soutenir les trains du quotidien, donc ces lignes intérieures il faut les fermer."
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