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Julien Aubert : "Agnès Buzyn a été à la hauteur en tant que médecin, pas en tant que ministre"

Julien Aubert était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 1er juillet 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Julien Aubert interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 1er juillet 2020 à 7h40.

La Commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise du Covid-19 a auditionné, mardi 30 juin 2020, Agnès Buzyn, ministre de la Santé au début de la crise. Julien Aubert, député Les Républicains du Vaucluse et président d’Oser la France, qui fait partie de la Commission, estime qu’elle a été sincère : "je l’ai trouvée sincère dans sa volonté de défendre son honneur".

"Il faut toujours essayer de se mettre à la place des gens", estime-t-il soulignant son courage d’être venue après être sortie d’une campagne électorale et sa volonté d’exhaustivité. "Ce sont des points qu’il faut porter à son crédit."

Toutefois, "il y a des choses qui ne m’ont pas convaincu", explique le député. "Je ne cherche pas un lanceur d’alerte, ni un voyant, ni un médium." "Ça me fait peur d’entendre un ministre qui dit : écoutez, moi je n’avais aucune information qui me remontait, personne ne m’avait prévenue que les masques étaient pourris, personne ne m’avait prévenue qu’il n’y avait pas de masques, mais parce que j’ai Twitter, parce que j’ai Google, je savais qu’il y avait une crise en Chine." C’est un premier problème, pour le député.

 

Il y a "une espèce de volonté de dépersonnalisation du sujet"

Mais ce n’est pas tout, juge le député du Vaucluse : "elle a quand même fait des impasses" comme sur les conflits d’intérêts sur Gilead, question à laquelle Agnès Buzyn a répondu qu’elle ne la comprenait pas.

"Je rappelle que Gilead est un laboratoire, que Discovery et le Comité scientifique, en réalité, c’est une bande de gens qui se connaissent", précise le député. Ce groupe a créé Reacting qui "a permis ensuite de bâtir le test Discovery et qui a servi de base au Comité scientifique" et "à l’origine de ce groupe" il y a le mari d’Agnès Buzyn. Or, pour Julien Aubert, Agnès Buzyn "n’a pas répondu sur le fond" de la question lorsqu’elle a dit qu’il "n’y a pas d’individus, il n’y a que des organismes qui sont représentés". Pour lui, il y a là "une espèce de volonté de dépersonnalisation du sujet" alors qu’il pense que la question de "qui a constitué le Comité scientifique" est un réel sujet.

Notamment, il y a la question de savoir si effectivement le professeur Raoult, a été "écarté à tous les niveaux" comme il le dit. "Moi, ce que j’essaye de savoir, c’est si dans la réponse que nous avons apportée à cette crise du coronavirus, les inimitiés ou les conflits d’intérêts ont en réalité perturbé la manière dont on a bâti le canal de défense."

 

"Celui qui est responsable devant le parlement, c’est le ministre"

Sur la question de la gestion des masques, l’ancienne ministre de la Santé a déclaré que ce n’est pas du ressort du ministre. "Je peux comprendre que le ministre ne gère pas lui-même les stocks de masques, mais je ne peux pas comprendre que tout le monde se rejette la balle." C’est le cas de Santé Publique France, du Directeur général de la Santé et la ministre elle-même. "Ça n’est pas acceptable."

Il rappelle que "celui qui est responsable devant le parlement, c’est le ministre" et non "le directeur de telle ou telle agence". "On ne peut pas dire j’arrive ministre et je ne suis pas au courant de la gestion des stocks" car il y a des "écrits" à ce sujet. La situation était même pire, de l’aveu d’Agnès Buzyn : "tout était périmé". La gestion des stocks devient alors un sujet majeur : "qui gérait les stocks de masques ? Qui était au pouvoir auparavant ?" "Ce sont les mêmes personnes", explique le député du Vaucluse pointant du doigt que M. Salomon était "conseiller de Mme Touraine", également ancienne ministre de la Santé. "En réalité, on va dire la droite, a quitté le pouvoir en 2011 en laissant la maison à peu près en état, et en 2020 on vous dit ‘il n’y a plus rien’".

 

"Qu’on ne me dise pas qu’on a tout mis en œuvre"

Selon Agnès Buzyn "l’anticipation en France a été sans commune mesure avec les autres pays européens, toujours en avance". Julien Aubert ironise "heureusement qu’on a été aussi réactifs. Déjà que nous avons quatre fois plus de morts que l’Allemagne, je me demande ce que ça aurait été si nous avions été moins bons que l’Allemagne".

"Il y a des questions de mise en œuvre des anticipations", juge le député. Alors qu’Agnès Buzyn a déclaré qu’elle avait vu venir le problème, il considère que "son rôle de ministre, ça n’est pas d’être un lanceur d’alerte", mais "de prendre les mesures qui font que lorsqu’elle donne un ordre, il soit appliqué". "Elle ne nous a pas expliqué pourquoi ça n’a pas été mis en oeuvre."

Elle dit également "j’ai vu arriver un tsunami, mais je suis quand même partie, tout en sachant d’ailleurs que les élections n’auraient pas lieu", souligne Julien Aubert au sujet de la candidature d’Agnès Buzyn à la mairie de Paris et au report du deuxième tour des municipales. "J’ai du mal à comprendre."

"Elle nous a dit nous avons tout fait pour essayer d’empêcher la contamination par la Chine" alors que le député se rappelle d’un ministre qui expliquait "qu’il ne fallait certainement pas faire des contrôles aux frontières". "Qu’on ne me dise pas qu’on a tout mis en œuvre."

 

"Il y a une forme d’irresponsabilité d’un système assez complexe"

Les auditions, qui se déroulent depuis plusieurs jours semblent commencer à permettre d’éclaircir les tenants et aboutissants de la gestion de la crise. "On commence à comprendre qu’il y a une forme d’irresponsabilité d’un système assez complexe, avec beaucoup trop d’agences, une dilution du politique, parce qu’en fait on a démembré l’État et que tout le monde se renvoie la balle."

Le député du Vaucluse déclare qu’il ne "cherche pas à déculpabiliser", car "il n’est pas juge" et il ne veut pas juger, surtout, "de l’extérieur", car "on a forcément une connaissance diluée" de la réalité. Néanmoins, "je trouve que les affirmations qui sont faites sont assez péremptoires compte tenu du nombre de morts, je me ferais plutôt tout petit."

Quant à savoir si Agnès Buzyn a été à la hauteur face à la crise, Julien Aubert fait la part des choses : "en tant que médecin elle a été à la hauteur, en tant que ministre elle n’a pas été à la hauteur."

 

"L’écologisme, c’est une pastèque"

Lors du deuxième tour des municipales, une vague verte a frappé avec de nombreux candidats EELV qui ont remporté mairies et sièges aux Conseils municipaux ; une tendance à l’écologie qui se confirme en outre avec la Convention Citoyenne pour le Climat. Or, l’écologie ne semble a priori pas une thématique de droite. Julien Aubert, député Les Républicains, n’est toutefois pas de cet avis : l’écologie "c’est quelque chose que je travaille depuis 8 ans, dans le désert". Il a publié, à ce sujet, le "livret vert sur l’écologie humaniste", disponible sur le site de son parti Oser la France, "qui est une doctrine".

"Le problème de la droite est qu’elle a pensé la première écologie dans les années 70 et ensuite on a convaincu les Français que seule Europe Ecologie Les Verts avait des solutions en matière de protection de l’environnement."

"L’écologie n’est ni de droite ni de gauche", explique Julien Aubert qui fait toutefois une distinction entre l’écologie et l’écologisme. "L’écologisme tel qu’on le voit, ça n’est pas seulement les petits oiseaux et la protection :  c’est une pastèque, c’est vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur." Ce programme, pour lui, "va bien au-delà de la protection de l’environnement" et qui est fait "pour couillonner les naïfs".

"C’est le retour des anticapitalistes, des néomarxistes, d’une vision de la société qui est fondamentalement archaïque", car "elle fait abstraction de tout flux humain, de tout développement".

 

"Je protège la planète parce qu’à travers ça je protège l’homme de demain"

Mais pour lui la droite a sa part de responsabilité et doit "se reprendre", car elle a commencé à considérer "que le système économique était très bien, qu’il n’y avait aucun perdant et qu’on pouvait continuer à piller la planète et les ressources".

"Entre les deux, je maintiens qu’il y a la possibilité de concilier l’économie et l’écologie." Pour le député du Vaucluse, il faut se demander "pourquoi on protège l’environnement". Il explique qu’il ne protège pas la planète "pour la planète" : "je vais vous dire, si on se trompe qu’on disparaît, la planète sera toujours là". "Je protège la planète parce qu’à travers ça je protège l’homme de demain."

 

"On met l’intégralité de ce que nous avons sur quelque chose qui n’a aucun impact sur le réchauffement climatique"

Des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, Julien Aubert retient notamment qu’il est aussi "pour l’arrêt de la bétonisation et de l’artificialisation des sols". "Oui, par exemple, à l’interdiction de toute nouvelle surface commerciale en France. Je maintiens que le vrai sujet c’est le réchauffement climatique" et donc "la baisse des émissions de CO2" ce qui implique, pour lui, qu’on doit "arrêter de consacrer 80% des crédits annuels à des choses qui ne permettent pas de baisser le CO2".

Il critique vivement la "politique écologique du gouvernement" qui consiste à fermer les centrales nucléaires au profit d’éoliennes "qui coûtent une centaine de milliards d’euros sur 25 ans". "On a un problème qui est le fossile, que sont les carburants, qu’est la rénovation énergétique, et on met l’intégralité de ce que nous avons sur quelque chose qui n’a aucun impact sur le réchauffement climatique." Il propose notamment un plan de rénovation énergétique des bâtiments qui serait quasiment gratuit pour les ménages en prenant ces crédits de l’éolien et des panneaux photovoltaïques qui "ne servent à rien en matière de réchauffement climatique".

 

"Le macronisme est un vide abyssal idéologique"

Le remaniement est quasiment certain, mais, sur ce point, le député du Vaucluse est clair : si on lui proposait un poste, ce serait "non". Il explique sa position simplement : "je ne suis pas d’accord avec la vision" du président de la République. "Je sais pourquoi je suis dans l’opposition : parce que je ne suis pas macroniste, parce que le macronisme c’est en réalité un vide abyssal idéologique et très caméléon." Lui, au contraire, "pense la même chose depuis 25 ans".

"On peut être d’accord avec moi ou contre moi, mais au moins on ne peut pas me reprocher de ne pas savoir ce que je défends."

 

"Il faut arrêter de changer les dates des élections suivant sa convenance"

Les élections régionales, prévues en mars 2021, pourraient être repoussées par Emmanuel Macron. Julien Aubert, qui est également conseiller régional, juge que c’est une mauvaise idée. "Je pense que les élections doivent avoir lieu au bon moment." "Il faut arrêter de changer les dates des élections suivant sa convenance", estime le député qui fait un parallèle avec une monarchie où "le roi faisait ce qu’il voulait". "Il y a des élections qui sont prévues en mars, je ne vois pas pourquoi on irait les décaler."

 

 

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