Jean-Baptiste Lemoyne : "Le but c’est d’éviter un reconfinement général"
Plusieurs départements ont renforcé le 14 septembre 2020 les interdictions à la suite de l’augmentation du nombre de cas de Covid-19. Une décision qui fait craindre pour le tourisme, certains événements étant désormais limités à 1.000 personnes contre 5.000 auparavant. "Le but c’est d’éviter un reconfinement général", explique Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie. Pour ce faire il faut "prendre un certain nombre de mesures" : "ce sont des efforts qu’on demande, mais je crois que pour la sécurité sanitaire de tous, il y a besoin que nous fassions toujours attention". Il rappelle que certains pays, comme Israël, ont annoncé "un reconfinement général" : "il faut tout faire pour éviter cela".
Les jeunes, en pleine rentrée, et notamment les étudiants, aimeraient pouvoir faire la fête ou tout du moins se retrouver. "Je suis désolé : l’appel à responsabilité concerne tout le monde, concerne les jeunes", précise le secrétaire d’État. "Aujourd’hui, on doit apprendre à vivre avec le virus, on doit s'adapter."
Alors que le confinement généralisé de la population au printemps 2020 avait été annoncé par Emmanuel Macron, le gouvernement semble privilégier, en cette fin d’année, une politique plus locale décidée par les maires et les préfets. "Le Premier ministre porte profondément en lui cette approche girondine des choses, et il faut à chaque fois des réponses qui soient sur mesure, adaptées aux territoires."
Cet été, "on a sauvé les meubles, on a sauvé la saison"
L’arrière-saison, le mois de septembre, est également un mois stratégique pour le tourisme car c’est la période privilégiée pour les congés des Français qui ne sont pas tenus de partir durant les vacances scolaires. Mais la Covid-19 change, là aussi, la donne. "La situation est contrastée", concède Jean-Baptiste Lemoyne. Les territoires qui font la une des journaux, comme Marseille ou la Gironde, subissent "un contre-coup" avec des annulations. Mais "d’autres territoires dans lesquels la situation est perçue comme sécuritaire, à ce moment-là, rencontrent toujours un succès". Malgré tout, selon le secrétaire d’État au Tourisme, l’été a connu "un bilan positif" : "on a sauvé les meubles, on a sauvé la saison" avec "de très belles performances sur le littoral", par exemple.
Il souligne que le taux d’ouverture des hôtels a été de "80%" et même "100%" sur le littoral ; mais ce taux cache des différences, comme à Paris où "dans l’hôtellerie haut-de-gamme il y en avaient seulement 29% qui étaient ouverts". "Globalement, les Français ont entendu cet appel à un été bleu blanc rouge puisqu’ils ont été 94% à partir en France : c’est quasiment 25 points de plus qu’en temps normal."
"Les recettes internationales ont été divisées par deux"
Inversement, concernant les touristes étrangers, "les recettes internationales ont été divisées par deux", déclare Jean-Baptiste Lemoyne : "d’habitude on fait 25 milliards d’euros, là on en a fait 12,5. Les clientèles lointaines, les Chinois, les Américains, les Russes ne pouvaient pas venir" précise-t-il. Une baisse qui a touché essentiellement les métropoles. Le Louvre ou encore Versailles ont accueilli "seulement 20% du public qu’ils accueillent d’habitude".
Jean-Baptiste Lemoyne tient toutefois à souligner que la France s’en sort bien : "quand on se regarde on se fait peur, mais quand on compare on se rassure ! Nos voisins italiens ou espagnols, eux, ont plongé de l’ordre de 75% à 80% en termes de tourisme international".
"Aujourd’hui, le moteur du tourisme est un moteur français et européen de proximité"
Malgré tout, la pandémie est loin d’être terminée. Le secrétaire d’État au Tourisme précise donc qu’aujourd’hui, chez "les clientèles européennes, il y a une circulation qui est plus facile que chez les clientèles extra-européennes", notamment en raison de certaines frontières qui sont encore fermées "avec beaucoup de pays en dehors de l’espace Schengen". "Aujourd’hui, le moteur du tourisme, c’est un moteur français et européen de proximité."
Les voyages annulés à la suite de la crise de la Covid-19 ont fait l’objet d’un avoir valable 18 mois. Une décision qui devrait permettre de voir ces touristes se déplacer dans un avenir proche. Mais, rappelle Jean-Baptiste Lemoyne, "en cas de pépin, au bout de 18 mois, ils peuvent demander à être remboursés. Les agences de voyages se sont mises en 4 pour satisfaire le client au mieux. Les entreprises du voyage, qui vendent des séjours à l'étranger, sont parmi les acteurs du tourisme celles qui ont des situations les plus compliquées souligne-t-il. Elles se retrouvent avec un chiffre d'affaires de 5 ou 10%, on continuera à être à leurs côtés dans la durée".
Les grands établissements, comme le château de Versailles ou le musée du Louvre, qui reçoivent une clientèle internationale qui n'est plus là aujourd'hui, sont-ils en danger ? "Ces grands lieux subissent de plein fouet cette crise reconnaît Jean-Baptiste Lemoyne. Il sont néanmoins adossés à un certain nombre d'acteurs publics, mais c'est vrai que les recettes liées au tourisme international ont quasiment disparu. Beaucoup d'entreprises ont également revu les politiques de mécénat ou d'événementiel. Roselyne Bachelot est très mobilisée pour accompagner ces acteurs du patrimoine et de la culture".
"Vivre avec le virus, ça veut dire s'adapter, ça ne veut pas dire mettre fin à toute activité"
Les Journées du Patrimoine, rendez-vous culturel annuel, se tiennent le week-end du 19 au 20 septembre 2020. Alors que la pandémie de Covid-19 reprend de l'ampleur en France, certains se demandent si les maintenir a du sens, d'autant plus que dans les départements les plus touchés elles ont été annulées. Pour Jean-Baptiste Lemoyne, les annuler n'aurait pas de sens : "vous savez, il faut qu'on apprenne à vivre avec le virus. Ça veut dire s'adapter, ça ne veut pas dire mettre fin à toute activité".
Les Journées du Patrimoine "font partie de la vie sociale" et cette vie sociale doit pouvoir "être adaptée". Il rappelle également que l'organisation de ces journées est réalisée par "des professionnels de la gestion des flux" et qu'il "faut savoir leur faire confiance". "Triompher du virus, c'est triompher d'une atmosphère un peu mortifère qui circule."
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