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François-Xavier Bellamy : "Comment pouvons-nous nous laisser guider par les sondages ?"

François-Xavier Bellamy, député européen LR, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 29 juin 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

François-Xavier Bellamy, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 29 juin 2021 à 7h40.

Emmanuel Macron aurait l’intention d’accélérer le report de l’âge de départ à la retraite pour le porter à 64 ans, une idée qui divise. "On ne comprend plus grand chose à ce qu’Emmanuel Macron veut faire sur la question des retraites", remarque François-Xavier Bellamy. Toutefois, il estime que "nous avons besoin d’une réforme de notre système des retraites" qui doit "permettre à l’État d’équilibrer le régime de retraites".
La réforme proposée par le gouvernement, pour le député européen, était "à la fois compliquée, extrêmement sophistiquée et inutile" car, de l’aveu même du chef de l’État, aucune économie n’était à la clé. Aujourd’hui, souligne François-Xavier Bellamy, il faut que l’État puisse garantir de pouvoir "payer les retraites de nos aînés" et qu’il n’y a pas de baisse des pensions.


Cette garantie sur les retraites passe "par une réforme du système des retraites", juge le député européen LR sans se prononcer sur la forme que prendrait cette retraite. "C’est un thème que j’ai souvent porté, que nous portons ensemble : nous avons besoin de réindustrialiser la France, nous avons besoin de nous redonner les moyens de produire ce que nous consommons", explique François-Xavier Bellamy. "Aujourd’hui, la France est un pays qui est trop fragile, précisément parce qu’elle est trop dépendante", explique-t-il.

 

Le défi qui attend la France est "plus global que la question des retraites"

La question se pose donc sur la priorité : la réforme des retraites ou le fait de proposer du travail. "Les deux vont de pair", explique François-Xavier Bellamy, car "le travail n’est pas un jeu à somme nulle qu’on devrait se répartir entre nous". Il faut que la France se donne "les moyens d’un dynamisme économique" afin de "créer du travail" et de l’activité. Ainsi, "ceux qui sont parmi nous dans leur dernière partie de carrière ne se retrouveront plus sur le bord de la route" ; une situation liée aux choix des entreprises qui "préfèrent arbitrer et recruter les plus jeunes". Le défi qui attend la France est donc "plus global que la question des retraites", souligne le député européen Les Républicains : "c’est le défi pour retrouver le chemin d’un dynamisme économique et d’une prospérité partagée".

 

Il faut que "la totalité du paysage politique français tire les conséquences de ce scrutin"

Malgré l’échec aux Régionales et aux Départementales pour son parti, LREM, Emmanuel Macron n’a pas annoncé de remaniement. "Le chef de l’État doit évidemment en tirer les leçons", de cet échec, selon François-Xavier Bellamy. "Un parti présidentiel qui fait moins de 10% des voix au deuxième tour d’une élection régionale", précise le député européen, "est évidemment un événement majeur".
L’abstention n’est par ailleurs pas une excuse, "ça aggrave encore le constat" car "il y a encore moins de Français, rapporté à la totalité du corps électoral, qui ont été témoigner à l’occasion de cette élection leur soutien". Outre le président de la République, François-Xavier Bellamy juge qu’il faudrait que "la totalité du paysage politique français tire les conséquences de ce scrutin". Mais sur le remaniement en soi, "de mon point de vue, je crois que ce n’est pas le plus important" car cela relève de la décision d’Emmanuel Macron.

Si ça pourrait être une occasion de recruter des personnalités politiques de droite, François-Xavier Bellamy n’y croit pas :"ça va être encore plus compliqué de convaincre les gens que vous êtes une solution d’avenir", souligne-t-il en parlant d’Emmanuel Macron car sa famille politique "n’arrive pas à attirer". "Le macronisme s’est construit sur des calculs opportunistes de la part de beaucoup de ceux qui l’ont rejoint." Ainsi, "les gens qui sont restés à droite aujourd’hui sont des gens qui n’ont pas cru au macronisme en 2017, qui n’y croient toujours pas maintenant et qui n’ont pas de raisons de changer d’avis dans la dernière partie du quinquennat", analyse François-Xavier Bellamy.


Il demande toutefois à ce que "tous ensemble, nous tirions les leçons de ce qu’il s’est passé". Notamment, l’abstention reste "un défi majeur qui est devant nous", explique le député européen LR, car, aux Régionales et Départementales, "près de 90% des jeunes n’ont pas été voter, ce qui est un défi immense pour notre démocratie". Pour lui, c’est "le signe d’une désaffection, d’une désaffiliation très importante". D’autant plus que ce taux d’abstention est "bien supérieur" lors de ces élections 2021 que lors des précédentes.

 

Le duel Macron-Le Pen, "c’est celui dont les Français ne veulent pas"

Mais, surtout, "le duel qu’on voulait nous imposer, le duel qu’on nous présentait comme inévitable entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, c’est celui dont les Français ne veulent pas", estime François-Xavier Bellamy. "Ils l’ont montré dans les urnes."
De fait, "si les gens avaient voulu voter pour le RN, ils auraient été voter", ce qui aurait été le cas également "s’ils avaient voulu voter pour les candidats LREM". "Ils ne l’ont pas fait !"
Ainsi, pour le député européen LR, "notre famille politique a la responsabilité de préparer une alternative pour la France, parce qu’aujourd’hui, c’est elle qui a recueilli la plus forte mobilisation".
"C’est le signe que les Français veulent autre chose que cette espèce de scénario de répétition du deuxième tour de 2017 qu’on cherchait à leur imposer de toutes forces."

 

"On ne s’interroge jamais sur la réalité des sondages et sur leur impact sur la vie démocratique"

En prévision de la Présidentielle 2022, la droite doit toutefois décider de son candidat. Trois noms : Pécresse, Bertrand et Wauquiez, semblent sortir du lot, notamment après leur victoire respective aux Régionales. Ce choix, toutefois, divise, certains voulant une primaire, d’autres préférant les sondages. François-Xavier Bellamy, de son côté, souligne qu’il a un rapport conflictuel sur les sondages car il trouve "étrange qu’on ne s’interroge jamais sur la réalité des sondages et sur leur impact sur la vie démocratique".
Il prend en exemple la situation du dimanche 27 juin 2021 où des sondages publiés avant même la fin du vote, et alors que les résultats du RN et de LREM étaient annoncés comme très bas, "on avait les instituts de sondage qui nous présentaient de nouveau leur scénario d’un duel entre Macron et Le Pen, tous les deux à 25% pour l’élection présidentielle". "Il y a quelque chose qui ne colle pas", souligne le député européen : "si on avait écouté les instituts de sondage, le RN gagnait trois régions", alors que, finalement, il n’en a remporté aucune.

Pour lui, il faudrait regarder les sondages "avec beaucoup plus d’humilité", bien qu’il concède qu’ils soient "par définition imparfaits". "Comment pouvons-nous nous laisser guider par les sondages pour définir ce que doit être le débat de l’élection présidentielle ?"
Les sondages sont donc "imparfaits", ce qui enlève, pour François-Xavier Bellamy, une partie de la crédibilité de leurs résultats. "On doit pouvoir regarder cette élection qui approche à partir de la question du fond, de la question des idées, de la question de la ligne, de la question du cap."

 

"Il me semble que c'est important de donner la parole à tous ceux qui veulent que notre famille politique les représente"

Pour choisir leur candidat pour 2022, Christian Jacob, à la tête des LR, a lancé une méthode hybride entre étude d'opinion et analyse de la qualité des propositions des potentiels candidats. "Ce que Christian Jacob a dit, c'est que cette étude, elle doit être l'occasion d'éclairer les choix qui vont être faits", explique François-Xavier Bellamy, et non de "décider". "On ne va pas demander à des instituts de sondage de choisir le candidat de notre famille politique." Néanmoins, "une connaissance de l'opinion" que les électeurs ont du candidat pourra aider à sa sélection.
"Le plus important, c'est qu'il y ait un arbitrage, un choix politique qui soit fait", explique le député européen. Un choix qui passera forcément par "un débat de fond sur non seulement la personne qui nous représentera, mais, ce qui est plus important encore, sur la ligne que nous allons choisir pour cette élection présidentielle".

Le député européen ne dit pas s'il y aura une primaire ou non à droite, mais souligne qu'il faut "un moyen de départager, entre les différents représentants possibles de notre famille politique, à partir de la ligne qu'ils présenteront". Il faudra donc, pour François-Xavier Bellamy, "un débat interne" ce qui conduira à un choix qui ne peut pas se faire, selon lui, "derrière les portes fermées d'un bureau politique". "Il me semble que c'est important de donner la parole à tous ceux qui veulent que notre famille politique les représente." Mais quelle que soit la forme que ce processus prendra, "ça ne ressemblera sans doute pas à la Primaire de 2017", explique François-Xavier Bellamy qui demande néanmoins "quelque chose de cette nature".
Les candidats potentiels sont nombreux, à droite. "Ce que je crois aujourd'hui, ce que je vois, c'est que notre famille politique, encore une fois, elle a sur ses épaules, et ça nous en sommes tous conscients, j'en suis sûr, elle a sur ses épaules une immense responsabilité parce que, les résultats des élections régionales le montrent, elle est la seule qui puisse réussir à présenter une alternative crédible pour les Français."

 

"Ce qui se joue ici, c'est une transformation très profonde de notre rapport à la condition humaine"

Le projet de loi bioéthique, qui prévoit entre autres l'extension de la PMA à toutes les femmes, est en dernière lecture à l'Assemblée nationale, avec de bonnes chances d'être adopté définitivement. François-Xavier Bellamy, opposé à l'extension de la PMA, n'a pas changé d'avis sur ce sujet. Il souligne notamment que dans le projet de loi, "il y a toute une série de mesures sur lesquelles nous avons essayé d'attirer l'attention". "Je crois au fond que ce qui se joue ici, c'est une transformation très profonde de notre rapport à la condition humaine" et "de notre rapport à notre propre corps", explique-t-il.
"Dans ce texte est prévue aujourd'hui la possibilité de créer des embryons chimériques", souligne François-Xavier Bellamy, qui mêlent animal et humain. Les défenseurs de cette possibilité avancent la facilité qui serait ainsi permise à la recherche médicale et scientifique. Un argument qui ne convainc pas François-Xavier Bellamy : "ce que je remets en cause, c'est l'idée que parce que quelque chose est techniquement possible, il faille que ce soit légalement autorisé". Si la science a ses raisons, François-Xavier Bellamy estime que, du point de vue politique et du point de vue citoyen, il faut que "nous puissions décider de ce que nous croyons être le monde humain dans lequel nous voulons vivre".

 

"Jean-Michel Blanquer est en train d'enterrer le baccalauréat"

Jean-Michel Blanquer a annoncé un renforcement du contrôle continu dans l'Éducation nationale, une annonce qui a immédiatement fait débat. Le député européen Les Républicains estime que c'est un "moment extrêmement difficile" que vit l'Éducation nationale en ce moment. "Je voudrais témoigner mon soutien et ma solidarité à tous les collègues professeurs de philosophie qui sont en ce moment en train de corriger les épreuves du baccalauréat dans un climat d'impréparation absolue."
Pour lui, les professeurs doivent "faire face à la réalité de cet effondrement du niveau scolaire" qui, s'il ne date pas de la nomination de Jean-Michel Blanquer à la tête du ministère, est malgré tout lié à ses fonctions. Pour le député européen, Jean-Michel Blanquer dit qu'il faut recommencer la réforme du Bac, à peine terminée, "pour détruire les épreuves communes et les remplacer par du contrôle continu". De fait, "les notes que vous aurez eues pendant l'année vont être celles qui compteront pour le bac". "Jean-Michel Blanquer est en train d'enterrer le baccalauréat."

 

 

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