C’était un discours extrêmement attendu par de nombreux observateurs. Réunissant les deux chambres du Parlement à Versailles ce lundi, Emmanuel Macron s’est longuement exprimé devant les parlementaires. Un discours qui laisse un drôle de sentiment à Bruno Cautrès, politologue et chercheur au Cevipof. "Quand on finit d’écouter le discours d’Emmanuel Macron, on reste sur un sentiment partagé. D’une part, on a retrouvé un Emmanuel Macron dans ses thèmes de campagne : redéfinir un nouveau modèle social pour les Français, expliquer que le changement de braquet qu’il propose sert à adapter la France à l’économie globalisée, etc. Et en même temps, on se demande à la fin ce qui va rester de tout ça ! C’est un très beau discours, mais où sont les engagements ? Il a annoncé un calendrier très précis pour la réduction des déficits publics, mais où est le financement des grands objectifs qui ont été annoncés ?", se demande-t-il.
Pour le chercheur, le président de la République a montré quelques signes d’inflexion, tout en voulant redonner un coup de fouet à son projet présidentiel. "Il a redonné un cap. Il a voulu montrer qu’il tenait bon, que ses grands engagements et ses grandes lignes directrices étaient toujours là. D’un autre côté, il a aussi voulu montrer qu’il était à l’écoute. J’ai été notamment frappé par le début du discours, lors des 15-20 premières minutes où Emmanuel Macron nous dit qu’il ne peut pas tout réussir et qu’il a compris que ce qu’il faisait ne plaisait pas à tout le monde. Il voulait donc rester assez fidèle à ses grandes lignes directrices, tout en montrant des inflexions en particulier sur des thématiques sociales. Il a cité beaucoup de causes : la question des femmes, des pauvres, de l’immigration, des inégalités… On a peut-être même un peu le vertige au bout d’un moment, avec cette succession d’annonces d’objectifs. Mais c’est l’exercice qui veut ça : le Président s’adresse à la représentation nationale et dresse de grands objectifs. C’est sans aucun doute la tâche du Premier ministre de traduire ensuite tout ceci en mesures concrètes", indique-t-il.
Et si le chef de l’État souhaite remettre le bleu de chauffe après une première année déjà bien chargée, c’est peut-être aussi selon Bruno Cautrès parce qu’il sait que le temps presse pour mener à bien un projet dont les effets ne se feront pas sentir avant longtemps. "Il est aux responsabilités et mesure toute la difficulté de son projet, qui est une transformation à une échelle bien au-delà de lui-même. Si Emmanuel Macron va au bout de ses idées, on verra le résultat de ses choix sans doute dans 15 à 20 ans", prévient-il.
Réécoutez en podcast toute l’interview de Bruno Cautrès dans le 18h Sud Radio