Le nom du nouveau Premier ministre d'Emmanuel Macron a été dévoilé ce lundi. Sans véritable surprise, il s'agit du député-maire du Havre, Édouard Philippe, proche d'Alain Juppé. Une nomination qui a évidemment provoqué des remous à droite. Pour en parler, Claude Goasguen, député-maire LR du XVIe arrondissement de Paris, qui était ce mardi l'invité de Dimitri Pavlenko dans le Grand matin Sud Radio.
Bonjour Claude Goasguen, que pensez-vous du choix d'Édouard Philippe comme Premier ministre, le choix d'un homme de droite ?
On s'y attendait un peu. Mais je pense que l'on mélange un peu tout. Le président de la République est élu, il ne s'agit pas de ne pas le respecter car il a ses pouvoirs, mais je trouve que l'on marche un peu sur le pouvoir gouvernemental. On a quand même le droit d'avoir un parlement qui ne soit pas à la main du chef de l'État. Contrairement à ce que l'on croit, la Ve République est une République parlementaire, donc c'est la majorité des députés qui choisi le gouvernement. Or, on a le sentiment que le président essaie d'imposer sa majorité au sein du parlement. Cela dit, je souhaite une longue carrière à Édouard Philippe, car quand on franchit le Rubicon, il vaut mieux attaquer Rome.
Dans votre famille politique, il y a deux postures, ceux qui disent "bravo pour cette main tendue à la droite" et ceux qui, au contraire, parlent de "débauchage".
Mais ça veut dire quoi la main tendue à la droite ? Moi, je ne fais pas la main tendue ou la main fermée. Je ne suis pas d'accord avec la ligne politique du président de la République mais ça ne veut pas dire pour autant que je vais le renverser. J'essaie de plaider pour des idées qui ne sont pas forcément les siennes, quelques-unes se ressemblent mais pas toutes alors j'ai quand même le droit d'exprimer mon sentiment. Ce que je regrette de la part du Premier ministre, c'est qu'en réalité, la semaine dernière, il était d'accord avec nos positions chez les Républicains et, désormais, il est d'accord avec des positions qu'il combattait la semaine dernière. Ce n'est pas un gage de stabilité.
On peut dire que la nomination d'Édouard Philippe force un peu la droite à la clarification. Ceux qui le suivront avec Macron et ceux qui refuseront, comme s'il y avait 2 droite irréconciliables, vous êtes d'accord ?
Non ce n'est pas vrai, mais si certains veulent suivre Macron, qu'ils le suivent. On a des parlementaires qui, avant même de connaître le programme de Monsieur Macron, décident de le suivre. Encore une fois, nous sommes dans un régime parlementaire, où l'on respecte le Parlement et on attend que les législatives choisissent. Il est possible que le parti En marche ! ait la majorité, je n'ai rien contre, mais que l'on nous laisse discuter. Que l'on soit dans l'opposition ou la majorité, on n'est pas obligé d'aller tendre la main à celui qui nous la propose, il y a un côté un peu malsain là-dedans, on habille ça de dorures parce qu'on est dans l'euphorie.
Ils sont 28 à soutenir cette nomination, faut-il les exclure du parti LR ?
Je n'en sais rien, mais ceux qui vont au gouvernement s'excluent d'eux-mêmes.
Mais pourtant hier, les Républicains (Bernard Accoyer) ont déclaré qu'il ne sera pas demandé à Édouard Philippe de rendre sa carte.
Sa carte, il l'a rendue d'office. Participer au gouvernement avant les élections législatives en soutenant des candidats contre nos propres candidats, il n'en est pas question, ce serait absurde, une confusion des pouvoirs inadmissible.
Des noms circulent pour le nouveau gouvernement, on parle de Thierry Breton à l'Économie ou Raffarin aux Affaires étrangères, qu'en pensez-vous ?
Oui, pourquoi pas, ce sont des gens qui ont une politique un peu curieuse depuis quelques mois. Je regardais justement le CV de certains, ils étaient d'abord avec Sarkozy, puis avec Juppé, puis enfin avec Fillon et maintenant avec Marcon. Bravo ! Belle souplesse d'échine, ça manque un peu de colonne. Cela étant, c'est la vie démocratique. Je ne suis pas persuadé que Macron ait tort, mais je ne suis pas persuadé qu'il ait raison non plus. Je ne suis pas sûr que la création d'un parti unique soit une solution démocratique parce qu'elle donne aux ailes musclées de Mélenchon et Le Pen des choses importantes.