Xavier Le Normand est l'un des journalistes français les mieux informés sur le pape, son parcours, ses rencontres, sa personnalité. Le nouveau numéro du magazine Le Pèlerin, "Léon XIV, l’élan d’un pape missionnaire", est actuellement en kiosques.
Xavier Le Normand : "Si un pape n'est pas en possession de tous ses moyens, il y a toute une machinerie qui est là"
Comment Le Pèlerin se distingue-t-il des autres journaux et magazines catholiques, comme La Croix et La Vie ? "Je pense que c'est une façon de faire du journalisme un peu différente, avec un regard plus porté aux faiblesses, aux situations difficiles, mais avec aussi un regard d'espérance proprement chrétien. Je pense qu'on peut s'intéresser à des sujets un peu différents et avec un angle différent qui donne notre spécificité. On ressemble plus à La Vie. Après, on a chacun nos spécificités. On a cet historique de 150 ans, c'est un des plus vieux hebdomadaires, si ce n'est le plus vieil hebdomadaire français. On a cet accompagnement : les pèlerins, ce sont des gens qui marchent, donc c'est vraiment accompagner les gens dans les différentes étapes de leur vie, notamment la vie chrétienne, mais pas seulement."
Sur le plan de la santé, Joe Biden était manifestement diminué lors de son mandat présidentiel. Comment ce problème est-il géré pour les papes ? "Le pape François avait visiblement toujours sa tête, même s'il était physiquement très diminué. La question ne se pose pas de la même façon puisqu'il n'y a pas un terme à un mandat, il y a pas une réélection. Et la machine du Vatican se met en oeuvre pour accompagner le pape dans l'état de santé dans lequel il est. Si le pape est en pleine possession de ses moyens, il peut décider très largement. S'il n'est pas en possession de tous ses moyens, il y a toute une machinerie qui est là pour pas forcément prendre les décisions à sa place, mais en tout cas pour les accompagner. Et après, il est là pour les contresigner. Évidemment, s'il n'est pas d'accord, il ne contresigne pas", a expliqué Xavier Le Normand.
"Léon XIV met à l'honneur l'engagement social de l'Église auprès des plus pauvres"
Concernant les présidents en France, on dit que quand on devient président, la fonction vous change. Est-ce vrai pour les papes ? "L'exemple le plus flagrant, c'est le pape François, qui était connu en Argentine pour être très taciturne, jamais souriant, très renfermé. Les images du pape François qu'on a, c'est pas du tout ça. Donc oui, la fonction transforme la personne", a répondu Xavier Le Normand.
Y a-t-il du lobbying, pour ainsi dire, lors de l'élection d'un pape ? "Quelques jours avant d'être enfermés dans la Chapelle sixtine, les cardinaux se parlent, se découvrent. Puis ils se disent : 'Tiens, ce qu'il a dit, c'était vraiment intéressant, son profil est vraiment intéressant, c'est ce qu'il nous faudrait aujourd'hui'. Certains font peut-être du lobbying en disant : 'Tu as repéré le cardinal machin ? Il est vachement bien'. En principe on peut écrire son nom, c'est un vote à bulletin secret. Après, je pense que personne ne veut être lui-même être élu pape. Au Moyen Âge, à la Renaissance, bien sûr quand le pape était aussi un souverain des des États pontificaux, le roi d'un territoire… Bon, il est toujours le roi d'un territoire, mais qui fait 44 hectares, on en fait le tour en 40 minutes à pied. Être élu pape, c'est une responsabilité écrasante à la fois politique, théologique, spirituelle, managériale… Le nouveau pape est relativement jeune, il a 69 ans. Mais c'est un homme qui n'est pas non plus dans le printemps de sa jeunesse."
Pourquoi ce nom, Léon ? "La première raison, c'est qu'il s'inscrit dans la veine de Léon XIII, qui était un pape au début du siècle dernier. Il est mort en 1903. Il est le fondateur ou le refondateur de ce qu'on appelle la doctrine sociale de l'Église. Donc, c'est cet engagement social de l'Église auprès des plus pauvres qu'on connaît en France avec le Secours catholique. On se rappelle aussi les cantines populaires mises en place par le cardinal Prévost au Pérou. Il s'inscrit donc dans cette veine d'aider les gens dans leur réalité concrète. Et notamment aider les travailleurs à avoir des conditions de travail dignes."
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