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Thomas Huchon : "Les repères qu'on avait avec la presse papier, ils ont sauté en 20 ans"

INTERVIEW SUD RADIO - Les réseaux sociaux nous empêchent-ils de nous informer correctement ? Thomas Huchon, journaliste spécialiste du web, des infox et des théories complotistes, était au micro de "Sud Radio Média" ce vendredi 31 octobre.

Thomas Huchon
Thomas Huchon, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média".

"Alors que la presse s'est diffusée après la Seconde Guerre mondiale avec une grande pluralité dans les écrits, alors qu'on connaît depuis les années 1980 les 'radios libres', les complotistes des réseaux sociaux défendent une espèce de pensée unique", a fait remarquer Thomas Huchon au micro de Sud Radio.

Thomas Huchon : "La manière dont les articles de presse nous sont distribués n'a plus rien à voir avec ce qu'on connaissait avant"

Gilles Ganzmann : Est-ce que les plus coupables, c'est les plateformes elles-mêmes qui, avec leur système, encouragent les choses, ou est-ce qu'au final, ceux qui écrivent ?

Thomas Huchon : Tout le monde a sa part de responsabilité. Elle est différente. Et même dans ceux qui écrivent, il y a deux catégories. Il y a ceux qui produisent et qui fabriquent tout ça, et il y a ceux qui le répètent parce qu'ils y croient et qui se font manipuler. Je ne mettrais pas ceux qui répètent dans la même catégorie que ceux qui fabriquent, et je ne mettrai pas non plus dans une catégorie très différente les réseaux sociaux.

Du coup, le problème qui se superpose à ces gens qui veulent dire n'importe quoi, c'est qu'il y a une nouvelle manière de s'informer, et que dans cette nouvelle manière de s'informer ça ressemble à ce qui se passait avant, mais ce n'est pas du tout les mêmes règles. On a l'impression qu'on trouve des articles de presse sur Facebook parce qu'on a l'habitude d'en suivre et de voir des choses passer. Mais la manière dont ces articles nous sont distribués n'a plus rien à voir avec ce qu'on connaissait auparavant.

"Dans une bibliothèque, l'Encyclopedia Universalis ne ressemblait pas exactement à Pif Gadget"

Valérie Expert : En quoi est-ce différent aujourd'hui ?

Thomas Huchon : Avant, il y avait une hiérarchie de l'information, l'éditorialisation… certains articles étaient plus de l'opinion, de l'autre étaient plus de l'enquête ou du factuel… : on avait un certain nombre de repères. Et ces repères, ils ont sauté en 20 ans, dans une rapidité assez incroyable. Mais ils ont sauté sans qu'on s'en rende compte. Parce que ce qui fait l'alpha et l'oméga de ces réseaux sociaux, ce sont les algorithmes. Personne ne sait très bien ce que ça veut dire, personne n'est capable d'expliquer ce qu'il y a derrière, il n'y a aucune forme de transparence là-dessus. On est dans un espèce de trou noir, sauf qu'on a l'impression que c'est hyper confortable. Parce qu'on voit que des choses qu'on aime bien, que des choses qu'on croit déjà un peu, on voit que des gens qui pensent comme nous… C'est une mécanique qui est terrible.

Il y a quand même quelque chose aussi qui est chamboulé par cette nouvelle manière de s'informer sur ces plateformes. Avant, quand vous alliez dans une bibliothèque ou au kiosque, le journal très sérieux, il avait une allure très différente du journal complètement bordélique. L'Encyclopedia Universalis ne ressemblait pas exactement à Pif Gadget. Et ben, aujourd'hui, si.

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