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Jérôme Baudouin : "La Foire aux vins, ce n’est pas une période de soldes"

Par Jean Baptiste Giraud

Jérôme Baudouin, rédacteur en chef de La revue du vin de France, était l’invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 3 octobre 2023 dans "Sud Radio Média".

Jérôme Baudouin
Jérôme Baudouin, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

C'est la saison des Foires aux vins. Quels conseils peut-on donner aux personnes qui partiront à la recherche de bonnes bouteilles ? Réponses avec Jérôme Baudouin.

Jérôme Baudouin : "Une bouteille qui est vendue toute l’année 3 euros ou 3,50 euros, pendant la Foire aux vins, elle est à 7 euros"

La Foire aux vins a-t-elle changé au fil des décennies ? "Le profil des vins a beaucoup changé. Il y a quinze ans, on avait sous le chapiteau des grands Bordeaux, de grandes bouteilles à garder en cave… Ce que cherche le consommateur aujourd’hui, c’est des vins à boire rapidement avec les copains dans les semaines et mois qui viennent. On va aller dans des vins de Loire, des vins du Rhône et des Bordeaux plus accessibles", a répondu Jérôme Baudouin.

 


Vaut-il mieux aller chez un caviste, ou bien les grandes surfaces sont tout aussi intéressantes ? "Il est vrai que 80% des vins sont vendus par la grande distribution. Mais les cavistes se développent beaucoup en ligne. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, la Foire aux vins, ce n’est pas une période de soldes comme les vêtements. Une bouteille qui est vendue toute l’année 3 euros ou 3,50 euros, pendant la Foire aux vins, elle est à 7 euros. Cela n’a jamais été l’équivalent des soldes. C’est l’occasion pour la grande distribution de mettre en avant des vins plus chers, de proposer aux consommateurs des vins de vigneron d’une sélection très particulière et concurrencer les cavistes. Ça crée une émulation entre le caviste et la grande distribution. Toujours est-il que le caviste, il a fait sa sélection, il est plus à même de vous conseiller que la grande distribution", a fait savoir Jérôme Baudouin.

"Au sein du comité de dégustation, chacun va apporter un regard différent sur chaque vin"

Peut-on dire qu’on boit aujourd’hui moins de vin, mais des vins meilleurs ? "C’est vrai. Il faut aussi voir qui consomme du vin en France. Les gros volumes sont faits par les personnes qui boivent tous les jours au repas, des personnes plutôt âgées. Aujourd’hui on est dans une consommation occasionnelle, festive, conviviale. On ne boit plus tous les jours, mais on boit le week-end", a répondu Jérôme Baudouin.

Il y a 1.380 vins dans La revue du vin de France. Comment Jérôme Baudouin et ses collègues arrivent-ils à en goûter autant ? "On a un comité de dégustation. J’en goûte beaucoup. Notre comité goûte peut-être 3.000 et 5.000 vins par an, par personne. C’est un métier, on recrache tout, on fait très attention. Mais c’est un entraînement, on a un palais qui est développé pour ça. Pour la Foire aux vins je vais goûter environ 2.000 vins pour en retenir 1.300."

 


Comment arrive-t-on à faire passer le goût du vin dans l’écriture ? "C’est un exercice de style. Ce qui fait le charme de la dégustation, c’est qu’on est nombreux : on est une quinzaine de dégustateurs. Et chacun va apporter un regard différent sur chaque vin. Mais notre écriture ne consiste pas qu'en nos commentaires : on raconte l’histoire de la propriété…", a répondu le rédacteur en chef de La revue du vin de France.

Jérôme Baudouin : "La viticulture est un objet social, politique, géographique, climatique"

Selon Jérôme Baudouin, en parlant du vin, on parle inévitablement de nombreux autres problèmes qui touchent notre société. "Chaque mois, on fait une photographie de la viticulture. C’est un objet social, politique, géographique, climatique… Ils vivent l’inflation, ils sont confrontés au changement climatique… La viticulture nous offre un regard sur le monde qui est tout à fait pertinent."

Les Jeux olympiques seront-ils un tremplin pour les vins de France ? "C’est un peu prématuré d’y penser. ‘Sport et vin’, c’est un sujet compliqué : la loi Evin interdit qu’on parle de vin autour des sports, donc ça devient assez compliqué. Il y a des maisons de champagne qui vont se positionner pour la remise des prix, pour être présentes sur les remises de prix ou les soirées pendant les JO. Ce n’est pas un petit vigneron du Beaujolais, du Languedoc ou de Bordeaux qui va se dire ‘je vais attaquer les JO avec mes vins’. C’est une histoire de gros sous."

"Les spéculateurs sont-ils des amateurs de vin ? On peut se poser la question"

Vendre du vin, est-ce plus de la spéculation ou de la qualité ? "Il y a toujours de la spéculation sur quelques cuvées très rares, les gens se positionnent pour en avoir. Il y en a de plus ne plus sur les vins de Bourgogne, car c’est des vins rares et très spéculatifs. Après, les spéculateurs sont-ils des amateurs de vin ? On peut se poser la question."

 


Enfin, à quel prix minimum peut-on trouver un bon vin ? "Avec le gel et la grêle, les coûts de production ont flambé. Bref, le climat n’aide pas. À moins que ce soit un vin très industriel à 5-6 euros, un vin de vigneron ou même d’une cave coopérative, il faut y mettre aux alentours de 10 euros ou, allez, 7-8 euros", a répondu Jérôme Baudouin.


Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

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