Pascal Petit a réalisé "Sous les paillettes, la rage : Une histoire du Drag" (avec la voix off de Hugo Bardin), un programme inédit sur l'histoire des "drag queens", qui sera diffusé sur Histoire TV le samedi 17 mai 2025 à 20h50 à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les LGBT-phobies.
Pascal Petit : "Le drag, ça remonte à très, très loin"
Comme le rappelle Pascal Petit, le drag n'est pas une pratique nouvelle. "Il y a un éclairage fort maintenant, et on a l'impression que le drag tombe comme ça du ciel. Pas du tout. Il y a une histoire, il y a des influences et ça remonte à très, très loin. Et c'est ce qu'on a voulu montrer. Louis XIV, les romantiques, les pièces d'Aristophane au cinquième siècle avant J.-C., il y avait des hommes qui non pas se déguisaient mais qui se transformaient en femmes. Tout simplement parce que les femmes ne pouvaient pas être sur scène, ce n'étaient pas des citoyennes. Les bases, elles sont là, ça a commencé à ce moment-là", a répondu Pascal Petit.
D'où vient le mot "drag" ? "On ne sait pas très bien. C'est peut-être un acronyme de 'dressed as a girl'. Ou bien, 'to drag', qui veut dire 'traîner', 'les grandes traînes, les grandes robes'. Et franchement, on ne sait pas. Je n'ai pas réussi à trouver l'origine exacte", a répondu Pascal Petit.
"Il y a vraiment les deux dimensions : le côté divertissement et le côté politique"
Le drag est-il devenu un acte politique ? "Dans l'histoire, il y a ces deux influences-là, c'est ce qu'on essaie de montrer dans le film. C'est la partie divertissement, on parle des cabarets, on parle du Vaudeville américain… Il n'y a absolument pas de lutte politique dans tout ça. Et les drags d'aujourd'hui sont les héritières et les héritiers de ces traditions de cabaret. Et puis, il y a aussi les luttes des années 1960, Stonewall, qui amène à la Gay Pride. Il y a vraiment les deux dimensions : le côté divertissement et le côté politique", a expliqué Pascal Petit.
"J'ai envie de répondre : ni l'un, ni l'autre, et les deux en même temps. Je considère pas que le drag soit un métier politique, c'est un acte politique presque. C'est encore compliqué aujourd'hui en France et dans le monde de le pratiquer. Mais avant tout, c'est un métier artistique avec une volonté de divertissement, je trouve ça très important de le rappeler. En second plan, si c'est bien fait, si ça peut éveiller les consciences et devenir militant, c'est formidable. Mais jamais aux dépens de l'art et de la qualité", a pour sa part estimé Hugo Bardin.
Hugo Bardin : "On a besoin qu'il y ait des périodes comme ça pour que les gens redeviennent militants"
Est-ce plus compliqué de faire du drag aujourd'hui ? "J'en parlais justement avec Bambi il n'y a pas très longtemps. Elle a connu des époques où c'était beaucoup plus compliqué qu'aujourd'hui d'être une personne queer, de se travestir, de vivre sa vie. Elle m'a dit avec beaucoup de justesse et de prudence : 'Tout ça est cyclique, et on a besoin qu'il y ait des périodes comme ça pour que les gens redeviennent militants, pour que les gens se réattachent à leurs droits et prennent conscience de la fragilité de leur liberté'. Ce qui m'inquiète, c'est le tout-pouvoir américain. J'ai des partenariats avec des marques qui sont en train de tomber", a répondu Hugo Bardin.
"À la fin du documentaire, on a un universitaire américain, qui est prof d'art et dramaturge à New York : il nous explique que le drag a toujours résisté. Il y a toujours eu des périodes comme ça pour le drag. Il va devenir un peu plus underground dans les années qui viennent. Mais il y aura toujours cette résistance et ce fer de lance, et ça ressurgira. Il dit que c'est notre responsabilité", fait savoir Pascal Petit.
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