Daphné Roulier : "Canal+ a perdu son impertinence, l'époque a perdu son impertinence !"
La journaliste Daphné Roulier a rejoint Canal+ en 1997 pour présenter les journaux d'information de l'émission "Nulle part ailleurs", puis "+ Clair", l'émission hebdomadaire consacrée aux médias, en clair sur Canal+, de septembre 2001 à juin 2005. Pour elle, "Canal+ a perdu son impertinence, l'époque a perdu son impertinence ! Il y a de la fausse impertinence partout, estime-t-elle et beaucoup moins de liberté. Mais ce n'est pas propre à Canal+, l'époque n'est pas vraiment propre à l'impertinence, à la rigolade".
"J'ai voulu donner la parole à des gens qui ont été confrontés à des drames et qui ont réussi à la fois à métaboliser la douleur et en faire quelque chose"
Dans la nouvelle série "Les grands entretiens de Daphné Roulier" diffusée sur LCP à partir du 17 janvier prochain, la journaliste donne la parole à des personnalités sur le thème de la résilience, comme Gérard GAROUSTE, peintre, graveur et sculpteur, Marie-Agnès GILLOT, danseuse étoile, Alexandre JARDIN, écrivain, Françoise NYSSEN, éditrice, Olivier ROELLINGER, chef cuisinier et Sylvain TESSON, écrivain. "Ce sont des entretiens très forts, souligne Valérie Expert, car le thème de la résilience est difficile". "L'idée est venue du fait, et l'actualité malheureusement ne nous démentit pas, qu'on va être amenés à être confrontés à des cataclysmes majeurs", explique Daphné Roulier.
"Notre génération et celle de nos parents n'ont été confrontées ni à l'exode, ni à l'exil, ni à la guerre, ni à la faim... On a vécu le Sida, le chômage, mais pas de cataclysme majeur. Je trouvais très intéressant de donner la parole à des gens qui, eux, ont été confrontés à des drames et qui ont réussi à la fois à métaboliser la douleur et en faire quelque chose.
Dans une société à ce point polarisée, fracturée, et dans ce bruit ambiant puisqu'on est en permanence bombardés d'infos, il n'y a plus vraiment de production de discours, estime la journaliste. On n'a plus le temps de s'arrêter, de réfléchir, se poser. Selon elle, le mot résilience est aujourd'hui un mot fourre-tout, utilisé à tort et à travers, qui a presque perdu son sens. Comment un individu, confronté à une difficulté majeure, va parvenir à la sublimer et à en s'en sortir".
"Tout se passe en plateau sans que rien ne soit monté"
"Ce qui est intéressant dans ces grands entretiens, c'est que c'est tourné en temps réel, il n'y a absolument pas de montage, assure Daphné Roulier. On a voulu mettre en place un dispositif qui est un voyage. Si votre invité est un diesel, s'il faut attendre 20 minutes pour qu'il dise quelque chose, on attend. La première question est importante parce qu'il faut directement entrer dans le vif du sujet, sans préliminaires, sans les mettre à l'aise, mais de façon la moins violente possible, explique-t-elle. Je ne veux pas rencontrer mes invités avant. Il faut que ce soit spontané, que rien ne soit artificiel. Tout se passe en plateau sans que rien ne soit monté", insiste-t-elle.
Après les interviews, "beaucoup ont été très remués, confie Daphné Roulier. Olivier Roellinger était extrêmement troublé, parce qu'il a dit quelque chose en plateau qu'il n'a jamais eu envie de dire pendant 40 ans. Ce sont forcément des moments à la fois remuants, bouleversants. Mais ce que j'ai voulu à tout prix éviter, c'est l'obscénité", affirme-t-elle.
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