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Philippe Tabarot : "Nous ne sommes pas là pour emmerder les automobilistes"

Par Aurélie Giraud

ENTRETIEN SUD RADIO - Protoxyde d'azote, airbags Takata, carburants : Philippe Tabarot, ministre des Transports, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Philippe Tabarot
Philippe Tabarot, interviewé par Maxime Lledo sur Sud Radio, le 5 décembre 2025, dans “L’invité politique”.

Protoxyde d’azote et homicides routiers, contrôles techniques, airbags Takata, prix de l’essence, taxe CEE, péages, autoroute A69, méthodes parlementaires, avenir du gouvernement. Au micro de Sud Radio, Philippe Tabarot a répondu aux questions de Maxime Lledo.   

Contrôle technique : "Nous ne sommes pas là pour emmerder les automobilistes"

Maxime Lledo pour Sud Radio : Trois jeunes sont morts à Alès après une chute en voiture dans une piscine, avec alcool, stupéfiants et beaucoup de protoxyde d’azote. La France prend-elle assez ce sujet au sérieux ?
Philippe Tabarot : “Oui, ce protoxyde d’azote est un fléau et on le voit à travers différents faits divers et différents accidents, et touche particulièrement notre jeunesse. Le sujet a déjà été abordé par la loi APOG sur les homicides routiers qui donnent la possibilité d’aggraver un certain nombre de peines et de le considérer comme des stupéfiants traditionnels ou plus connus. Avec une aggravation des peines le cas échéant, et avant tout c’est le détournement de ce protoxyde d’azote qui pose problème. J’ai travaillé sur ce sujet dans le plan scolaire pour détecter ce type de drogue pour les conducteurs de cars scolaires. On aura dans quelques mois un stupotest qui pourra détecter l’alcool mais aussi tous les types de drogues et cette nouvelle drogue, et ce sera obligatoire. Donc oui, on doit réagir.”

Faut-il aller plus loin, malgré les achats via Internet ou à l’étranger ?
“Bien sûr, il y a internet et des jeunes vont se fournir en Italie. C’est très difficile de pouvoir interdire totalement son utilisation. Il faut une mobilisation générale parce que les accidents se multiplient pour nos jeunes et pour des moins jeunes également. Il y a eu un grave accident sur l’A8 lié probablement à ça avec deux infirmières fauchées.”

La loi sur les délits routiers doit-elle être modifiée ? Les recours sont trop longs.
“La loi est une très bonne loi mais elle manque encore de décrets d’application qui sont en cours. Une fois que l’arsenal juridique sera prêt ce sera une très bonne réponse. Et puis il y a le comportement individuel : les conducteurs ont l’impression que seulement les autres commettent des infractions. Il faut une responsabilisation et un partage de la route, notamment pour la protection des piétons et des vélos.”

À Bruxelles, vous avez obtenu que le contrôle technique reste biennal, et non annuel. Pourquoi ?
“On a réussi à convaincre les autres pays européens. Sur cette question du contrôle, je m’étais engagé à défendre une position de dire ‘Oui, on a en charge la sécurité des Français, mais on n’est pas là pour les embêter ou peut-être aller pour les emmerder, comme le disait un ancien président’. On doit faire des contrôles environnementaux et sur d’éventuels défauts de fabrication, comme les freinages fantômes ou les airbags Takata. Un contrôle tous les deux ans me paraît suffisant, surtout vu le coût financier.”

CEE : "L'augmentation doit être prise sur les marges des pétroliers, pas sur les prix à la pompe"

Où en est la gestion des airbags Takata, après plus de 2 millions de véhicules concernés ?
“J’ai souhaité mettre en rappel puis en stop and drive plus de 2,5 millions de véhicules. Ça m’a valu de l’impopularité mais je ne pouvais pas ne pas le faire. On en est aujourd’hui à plus d’un million de véhicules traités ou dont l’airbag a été remplacé, plus de 650.000 depuis juillet. Il y a une pression de l’État vis-à-vis des constructeurs, une pression financière. Ils doivent la transparence et accélérer le remplacement et le dédommagement, avec une trentaine de victimes. La difficulté est plus importante dans les départements d’outre-mer. J’invite les automobilistes à aller sur le site du ministère des Transports pour vérifier si leur véhicule est concerné.”

Le prix de l’essence pourrait augmenter de 4 à 6 centimes à cause de l’augmentation des certificats d’économie d’énergie (CEE). Qui doit payer ?
“Cette taxe ne doit pas être prise sur les personnes qui vont faire leur plein d’essence mais sur les marges des pétroliers qui sont suffisamment importantes. On doit garder cet objectif écologique et réinvestir, notamment pour le leasing social. C’est clairement sur la marge.”

Et pour les péages, l’augmentation de 0,9% est-elle inévitable ?
“Pour la première fois depuis 2021, il y aura une augmentation des péages de 0,9%, inférieure ou égale à l’inflation. L’État revient au cœur des discussions : les autoroutes sont notre patrimoine national. Les usagers doivent participer au juste prix pour qu’on puisse investir ensuite.”

Peut-on empêcher une hausse du prix de l’essence au 1er janvier ?
“On est mobilisé pour que les prix ne flambent pas de nouveau. Il n’y a pas de raison pour que ce soient les Français à la pompe qui en paient le prix. Je ne suis pas en mesure d’anticiper. Sur les autoroutes, je peux dire qu’il y aura 0,9%, mais sur les pétroliers, on fera tout pour que l’augmentation ne pénalise pas ceux qui n’ont pas d’autre moyen que d’utiliser leur voiture.”

Budget : "Bruno Retailleau et Édouard Philippe ont d'autres pensées qui dépassent le vote de mardi, et qui seront peut-être présidentielles"

Autoroute A69 : quand ce chantier sera-t-il enfin terminé ?
“Cette autoroute a bien avancé : plus de 90% des ouvrages d’art réalisés, 70% du terrassement. Une décision de justice importante arrive. Il y a eu 14 décisions déjà, et une tentative de récuser certains juges. Certains veulent, par des actions violentes ou juridiques, empêcher ce chantier indispensable pour le Tarn et pour l’Occitanie.”

À l’Assemblée nationale, l’avenir du gouvernement se joue avec le budget de la Sécurité sociale. La méthode de Sébastien Lecornu est-elle la bonne ?
“Il s’y tient, c’est la bonne. Il a confirmé qu’il restait sur sa position. J’ai été parlementaire : on a été frustrés par des gouvernements qui ne souhaitaient pas discuter. Pour la première fois depuis très longtemps, on a un vrai débat qui transcende les clivages pour avancer et donner un budget. On a besoin d’un budget pour investir massivement dans les hôpitaux, les EHPAD. Et avant le 23 décembre, j’ai besoin d’un budget pour commander des trains de nuit.”

Bruno Retailleau et Édouard Philippe ne semblent pas convaincus.
“Ça ne vous a pas échappé que tant Édouard que Bruno ont peut-être d’autres pensées qui dépassent le vote de mardi et qui peut-être seront présidentielles. Nous, on est au travail pour donner un budget à la Sécurité sociale et un budget à la France.”

Louis Sarkozy qualifie certaines règles routières « d’assistanat ». Votre réaction ?
“Je soutiens Louis sur son combat pour la mairie de Menton sur les mesures de sécurité routière. Je n’ai pas suffisamment discuté avec lui pour me prononcer. Il mène un beau combat. Les chiffres des derniers mois ne sont pas bons en matière de sécurité routière, et je ne me résous pas à recevoir des SMS m’annonçant des accidents mortels. Ça doit redevenir une grande priorité nationale.”

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