ENTRETIEN SUD RADIO - Vote de confiance du gouvernement, alliances à gauche, hypothèse Olivier Faure comme Premier ministre, convergences de programme, dette publique et mobilisation du 10 septembre : Marine Tondelier, Secrétaire nationale Les Écologistes, a répondu aux questions de Maxime Lledo.
"La France a besoin d’un gouvernement de cohabitation"
Maxime Lledo : Laurent Wauquiez dit : "La droite ne censurera pas un gouvernement socialiste au nom de la stabilité politique". C’est une main tendue ?
Marine Tondelier : "Ne pas censurer un gouvernement, ce que dit Laurent Wauquiez, c’est à mon avis plus pour embêter Bruno Retailleau que pour faire plaisir aux socialistes ou même pour l’intérêt de la France. Peut-être qu’il veut le ministère de Saint-Pierre-et-Miquelon vu ses dernières déclarations..."
Est-ce qu’il est envisageable, dans l’intérêt de la France, que vous puissiez demain travailler avec Laurent Wauquiez ?
"Alors non. Un gouvernement doit être homogène, compact. L’intérêt de la France, ce n’est pas de faire un en même temps socialo-Wauquiste. Ça n’a aucun sens". "La France a besoin d’un gouvernement de cohabitation, c’est-à-dire que le gouvernement ne soit pas de la même couleur politique que le président de la République. C’est le résultat de l’élection de l’année dernière, donc c’est ça qu’il faut faire."
Et dans la pratique, à l’Assemblée nationale, aller chercher les voix des amis de Laurent Wauquiez ?
"Je travaille beaucoup avec mes collègues de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui vivent des dingueries dans l’opposition. Je ne pense pas que sa déclaration soit sincère. Elle est extrêmement calculée pour faire parler de lui et pour faire enrager Bruno Retailleau. L’hypocrisie n’est jamais très loin."
🗣️ "Je ne travaillerai pas avec @laurentwauquiez ! Un gouvernement doit être compact, homogène. La France a besoin d'un gouvernement de cohabitation. : @marinetondelier pic.twitter.com/2BhbjR4lpU
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"Nous voulons un Premier ministre du Nouveau Front Populaire"
Dans l'hypothèse de l'arrivée d'Olivier Faure à Matignon, Les Écologistes garantiraient-ils leur soutien ?
Marine Tondelier : "Ça ne marche pas comme ça. La politique, ce n’est pas de la politique fiction. On réagit à des faits, pas à des hypothèses."
Pourtant, Olivier Faure paraît le mieux placé.
"Tous les noms qui circulent servent aussi à occuper l’espace médiatique. Emmanuel Macron les lance pour détourner l’attention. Mais oui, nous voulons un Premier ministre du Nouveau Front Populaire, plus que jamais."
L’an dernier, Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier. Que retenez-vous de ce précédent ?
"L’argument d’Emmanuel Macron pour ne pas nous nommer était la stabilité. Il a choisi Michel Barnier, qui est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Donc cet argument ne tient plus. Il a le devoir de nous nommer."
Quelles sont vos relations personnelles avec Olivier Faure ?
"Nous avons une relation de confiance politique et humaine. Mais mener des politiques ensemble ne se décide pas au micro de Sud Radio. Le périmètre du gouvernement compte énormément."
Les Ecologistes vont-ils soutenir @faureolivier s'il arrive à Matignon ?
"Nous voulons un Premier ministre issu du NFP. Une fois nommé, il y aura des discussions entre partis." : @marinetondelier pic.twitter.com/LTUWqP8ELZ
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"On me supplie de continuer et de ne pas lâcher"
Certains alliés de gauche semblent vouloir prendre leurs distances. Est-ce que vous plaidez dans le vide ?
"Non ! L’immense majorité du peuple de gauche et écologiste est alignée avec ce que je dis. On me supplie de continuer et de ne pas lâcher."
Raphaël Glucksmann et La France Insoumise apparaissent sur des lignes divergentes. Comment l’interprétez-vous ?
"J’entends des gens qui disent ‘si c’est un Premier ministre de gauche pas de mon camp, censure immédiate’. Je ne comprends pas ce raisonnement. D’autres, comme Raphaël Glucksmann, prennent une direction opposée. À ce jeu-là, on peut partir très vite très loin. Je trouve cela irresponsable et indécent."
"Réarmer les services publics, c’est urgent"
Sur quel programme les forces de gauche et écologistes peuvent-elles gouverner ensemble ?
"Nous ne sommes pas seulement dans le barrage contre l’extrême droite, nous avons des propositions pour redonner de la joie et de l’espoir aux Français."
Une réunion de travail s’est tenue hier. Quels en sont les résultats ?
"Les convergences sur le constat et sur les solutions étaient unanimes. Sur la dette, nous pensons qu’il y a la bonne et la mauvaise dette. Investir dans l’avenir, dans la transition écologique, dans les aides aux Français pour isoler leur maison ou changer de voiture, c’est nécessaire."
Et concernant les services publics ?
"Il faut réarmer les services publics. L’hôpital, l’école, les EHPAD sont le patrimoine commun de ceux qui n’en ont pas. Or, ils se dégradent. Plus de redistribution est indispensable, alors que les 500 plus grosses fortunes du pays ont doublé entre 2017 et 2023."
"Les bloqueurs sont au gouvernement"
Le 10 septembre, le mouvement "Bloquons tout" appelle à paralyser la France. Le soutenez-vous ?
"Rappelons que ceux qui bloquent tout aujourd’hui sont au gouvernement. Ils bloquent la redistribution, ils bloquent le débat à l’Assemblée nationale. Ce sont eux les bloqueurs."
Le pays est-il une cocotte-minute prête à exploser ?
"Oui. Les Français ont décidé de relever la tête. Si deux tiers soutiennent le mouvement, c’est qu’il y a une raison. Notre rôle est de transformer ce soutien en engagement."
Ne craignez-vous pas des débordements ?
"Il y a toujours des groupes qui essaient de déstabiliser, c’est le rôle du ministère de l’Intérieur de les gérer. Moi, mon travail, c’est de mobiliser. Et l’effet est déjà là : si François Bayrou met sa tête sur le billot avec une autodissolution, c’est aussi parce que des manifestations étaient prévues."
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