Hausse de la taxe foncière, prélèvements de l’État sur les collectivités, recentralisation fiscale, dette publique record, budget 2026, crise des vocations chez les élus locaux, explosion du narcotrafic. Au micro de Sud Radio en direct du Salon des maires, David Lisnard a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Les impôts, il y en a trop ! Cette spirale est destructrice !"
Jean-François Achilli pour Sud Radio : Les Français découvrent 466 millions d’euros supplémentaires de taxe foncière. Que leur dites-vous ?
"Les impôts, il y en a trop." "C’est pour ça que je les baisse dans ma commune, puisque j’ai baissé le foncier bâti de 3,6% cette année et qu’on n’a jamais augmenté les taux." "On baisse la dette dans une ville où il y a un taux de pauvreté très élevé parce qu’on a fait des gains de productivité." "Pendant ce temps, Bercy prévoit de prélever au moins 7,5 milliards d’euros supplémentaires sur les collectivités." "Chaque année, on voit s’amplifier les causes du déclassement français.""On est dans une spirale infernale qu’il faudra inverser profondément, alors même que les services publics se dégradent."
Ces 466 millions d’euros iront tout de même aux communes et départements : ce n’est pas une bonne nouvelle ?
"On n’a rien demandé." "La commune ne décide que du taux, les bases c’est l’État." "On découvre ces réévaluations beaucoup plus massives, peut-être opportunément avant le Congrès des maires, mais sûrement pas opportunément pour les contribuables." "Et à côté, l’État augmente de 60% la taxe générale sur les activités polluantes." "Ce sont les unités de traitement des déchets qui vont payer, donc les habitants au final." "Ces injonctions contradictoires, c’est exactement ce qui flingue le pays."
Regrettez-vous la suppression de la taxe d’habitation ?
"En tant qu’habitant, je ne regrette pas de ne pas la payer." "Mais en tant que citoyen, l’AMF avait prévenu : les impôts ont augmenté." "L’État a recentralisé la fiscalité, alors que le centralisme n’a jamais fonctionné." "C’est un jeu de bonneteau : on enlève un impôt local, on compense mal, et on augmente ailleurs." "Les impôts augmentent globalement depuis dix ans."
Que faudrait-il faire en 2027 pour redresser les comptes ? Trancher dans les dépenses ?
"Il faut réduire les dépenses, évidemment, mais pas pour le plaisir de couper." "La France a le record du monde de la dépense publique." "On manque de magistrats, de gardiens de prison, on a des urgences hospitalières sinistrées, mais on a beaucoup plus de fonctions administrantes qu’ailleurs." "On paie en trop d’impôts et en trop de dépenses ce qui étouffe l’activité économique." "Il faut relancer la prospérité : c’est la production qui permet la redistribution."
"Je ne voterai pas le budget tel qu’il est"
Le budget risque de ne pas être voté. Cela vous inquiète ?
"Ce qui m’inquiète, c’est la dégradation budgétaire." "Je ne voterai pas le budget tel qu’il est, puisque c’est un budget d’inspiration totalement étatiste." "Ce mantra de la stabilité est devenu une forme de chantage." "La vie politique, c’est aussi des convictions." "Il serait paradoxal de dire : pour que ceux que l’on combat n’arrivent pas au pouvoir, on fait leur politique." "On est à l’agonie d’un système, amplifiée depuis la dissolution."
Vous réclamez toujours le départ d’Emmanuel Macron ?
"Je ne réclame rien, je dis que je ne vois pas d’autre solution pour retrouver un cycle sain, dans l’esprit gaullien de la Ve République." "Un départ différé après la dissolution aurait permis d’organiser la suite, mais plus le temps passe, moins c’est plausible."
Pourquoi insistez-vous pour parler “du quotidien des maires” ?
"Parce que c’est 99% de notre vie." "On est au Salon des maires et on me demande toujours de commenter Macron." "Le centre du pays, c’est ce qu’on vit dans nos entreprises, nos commerces, nos communes."
Six maires sur dix comptent se représenter : lassitude ou confiance ?
"Il y a un peu de tout ça." "C’est tout de même un pourcentage supérieur à il y a six ans." "Mais il faut le dire : ce mandat a vu plus de 40 démissions de maires par mois, quatre fois plus qu’il y a vingt ans." "La sur-bureaucratie pénalise les usagers et entrave ceux qui servent le public." "La spirale de la surréglementation produit une crise de l’exécution, une crise du pouvoir." "Mais je ne pense pas qu’il y ait une crise de vocation." "Il y a encore un élan civique local."
Narcotrafic : "Il faut écouter les maires"
Le père de Mehdi, assassiné à Marseille, demande à “travailler ensemble” contre le narcotrafic. Que répondez-vous ?
"Ce père a évidemment raison." "Nous alertons depuis des années sur le narcotrafic." "Il y a un an, au Congrès des maires, nous avions organisé un grand débat qui a débouché sur une bonne loi, mais il faut exécuter les choses." "Le parquet anti-stupéfiants doit avoir les moyens d’exister."
Vous évoquez souvent le blanchiment dans les commerces. Pourquoi ?
"Parce qu’on voit dans une rue dix barbeurs qui ouvrent, dix pizzerias vides qui déclarent du chiffre d’affaires : c’est du blanchiment." "C’est là qu’il faut frapper le narcotrafic." "Le narco-trafic représente 7 milliards de chiffre d’affaires, quasiment le budget de la justice." "Entre 220 000 et 250 000 personnes vivent des stupéfiants en France." "Beaucoup de familles sont complices des dealers : chouf, recel, tout y passe."
Vous parlez même de “subventionner le trafic”.
"Quand on donne des logements sociaux aux trafiquants, oui, c’est subventionner le trafic." "J’ai obtenu qu’on retire les allocations familiales aux délinquants et trafiquants récidivistes dans ma commune." "Ce n’est pas cela qui réglera tout, mais c’est une culture de la lutte qu’il faut retrouver."
Et du côté des consommateurs ?
"Ils sont co-responsables de la mort de ce jeune homme et de tant d’autres." "Qu’ils se le disent quand ils prennent de la cocaïne." "Si ces mafias se développent, c’est parce que l’État a été faible et absent." "Qu’il arrête de vouloir tutéliser nos vies et s’occupe d’ordre, de justice et de sécurité."
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