ENTRETIEN SUD RADIO - Guerre à Gaza, drapeaux palestiniens sur les mairies, accusations de génocide, reconnaissance d’un État palestinien par Emmanuel Macron, polémique autour d’Olivier Faure et montée de l’antisémitisme en Europe : Caroline Yadan, députée Ensemble pour la République des Français de l'Étanger, a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Le PS, par la voix d’Olivier Faure, porte une énorme responsabilité sur l’antisémitisme en France"
Jean-François Achilli : Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort : ce sont les mots d’Olivier Faure. Qu’en pensez-vous ?
Caroline Yadan : "Ce n’est pas une maladresse. C’est une culpabilisation ciblée. Il met en équivalence une fête du calendrier juif et une revendication politique. C’est une responsabilité collective attribuée au peuple juif. Ce sont des paroles extrêmement graves."
"Oui, c’est de l’essentialisation du peuple juif. C’est renvoyer les juifs à l’idée qu’ils seraient un peuple génocidaire dès lors qu’ils pensent autrement. Olivier Faure impose une allégeance politique. C’est électoraliste, lâche et dangereux pour notre République."
Olivier Faure propose de mettre un drapeau palestinien sur les mairies. Est-ce un geste de paix ?
"Ce n’est pas un message de paix mais un signe de ralliement. C’est faire le jeu du pire. Le Parti socialiste porte une énorme responsabilité sur l’antisémitisme en France en marchant sur les plates-bandes de La France insoumise."
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En Europe, l’antisémitisme progresse.
"En Espagne, nous voyons un antisémitisme d’État. Derrière, il y a la volonté d’effacer un État et ses citoyens. Cela s’appelle de l’antisémitisme."
"Free Palestine ça veut dire 'Juden Raus' : 'sale youpin'"
Le ministre israélien de la Défense a déclaré cette nuit : Gaza brûle, après d’intenses frappes nocturnes aux abords et dans la ville de Gaza. Est-ce une guerre sans fin ?
"Personne ne peut se réjouir de la guerre, chaque mort est une tragédie. La population en Israël est profondément divisée mais garde un désir de paix. Elle subit aussi : l’application Red Alert sonne tous les jours, à 2 ou 3 heures du matin, dès qu’une roquette est tirée. Les Israéliens veulent la paix mais ils en ont assez des roquettes et du fait que les otages ne soient pas libérés. Si demain les otages sont libérés, demain la guerre s’arrête."
On entend de plus en plus l’accusation d’Israël génocidaire. Que répondez-vous ?
"On dit qu’Israël est génocidaire. C’est le plus grand mensonge du XXIe siècle. Le mot génocide signifie la volonté d’éliminer un peuple pour ce qu’il est. Ce n’est pas la volonté d’Israël."
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Vous accusez aussi la France Insoumise d’avoir banalisé ce terme.
"La France Insoumise a installé ce mot. Aujourd’hui, 'Free Palestine' ne veut pas dire deux États en paix, ça veut dire 'Juden Raus'. Quand on dit 'sionistes génocidaires', cela veut dire 'sales youpins'. On reprend par d’autres biais la haine des juifs, l’antisémitisme millénaire."
"Reconnaître la Palestine maintenant est une faute"
Emmanuel Macron va reconnaître lundi prochain la Palestine à l’ONU. Vous soutenez cette décision ?
"Je ne la soutiens pas, j’ai pris mes distances. Le chef de l’État avait posé des conditions logiques : libération des otages, démilitarisation du Hamas, suppression de l’éducation à la haine, reconnaissance d’Israël par ses voisins arabes. Ces conditions ont disparu."
Ces engagements peuvent-ils être tenus par Mahmoud Abbas ?
"On nous dit : Mahmoud Abbas a pris des engagements par écrit. Et s’ils ne sont pas respectés ? Et si les voisins arabes continuent à prôner la destruction d’Israël ? On fait quoi ? Faire du 7 octobre le mythe fondateur d’un État, c’est extrêmement dangereux. Le Hamas s’est réjoui de cette annonce. C’est une faute, oui."
Mais vous êtes d’accord sur le principe d’un État palestinien ?
"À terme, il faut un État palestinien, mais pas comme ça. En 2005, le Hamas a fait de Gaza une rampe de lancement pour détruire son voisin. On sait ce que ça a conduit le 7 octobre."
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