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"Bien sûr qu'on va augmenter les impôts !" affirme Robert Ménard

Par Aurélie Giraud

Robert Ménard, maire de Béziers, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Robert Ménard Impôts
Robert Ménard, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 4 juillet 2025, dans “L’invité politique”.

Impôts, canicule, diplomatie française, Iran, Algérie, diplomatie, union des droites, inquiétude des Français : Robert Ménard a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Bien sûr qu'on va augmenter les impôts !"

Interrogé sur les dépenses annoncées face à la canicule, Robert Ménard dénonce un double discours. "On explique qu’il faut faire des économies… et ensuite on parle de 50 milliards de plus pour la canicule !" Il y voit une contradiction manifeste. Pour lui, l’issue est déjà connue : "Je vous mets ma main à couper. Vous savez ce qu’on fera le 15 juillet ? [...] On va augmenter les impôts ? Bien sûr. De manière déguisée. Mais on va les augmenter, bien sûr."

Le maire de Béziers précise qu’il n’est "pas troublé" par le fait que "des gens qui gagnent beaucoup, beaucoup d’argent paient un peu plus d’impôts". Il vise aussi les grandes entreprises. "Elles savent faire de l’optimisation fiscale, ce qui fait qu’elles payent proportionnellement moins d’impôts que des petites entreprises." Robert Ménard insiste toutefois sur un équilibre : "Il y a des impôts qui ne me choquent pas. En même temps, il faut faire des économies. Ça ne peut pas remplacer les économies."

Otages : "Attention à ne pas critiquer notre diplomatie !"

Sur le sort des deux journalistes français détenus en Iran, Robert Ménard, ancien président de Reporters sans frontières, refuse les procès à charge contre l’État français. "En 20 ans de Reporters sans frontières, je n’ai jamais vu un Français oublié par la diplomatie française. Ce n’est pas vrai." Il demande de ne pas confondre critique et injustice. "On peut trouver qu’ils n’en font pas assez, mais ils le font." assure-t-il.

Le maire de Béziers compare avec d’autres pays : "J’ai vu des Britanniques pris en otage. Quand vous parlez à leurs diplomates, ils disent : 'Ça, c’est leur affaire'." Pour Robert Ménard, la diplomatie française mérite qu’on lui reconnaisse au moins sa constance. "Ce n’est pas à nous d’être diplomates. À nous de taper du poing sur la table". Il appelle à une mobilisation de l’opinion publique sans mise en cause systématique des diplomates.

Iran : "Bien sûr qu'il fallait aller jusqu'au bout !"

Robert Ménard soutient sans détour les frappes contre les infrastructures nucléaires iraniennes. "Bombarder les sites d’enrichissement nucléaire en Iran, c’est une bonne chose." Il va plus loin : "J’ai applaudi chaque fois qu’ils ont éliminé un certain nombre de dirigeants ou de scientifiques. Ce n’est pas bien de le dire, mais je vous le dis."

Selon lui, de nombreux opposants iraniens attendaient une action plus radicale. "Ils ne rêvaient que d’une chose : que, malgré les bombes et malgré les risques, Israël et les États-Unis aillent jusqu’au bout et renversent ce régime abominable." Il reproche à la diplomatie française son manque de clarté stratégique. "On nous dit bravo à l’intervention, puis qu’il ne faudrait pas renverser le régime. Résultat, nos otages sont menacés."

"Il faut divorcer, se séparer de l'Algérie !"

À la question de Jean-Jacques Bourdin sur les Français détenus en Algérie, Robert Ménard répond avec force : "Il faut divorcer, se séparer de l’Algérie." Il accuse le régime algérien d'utiliser les otages comme des leviers politiques. "Aujourd’hui, il faut arrêter de quémander l’approbation du régime de Tebboune !"

Il critique la politique d’Emmanuel Macron sur le dossier : "Sur l’Algérie, on aura entendu tout et son contraire." Pour lui, cette ambiguïté empêche toute parole forte. Il évoque "une clique de militaires qui vit de la rente mémorielle" et dénonce une hypocrisie persistante : "Le type te crache sur la France et, à la fin, il te dit qu’il veut se faire soigner chez nous, envoyer ses enfants ici."

"Si on ne fait pas l’union des droites, nous allons perdre"

Alors que les partis politiques préparent déjà 2027, Robert Ménard livre un constat sans détour : "J’ai essayé de faire l’union des droites, mais depuis 15 ans, c’est un échec total." Il se dit sceptique, mais reste convaincu de la nécessité d’une convergence : "Si on ne fait pas ça, la droite séparément va perdre."

Il observe que "les différences entre Les Républicains et le Rassemblement National sont moins grandes qu’avec Gabriel Attal." Même s’il affirme que "sur le terrain économique, le RN dit encore beaucoup de bêtises", il appelle à dépasser ces divergences. À ses yeux, c’est l’union ou l’échec.

"Le climat politique est exaspérant et désespérant"

Robert Ménard ne mâche pas ses mots : "Le climat politique est exaspérant et désespérant." Il dénonce un "concours de démagogie", où les annonces chiffrées s’empilent sans cohérence. Il prend l’exemple du budget : "Un jour, on nous parle de 40 milliards d’économies, le lendemain, de 50 milliards de plus pour la canicule."

Mais son malaise est plus profond. Il dit ressentir une "inquiétude chez les Français", une solitude croissante : "Les gens ne savent plus à qui s’adresser." Il reçoit des demandes auxquelles il ne peut pas répondre, même sur des sujets éloignés de ses compétences : "Derrière ça, il y a un appel au secours."

"Comment peut-on être assez con pour supprimer les vachettes à Intervilles ?!"

Jean-Jacques Bourdin évoque les changements dans la société française, les débats sur la chasse, la corrida, les interdictions en cascade. Robert Ménard bondit : "Comment peut-on être assez con pour supprimer les vachettes à Intervilles ?!" Il s’emporte contre ce qu’il considère comme des atteintes absurdes aux traditions populaires : "Elles sont là pour nous faire plaisir, les vachettes !"

Il dénonce ceux qui voudraient régenter les modes de vie : "Qu’ils arrêtent de nous emmerder !" et parle de "chieurs professionnels" qui prétendent dicter ce qui est acceptable ou non. Robert Ménard défend "les copains qui vont chasser, qui vont pêcher" et revendique le droit à la liberté culturelle : "La musique de bandas, c’est la plus belle musique du monde. Les autres, ils aillent se faire foutre."

"Être maire est une vraie école de la vie"

Pour son dernier entretien politique sur Sud Radio, Jean-Jacques Bourdin voulait rendre hommage, à travers Robert Ménard, aux journalistes de terrain. L’ancien président de Reporters sans frontières saisit l’occasion pour rappeler combien sa fonction actuelle l’a transformé. "Être maire, c’est une vraie école de la vie." confie-t-il. Il insiste : "La vie, c’est infiniment plus compliqué que les idées."

Il parle de ces moments où les limites de son pouvoir se heurtent aux attentes des habitants : "Je ne change pas la vie des gens, mais je l’améliore un peu." Et il assume cette modestie dans l’action locale : "Déjà, rendre les gens un peu moins malheureux, c’est pas si mal." Robert Ménard évoque aussi ces rencontres qui "bouleversent" et "mettent mal à l’aise", révélant selon lui la grandeur discrète de cette responsabilité.

Jean-Jacques Bourdin : "Le succès que j'ai connu, c'est en grande partie grâce à mon épouse"

Jean-Jacques Bourdin tient à rendre un hommage appuyé à son épouse, la journaliste Anne Nivat. "Le succès que j’ai connu, c’est en grande partie grâce à elle." Il salue son exigence, sa passion du terrain, sa rigueur : "Elle m’a remis dans le droit chemin parfois, elle m’a dit la direction qu’il fallait prendre." Pour lui, Anne Nivat incarne un journalisme "exemplaire", "tellement rigoureux que ça en est difficile."

Robert Ménard, lui-même ancien patron de Reporters sans frontières, rejoint ce constat. "Elle fait ce que tellement peu de gens font." Il admire son engagement dans les zones de conflit : "Elle va voir des deux côtés, entendre les deux sons de cloche." Et il insiste : "Il lui faut un sacré courage." Tous deux défendent un journalisme de terrain, direct, précis, à rebours du "journalisme de salon".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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