ENTRETIEN SUD RADIO - Manifestations du 18 septembre, gauche unie ou divisée, révolution fiscale, bataille des idées et position sur le conflit israélo-palestinien : Alexis Corbière (l'Après) a répondu aux questions de Maxime Lledo.
"Il y a une colère, un ras-le-bol dans le pays, qui est au bord d'une quasi-rupture"
Maxime Lledo : Au lendemain de la manifestation du 18 septembre, vous n’êtes pas trop déçu ?
Alexis Corbière : "Au contraire, moi je suis content, je trouve que c’est un succès. Il y avait un million de personnes en France. Perdre une journée de salaire, ce n’est pas simple. Ceux qui n’ont jamais fait grève de leur vie croient qu’on s’amuse. C’est un acte de générosité, le mouvement d’hier est majoritaire dans le pays."
95% de la fonction publique travaillait, la France n’était-elle pas non gréviste ?
"Ce n’est pas vrai. Dans ma circonscription, 80% des enseignants étaient mobilisés. Une grève, ça se construit. Hier, il y a eu une démonstration de force et de puissance."
Certains disent qu’il y a une France qui manifeste et une autre qui travaille…
"Hier, il y avait dans la rue des professions qui n’ont pas l’habitude de manifester, y compris des commerçants. Ce n’est pas simple pour eux, mais ils étaient là. Il y a une colère dans le pays, un ras-le-bol. Les gens disent avec des mots simples : ‘on en a marre, ça suffit’. Le pays est au bord d’une quasi-rupture."
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"Celui qui prend le pouvoir par la force et qui le garde par la force, c’est Emmanuel Macron et ses amis"
Maxime Lledo : Est-ce que vous appelez à une révolution populaire, à un pouvoir pris par la rue ?
Alexis Corbière : "Non, je n’ai pas dit ça. Celui qui prend le pouvoir par la force et qui le garde par la force, c’est Emmanuel Macron et ses amis. Le président veut absolument garder le pouvoir. Il a imposé une réforme des retraites contre l'avis général du pays et maintenant il annonce 41 milliards de restrictions budgétaires."
Comment jugez-vous la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre ?
"Il choisit un homme issu d’un groupe minoritaire à l’Assemblée. Ce n’est pas un équilibre démocratique. La moindre des choses serait un vote de confiance. Moi je propose un gouvernement du Nouveau Front Populaire, pour une rupture avec le macronisme."
Les premiers pas de Sébastien Lecornu sont jugés acceptables par certains sondages. Êtes-vous d’accord avec cette perception ?
"Sa stratégie, c’est : ‘je ne dis rien, je ne fais rien’. Les gens disent ‘il n’est pas si mal’. Mais ce n’est pas à la hauteur."
Le Point titre en Une 'Mélenchon, les chiens avec la Chine' : "Ces enquêtes sont bidon"
Maxime Lledo : Que pensez-vous de la baisse de la CSG, proposée par le PS ?
Alexis Corbière : "Je ne suis pas d’accord. La CSG finance nos organismes sociaux. Ce n’est pas la bonne idée. Ma proposition, c’est un SMIC à 1 600 euros nets, 2.000 euros bruts. Un gouvernement de gauche peut le faire immédiatement par décret."
Sophie Binet estime que les patrons sont en train de perdre la bataille des idées. Vous partagez ?
"Je suis assez d’accord. Les 500 premières fortunes représentaient 7% du PIB en 1996, elles en représentent 42% aujourd’hui. La taxe Zucman est une idée juste. Les Français ont une soif de justice."
Sur le conflit israélo-palestinien, Emmanuel Macron veut reconnaître l’État de Palestine. Est-ce une bonne décision ?
"Oui, il a raison. Israël est dirigé par un gouvernement fanatique qui mène une politique génocidaire. Reconnaître l’État de Palestine, c’est défendre la solution à deux États, la seule issue diplomatique. Mon seul reproche, c’est que ça arrive trop tard."
Et les maires qui hissent le drapeau palestinien ?
"Comme pour l’Ukraine, c’est un geste de solidarité. Ce n’est pas le drapeau du Hamas. C’est un signe de fraternité pour dire à Netanyahou : arrêtez."
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Cette semaine, l’hebdomadaire Le Point titre en Une « Mélenchon, les chiens avec la Chine ». On y évoque des liens supposés entre La France insoumise et le régime chinois. Partagez-vous cette analyse ?
"La Chine est une dictature, bien sûr. Mais ces enquêtes sont bidon. Je n’ai aucune sympathie pour les régimes autoritaires. Raffarin est bien plus proche des dirigeants chinois que Mélenchon. Le rapport Shikirou est d’une complaisance amusante. Elle raconte souvent n’importe quoi."
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