Hier, plusieurs réunions se sont déroulées et ont donné lieu à d'intenses tractations, dont une à Matignon avec Édouard Philippe, Françoise Nyssen, Christophe Castaner et Benjamin Griveau,x pour cadrer le discours
Tout d’abord, la question qui se pose est de savoir si l'on va vers une révolution telle que la souhaite le président de la République, ou plutôt une réforme plus prudente comme on le préfère à Matignon. Cette question traverse toutes les discussions récentes. Il y a eu plusieurs négociations très intenses sur les économies à enclencher pour l'audiovisuel public.
Selon nos informations, on s'approche plus aujourd'hui des 300/500 millions d'économies avec des conséquences sociales que les patrons de chaîne devront gérer. L'effort sera essentiellement porté par France Télévision. Comment ? Par la suppression de la chaîne France Ô, par la libération, dit-on, du canal de France 4, qui sera réattribué vraisemblablement à France Info qui devrait donc arriver sur la TNT. Et c'est peut-être là l'aspect le plus explosif de cette réforme parce que les chaînes privées, notamment TF1 et BFM, ont déjà fait le siège de l'Élysée pour protester.
Ensuite, il y aura la question de l'architecture : on ne veut pas parler de fusion, le mot est tabou. Le nouveau concept, c'est le média global. Le maître-mot, une fois de plus, à l'Élysée, c'est l'"audace" alors qu'à Matignon, c'est "efficacité" et "prudence".
Jusqu’à vendredi matin, c'était Édouard Philippe qui devait faire les annonces et puis, il a été décidé au dernier moment que ce serait Françoise Nyssen, la ministre qui serait en première ligne. Depuis ce lundi 8h, cette dernière rencontre les parlementaires et il y aura ensuite une conférence de presse à 11 h et une interview dans Le Monde, qui a été relue toute la nuit par le secrétaire général de l'Élysée.
Deux objectifs : exposer la ministre et l'impliquer alors qu'on la dit en retrait sur les questions de l'audiovisuel, voire novice et sans expérience. C'est la raison pour laquelle elle s'est beaucoup préparée à l’annonce de cette réforme. En cas de tensions autour de la réforme, cela donnera une marge de manœuvre à Matignon pour intervenir. Et cela fait de la ministre Nyssen un fusible avec une sorte de mission impossible parce qu'on lui dit qu'il qu'elle se montre audacieuse alors que le gouvernement lui demande de marcher avec prudence.
On comprend, une fois de plus, que dès que l’on s'approche du service public audiovisuel en France, tous les voyants rouges s'allument Alors que beaucoup de reformes sensibles sont prévues, celle-ci va mettre l'exécutif au pied du mur.
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