C'est une démission bavarde, qui en dit très long sur la crise qui monte au sein du système Macron.
Il faut observer la violence, la férocité des termes employés dans Le Parisien hier pour annoncer sa démission. Elle parle de désaccords profonds sur le fond et sur la méthode. "On a plutôt l'impression d'être sur le Titanic", dit-elle. Elle s'indigne que Françoise Nyssen, ministre de la Culture, soit toujours en fonction, bien que visée par une enquête préliminaire.
Et il y a cette formule terrible : elle déplore qu'au lieu du fameux 'En même temps' macronien, on ait confié la transformation "aux mains de technocrates hors-sol, voire cyniques".
Ces critiques pointent, à mon sens, les failles majeures du macronisme, celles qui risque de conduire ce quinquennat vers un échec sanglant. Il y a d'abord l'échec du 'En même temps'. On s'attendait à une politique libérale, mais en même temps, qu'il y ait aussi du social. Et on voit bien que c'est une politique non pas social-libérale, mais néo-libérale.
Il y a aussi l'échec démocratique. On attendait un président libéral, pas seulement en économie, mais aussi en politique. On a en face de nous une sorte de "petit roitelet" ridicule, très autoritaire. "Moi je", "Moi je", en permanence. On le voit bien à l'Assemblée, le résultat c'est soit un parti godillot, soit un parti qui peut parfois se fissurer.
Il y a aussi un échec éthique. Il n'y a pas que Françoise Nyssen qui soit visée par une enquête préliminaire, mais il y a aussi Richard Ferrand et Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée.
Enfin, le dernier échec touche au macronisme lui-même. Au début du quinquennat, on s'attendait à voir un jeune président, plutôt moderniste et au fil du temps, c'est une autre image qui s'impose, celle dont parle Frédérique Dumas, "une bande de technocrates hors-sol et cyniques". C'est la "caste" dont je parle sans cesse.
C'est pour ça que cette rentrée est si catastrophique pour Emmanuel Macron. Le voile est en train de rentrer et le roi est nu.