Oui, c’est un procès qui met mal à l’aise un peu tout le monde. D’abord parce qu’il doit juger de faits qui datent de plus de dix ans. Ensuite, parce qu’il y a tout de même eu 18 morts dans cette affaire France Télécom et beaucoup de vies brisées.
Enfin, parce que c’est vraiment la première fois qu’est fait en France le procès de la souffrance au travail. Mais il s’agit d’un sujet bien délicat, voire insupportable, pour que la justice se contente de déclarer que tout est blanc ou tout est noir. Il faut espérer que les magistrats remettent ce qui s’est passé dans le contexte de la crise qui agitait France Telecom. Il faut aussi espérer que la justice arrive à se dire que l’obsession de dirigeants d’un groupe n’est pas d’avoir des morts sur la conscience. Il y a tout de même une affaire France Télécom ?
Oui, personne ne nie qu’il y a eu des dysfonctionnements au sein de l’entreprise et que des salariés aient pu être poussés à bout. Même si le taux de suicide constaté est bien inférieur à celui qu’on voit dans la police. Pourtant jamais le Ministre de l’Intérieur n’a été jugé…Ce qu’il ne faudrait pas c’est que ce procès devienne celui de la souffrance au travail, comme le souhaitent les syndicats. Il serait indécent qu’au-delà du deuil des familles, des organisations syndicales souhaitent démontrer le travail en France, c’est Germinal. Je vais peut-être choquer. Mais le travail est d’abord un épanouissement. Et de plus en plus d’entreprises recrutent des jeunes en leur montrant qu’ils vont effectivement pouvoir s’épanouir en travaillant beaucoup.
Car il n’y a qu’en France où travailler est une forme de punition, sinon, de pis-aller, destiné à faire bouillir la marmite. Alors ne nous étonnons pas que beaucoup de nos concitoyens alternent les contrats courts et les périodes de chômage correctement rémunérées.Et ne nous plaignons pas si le taux de chômage tutoie les 9 % alors qu’il est de 3,6 % aux États-Unis. C’est dire si la responsabilité des juges qui sont en charge de ce procès est immense et dépasse le strict cadre du dossier qui leur est soumis.