C’est plus qu’une impression. C’est gros comme une maison. Tellement gros qu’on a assisté en quelques jours à deux annonces en faveur des retraités.
La première c’est l’assurance qu’Emmanuel Macron ne toucherait pas aux droits de succession. Or ce sont eux qui sont en partie le plus concernés, car ils mettent un soin jaloux à faire en sorte que leurs descendants puisse hériter dans les meilleures conditions possibles du fruit de leur travail.
Et hier matin, Édouard Philippe a annoncé sur France Inter que 300.000 retraités vont être exonérés de la hausse de la CSG, parce qu’ils ont de trop petites retraites. Au départ, il était prévu de faire un geste pour 100 000 retraités. Et en deux jours on est passé à 300 000.
Comme vous et moi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe lisent les sondages. Ils voient la chute de leur popularité. Mais le vrai déclencheur, c’est le sondage publié lundi par le Figaro montrant qu’aux élections européennes, le Rassemblement National de Marine Le Pen fait désormais jeu égal avec le parti du Président.
Et la terreur d’Emmanuel Macron, qui met l’Europe à toutes les sauces, c’est qu’au printemps prochain, la République en Marche fasse un score très médiocre aux Européennes. Ce qui lui donnerait peu de sièges à Strasbourg. À la différence des extrêmes et des eurosceptiques qui remporteraient la mise.
Toutes les études faites par les instituts de sondage le montrent : les retraités sont la catégorie de Français que ces élections intéressent. Ils ont connu la guerre, puis la construction de l’Europe. Et par nature, quand il y a un scrutin, ils se déplacent. Alors que l’Europe ne mobilise que ceux qui sont contre le projet européen, ou contre la bureaucratie bruxelloise du Rassemblement National à la France Insoumise en passant par les adeptes de Nicolas Dupont-Aignan.
Donc pour le gouvernement, le seul moyen – et il n’y en a vraiment pas d’autre – c’est de tout faire pour que les retraités aillent voter pour la liste La République En Marche.
De vous à moi, je ne crois pas un instant que ce sera suffisant.
Il y a chez Emmanuel Macron un véritable mépris de classe pour les retraités. Edouard Philippe l’a résumé, quand il a dit cette phrase incroyable : "Nous voulons que le travail paye. Nous voulons que ceux qui payent les pensions puissent bénéficier de leurs efforts accrus". C’est très bien que le travail paye. Mais qu’est ce que c’est qu’un retraité sinon quelqu’un qui a travaillé 40 ans ou plus, qui a même commencé à bosser à 14 ou 16 ans, qui n’a pas eu 5 ou 6 semaines de congés payés ou bien les RTT.
Aujourd’hui tous les sondages montrent qu’il commence à y avoir un vrai désamour des retraités à l’égard de ce gouvernement. Et qui peut vraiment croire qu’en essayant de réparer avec trois bouts de colle la vaisselle cassée, on va voir les courbes s’inverser.