Mais qui conseille Alexandre Benalla ? Qui a eu l'idée de ce coup de bluff d'hier, annoncé par son avocat ?
Et surtout, pourquoi le porte-parole du Gouvernement et même la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, ont cru bon d'appuyer cette décision en disant qu'elle était juridiquement totalement satisfaisante ? Ils sont intervenus alors que ce n'était franchement pas utile, c'est une maladresse supplémentaire.
On sait que cette audition a des risques pour Alexandre Benalla lui-même et peut-être aussi des risques politiques pour le président de la République puisqu'il risque d'être éclaboussé lorsque Benalla devra raconter quelques scènes de la vie quotidienne à l'Elysée.
On ne défie pas le Sénat. Alexandre Benalla a dû se soumettre hier soir, ça ressemblait à une forme de déroute.
Il y avait un bras de fer engagé et ce sont les sénateurs qui ont gagné. Le gouvernement, qui espérait se débarrasser de cette affaire pour la rentrée, a encore les pieds dedans. Succès garanti pour l'audience de l'ancien conseiller de la présidence.
Il y a bien sûr une exigence de vérité, de transparence dans la démarche du Sénat, ça s'appelle la démocratie. Mais penser qu'il n'y a pas d'arrière-pensées serait naïf. Il y a une démarche politique. Le Sénat incarne aujourd'hui l'opposition, la droite et la gauche confondue. C'est la revanche du vieux monde. Pour en être convaincu, il faut revenir à une interview du président de la Commission Philippe Bas dans Le Monde le 8 août.
Il disait : "Le pouvoir se montre tel qu'il est. La fumée du Macronisme va disparaître et on verra ce qu'il y a derrière. La technocratie, le narcissisme et la solitude."
Il y a aussi une volonté politique derrière cette démarche et il est évident qu'aujourd'hui, la réponse du gouvernement sera moins juridique que politique.