C'est la rentrée pour François Bayrou, jeudi 3 septembre. L'ancien garde des Sceaux d'Emmanuel Macron a été nommé Haut Commissaire au plan. Un poste directement relié au chef de l’État. Eric Woerth se dit "sceptique" quant à cette nomination. "J’ai très très peur de la manière française de voir les choses : on réfléchit à 20 ou 30 ans, et assez peu pour la semaine prochaine", déplore-t-il. Un choix qui peut s'avérer être "un destructeur de réforme".
"Ça ressemble quand même à un poste taillé sur mesure pour François Bayrou", estime Eric Woerth qui juge que "Bayrou aurait pu rester au gouvernement" s’il était vraiment "très important pour le président de la République". Le Haut Commissariat au Plan semble, selon le député de l’Oise, reprendre des fonctions que devraient assurer le Président, le Premier ministre et l’ensemble des fonctionnaires qui les entourent.
"Il fallait un plan de relance"
Après un premier report, le gouvernement va dévoiler, le 3 septembre, le très attendu plan de relance de l’économie permettant de faire face à la crise du Covid-19. Un plan qu'Eric Woerth, pourtant président de la Commission des finances, a découvert les grandes lignes "par la presse, et par les auditions des ministres sur les plans d’urgence". Il souligne que de nombreuses idées données "dès le mois d’avril" par le parti Les Républicains "sont dans ce plan de relance". "Il fallait un plan de relance, comme tous les pays d’ailleurs ont affiché un plan de relance", estime-t-il.
Le plan de relance divergera des mesures d’urgence, assure le député Les Républicains. "L’urgence c’était évidemment que les entreprises ne pouvaient plus fonctionner, il fallait trouver des mesures tout de suite". Mais "il fallait aussi se demander comment on va sortir de cette crise sur le plan économique", juge Eric Woerth. Le gouvernement a donc dû trouver une manière de ce faire, et d’utiliser cette crise "comme une opportunité", "comme une chance".
Un plan "ambitieux"
Le député LR de l’Oise considère ce plan de relance comme "ambitieux". "C’est un plan qui contient une transformation du pays, c’est un accélérateur de transformation", ajoute-t-il. Malgré cela, "il y a une avalanche de milliards derrière. Je pense que les Français ne comprennent rien, et ils ont assez raison d’ailleurs", estime-t-il.
Alors qu’avant la crise le gouvernement mettait en avant une France endettée où il n’était pas possible de sortir de l’argent, "tout d’un coup tout est possible". "Le moindre ministre qui lève le doigt", juge Eric Woerth, a son budget. "Il y a juste une question de cohérence vis-à-vis de la situation réelle du pays."
"Je trouve qu’à côté du plan de relance, il devrait y avoir une sorte de plan jumeau qui est un plan de financement de tout ça : comment le pays va payer ?", interroge le député. "Le gouvernement n’éclaire pas du tout le chemin là-dessus.", regrette-t-il.
Un plan de relance "sur l'économie"
L'ancien ministre du Travail s'estime "heureux que ce plan de relance insiste globalement sur l'investissement plutôt que sur le fonctionnement" mais demande une vision responsable qui s'interroge sur "comment dans deux, trois ou dix ans, la France retrouvera sa souveraineté financière".
Ancien membre du gouvernement entre 2007 et 2010, le député Les Républicains souligne qu'il "n'a jamais été aussi facile d'être ministre qu'aujourd'hui". "Un ministre lève le doigt, il a l'argent qu'il faut", observe-t-il. Mais cette générosité de façade risque d'entraîner un contre-coup. "Est-ce qu'on ne met pas beaucoup d'argent sur le dos de nos générations futures ? Est-ce un plan de relance ou une bombe à retardement ?", interroge-t-il.
L'élu note un plan de relance "plutôt axé sur la compétitivité, sur l'économie, pour faire en sorte que la France retrouve un taux de croissance plus important qu'avant". Mais pour en arriver là, Eric Woerth estime que "nous devons travailler plus". "On s'aperçoit qu'on ne travaille pas suffisamment, il y a une vraie question à se poser sur le temps de travail tout au long de la vie", ajoute le député.
Edouard Philippe pour représenter LR en 2022 ?
À deux ans de l'élection présidentielle, une partie des sympathisants Les Républicains voient en Edouard Philippe le candidat idéal pour représenter leur famille politique. "C'est le candidat du gouvernement", rappelle Eric Woerth qui fait état du CV de l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron. "Les Républicains ont leur place", assure-t-il en insistant qu'Edouard Philippe serait "le candidat d'En Marche".
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !