Il y a un an jour pour jour, le 8 février 2022 décédait le célèbre biologiste virologue français Gérard Guillaume, à qui on doit la découverte du virus du sida. Ali Benouari et Gérard Guillaume lui rendent hommage.
Gérard Guillaume : "Présenter Luc Montagnier comme un antivax est une crétinerie absolue"
Luc Montagnier a été décrié tant par la communauté scientifique que par l’opinion après ses prises de position au sujet des vaccins contre le Covid-19. "Cela relève du scandale, de la jalousie, de la médiocrité. Luc Montagnier était un personnage hors du commun dans le monde de la science, c’était un aventurier, il s’aventurait dans des domaines où personne ne voulait aller, ce qui explique qu’il était spécialiste des rétrovirus, qu’il a découvert le virus du sida. Il s’est intéressé aux travaux de Jacques Benveniste. D’où déjà une première dérive dont on l’a accusé : 'comment peut-on reprendre les travaux de Jacques Benveniste ?'. Il sortait totalement du cadre et il avait sa liberté de parole. Son combat était de se battre pour la vérité. Et quand vous avez parlé des vaccins, on l’a présenté comme un antivax, ce qui est une crétinerie absolue. Comment pouvez-vous imaginer une seconde qu’un professeur de virologie puisse être antivax ? Il s’est toujours battu pour la sécurité des vaccins, quelque chose qui n’a pas été atteint avec le pseudo-vaccin contre le Covid.
En 1979, à l’époque de la maladie à prion, c’est-à-dire la maladie de la vache folle, il était l’un des rares chercheurs à s’y être intéressé. À l’époque, en France, on traitait les enfants atteints de nanisme avec des extraits hypophysaires prélevés sur des cadavres. 1.698 enfants ont été traités ainsi, et 120 en sont décédés. Dès 1979, Luc Montagnier a mis en garde les autorités de santé françaises pour leur dire : 'faites attention'. On ne l’a ni entendu, ni écouté", a déclaré Gérard Guillaume.
Ali Benouari : "Le comité de sélection a refusé de subventionner les travaux de Luc Montagnier"
Ali Benouari a raconté comment, au début, les journalistes ne voulaient pas croire au décès de Luc Montagnier. "J’ai pris l’initiative d’appeler l’AFP, et la réceptionniste me répond : 'ça tombe bien, parce que toute une équipe est en train de travailler pour confirmer ou infirmer cette information. Mais je ne peux vous passer personne'. Je suis donc allé sur le site de l’AFP et j’ai soumis un message en donnant son lieu de décès, c’est-à-dire l’Hôpital Américain de Neuilly. Et je pense que c’est après ça que son décès a été validé."
La Fondation Luc Montagnier bénéficie-t-elle de subventions de la part de l’État français ? "Nous avons reçu des subsides d’institutions suisses (pas françaises), de généreux mécènes privés. Il faut aussi savoir qu’il est mort pauvre puisqu’il a engagé toute sa fortune jusqu’à son dernier centime. J’ai été peiné en voyant ça. En 2013 ou 2014, nous avons monté un dossier pour postuler à un crédit de recherche européen. Le dossier était bien ficelé, mais à notre grande surprise, le comité de sélection a refusé en disant qu’il n’était pas convaincu. Le chercheur hongrois qui a signé la lettre de refus lui a écrit qu’il ne croyait pas à ses recherches, étant donné la lourde responsabilité devant l’Histoire et les générations futures. Le professeur était choqué qu’on ne respecte même pas le but même de ses recherches", a raconté Ali Benouari.
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