single.php

Arié Alimi : "Les violences policières se sont multipliées"

Par Jean Baptiste Giraud

Arié Alimi, avocat, membre du bureau national de la LDH auteur de L’État hors-la-loi. Logique des violences policières (Éditions La Découverte) était l’invité d’Alexis Poulin sur Sud Radio le jeudi 21 décembre 2023.

Arié Alimi
Arié Alimi, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Comme l'explique Arié Alimi, dans l'histoire, la recrudescence de la violence policière rime avec les périodes où le pouvoir politique est faible. Mais, de toute manière, il n'existe pas de 'monopole de violence légitime'.

 

Arié Alimi : "La majorité des policiers ne sont pas violents"

Comment définir la violence policière ? "Si je devais la définir comme Emmanuel Macron, je dirais qu’elle n’existe plus. D’un point de vue juridique, ce sont des violences volontaires, c’est-à-dire des atteintes à l’intégrité corporelle dans le Code pénal. Il y a une circonstance aggravante car ce sont des violences commises par des personnes dépositaires de l’autorité publique.

Les violences policières se sont multipliées. Et la question est de savoir pourquoi. Tous les policiers ne sont pas violents, loin s’en faut. Je pense que la majorité des policiers ne sont pas violents. En revanche, c’est un ensemble de dispositifs administratifs, de discours, de façons d’être, de stimulations, de virilisme qui existe dans la police qui fait que les policiers vont tirer alors qu’ils ne devraient pas tirer", a fait savoir Arié Alimi.

 

"Quand le pouvoir politique est peu légitime, il a davantage recours à la violence"

Comme l’explique Arié Alimi, il y a toujours eu des cibles bien identifiées de cette violence policière. "À une époque, c’étaient les ouvriers qui étaient en grève. Il y a toujours eu des violences dans les quartiers populaires depuis la décolonisation et l’arrivée de populations de pays anciennement colonisés. Je pense qu’il y a une violence contemporaine dans le maintien de l’ordre et une brutalisation du maintien de l’ordre. Cela a commencé au moment de la Nuit debout, au moment de la loi Travail."

Qu’est-ce qui provoque la violence policière ? "Il y a deux philosophes, Hannah Arendt et Walter Benjamin, qui disent que, quand on a un pouvoir politique qui est très fragile, qui a peu de légitimité, une faible adhésion de la population, il a plutôt tendance à user de la violence d’une manière disproportionnée. Je crois que c’est ce à quoi on assiste depuis plusieurs années, notamment une aggravation avec Emmanuel Macron, parce qu’il y a une légitimité très faible du pouvoir politique", a répondu Arié Alimi.

 

"Tout usage de la violence est une infraction pénale"

Selon Arié Alimi, la ‘violence légitime’ est un mythe. "Quand je suis en audience, je suis ébahi d’entendre des procureurs dire : 'L’État dispose du monopole de la violence légitime'. Et je pense que la plupart de vos auditeurs pensent que c’est vrai. J’ai essayé de voir à quoi correspondait cette phrase, qui était le premier à en avoir parlé. C’était Max Weber, un sociologue au 19ème et au 20ème siècle. Il dit : 'J’observe les États. Et ce que j’observe comme condition minimale chez les États, c’est qu’ils se revendiquent tous du monopole de la violence légitime'. Il ne dit pas qu’ils détiennent ce monopole, il dit qu’ils le revendiquent. En plus, il est sociologue, il ne faut qu’observer. Le problème, c’est que le pouvoir politique s’est servi de cette phrase et s’est dit : 'On dispose du monopole de violence légitime'. Et en réalité, quand on regarde le droit (puisqu’il n’y a que le droit qui peut déterminer les règles de la violence), quand on regarde le Code pénal et le Code de la sécurité intérieure… En les lisant, je me suis rendu compte que l’usage de la violence est identique, que l’on soit policier, représentant de l’État ou non représentant de l’État. Tout usage de la violence est une infraction pénale."

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff du lundi au jeudi  à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
07H
02H
00H
22H
20H
19H
18H
17H
Revenir
au direct

À Suivre
/