D’abord que Jean-Dominique Senard est vraiment l’homme de la situation. Il a été chez Péchiney, puis chez Michelin. Il a l’image d’un très bon manager, très consensuel, très subtil, très social et en même temps très mondial. Et coup de chance : au mois de mai prochain il sera à la retraite de chez Michelin. Ce qui lui permettra d’être totalement consacré à Renault. Donc il n’y a rien à dire sur la manière dont Carlos Ghosn a été remplacé. Là où on peut s’étonner c’est sur le rôle des deux administrateurs représentant l’état français qui est tout de même le premier actionnaire. Le premier s’appelle Martin Vial, c’est lui le patron de l’Agence des Participations de l’Etat. Il est le symbole vivant de l’Etat actionnaire, le second a moins de poids, il s’appelle Pascal Faure, c’est un ancien haut fonctionnaire du Trésor…
Et qu’est ce que vous leur reprochez ? D’abord les administrateurs c’est fait pour administrer. Leur fonction vise à surveiller le patron, et à servir de contre-pouvoir. Ensuite je constate que Martin Vial qui représente l’état dans de nombreux conseils d’administration de sociétés où l’Etat est actionnaire est resté d’un silence prudent. Il n’a rien vu, rien entendu, et rien dit. Heureusement que les japonais ont fait leur travail pour qu’on s’aperçoive que Carlos Ghosn prenait des libertés avec la confiance des actionnaires. Et bien sûr ce même Martin Vial a approuvé la nomination de Jean-Dominique Senard, comme il a toujours salué la gestion de Carlos Ghosn. Cela pose la question de la compétence de ce monsieur, qui n’est autre que le mari de Florence Parly, la ministre des armées. Cela pose surtout la question de l’Etat qui n’est vraiment pas un actionnaire idéal. Et d’ailleurs on se demande bien pourquoi il détient encore en 2019 15 % de Renault, alors qu’il est perclus de dettes.
Quand on voit comment l’État est géré on se dit que moins il est actionnaire de belles entreprises comme Renault, mieux c’est.