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Il est temps de s'interroger sur notre volonté, ou non, de réguler les marchés financiers

On est dans une période de grande nervosité sur les marchés financiers. Face à la déconnexion de la bourse avec le monde réel, il est nécessaire de réfléchir à un moyen de réguler ces marchés financiers, qui nous emmènent souvent dans des voies sans issues.

Les bourses sont nerveuses. Les mouvements boursiers, ceux des marchés financiers, sont mondiaux. La finance est mondiale, donc elle ne dépend pas prioritairement de la situation d’un pays, même si les spécificités locales peuvent jouer un rôle.

Après l’euphorie des derniers mois, notamment aux USA, elle s’est mise à baisser et à monter. On sent qu’on est dans une période de grande nervosité et personne ne sait ce qui va se passer, même si tout le monde cherche des explications et tente des prévisions. Mais, en réalité, cette tentative est, en générale, vaine.

C’est quasi-impossible, même si beaucoup d’experts s’y emploient, parce qu’un marché financier, au fond, ce sont des gens, qu’on appelle des traders, qui n’ont qu’un but, gagner de l’argent en achetant avant les autres ou en vendant avant les autres.

N’importe quelle information qui arrive sur le marché produit, chez le trader, l’interrogation de savoir ce que vont faire les autres avec cette information, qu’elle soit vraie ou fausse, que ce soit une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Dans ce jeu de mimétisme généralisé, il n’y a aucune forme de rationalité économique. Il y a une rationalité du trader, qui ne peut gagner de l’argent que de cette façon, mais il n’y a pas de rapport avec le fonctionnement de l’économie réelle.

Nous sommes dans un monde où la valeur d’une entreprise sur la bourse change toutes les micro-secondes. Or, la valeur d’une entreprise, sa capacité à produire de la richesse, ne change pas d’une seconde à l’autre.

Il y a une vraie déconnexion entre ce que nous dit la bourse et ce qui se passe dans le monde réel. En revanche, il n’y a pas de déconnexion du point de vue des flux financiers parce que ceux qui gagnent de l’argent en bourse le prennent forcément sur ceux qui produisent vraiment de la richesse.

Comme les informations arrivent au hasard, le marché avance au hasard. Il y a donc quelque chose d’invraisemblable et paradoxal à vouloir accrocher les politiques économiques aux marchés.

Tous les politiques ont peur des marchés, pensent qu’il y a une forme de dictature des marchés, qu’il faut plaire aux marchés. Rappelez-vous la tragicomédie du triple A.

Les marchés, puisqu’ils fonctionnent de cette façon, peuvent très bien vous dire le matin parce qu’ils vous sanctionnent le matin parce que la croissance a baissé et, l’après-midi, qu’ils vous sanctionnent parce que la croissance a augmenté. C’est ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis.

Si la croissance baisse, ça veut dire moins de richesses produites, mais si elle augmente, ça peut vouloir dire inflation, surchauffe, hausse des taux… Donc, pour les mêmes choses, vous pouvez être soit récompensés, soit sanctionnés.

Surtout avec le système que nous avons créé, avec la cotation en continu, les marchés de dérivés, cette capacité de prendre des positions spéculatives sur l’avenir, avec des actifs qu’on ne possède pas, elle a augmenté considérablement la part spéculative des transactions financières.

On a bien essayé de créer cette taxe sur les transactions financières mais on n’a pas réussi au niveau mondial pour l’instant et c’est dommage. En France, c’est par exemple assez curieux d’avoir réformé l’ISF en donnant une prime à ceux qui vont investir en bourse, donc dans l’économie spéculative.

On ne sait pas ce qui va arriver, mais on voit bien de quoi ont peur les boursiers aujourd’hui. Ils ont peur de la hausse des taux, ils ont peur de la croissance, ils ont peur de l’inflation, qu’on a réclamé depuis des années.

On est à un moment où il faut à nouveau s’interroger sur notre volonté, ou non, de réguler les marchés financiers qui nous emmènent souvent dans des voies sans issues.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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