Soixante-quatre voiliers de la 17e édition de la Transat Café L'Or ont pris le départ dimanche au large du Havre dans des conditions mouvementées, qui ont entrainé le chavirage de trois multicoques de 50 pieds.
A 19h00 (GMT+1), le SVR Lazartigue de Tom Laperche et Franck Cammas, qui vise une cinquième victoire record, menait la flotte d'Ultim en filant à près de 30 noeuds en Manche.
Il était suivi de près par Banque Populaire XI, barré par Armel Le Cléac'h et Sébastien Josse, déjà victorieux en 2021 sur la célèbre transatlantique en double.
Quelques heures plus tôt, c'est pourtant Actual qui avait pris le meilleur départ au Havre des quatre géants des mers en lice, suivis quelques minutes plus tard par 18 Imoca - les monocoques du Vendée Globe - et 42 Class 40.
Les voiliers ont commencé leur traversée peu après 14h00 sous un ciel gris, dans une mer creusée et un vent oscillant entre 15 et 26 noeuds. L'un des favoris en Imoca, le Paprec Arkéa de Yoann Richomme, a rapidement heurté une bouée et fait demi-tour au Havre pour réparer des dommages au gréement.
En début de soirée, son équipe technique l'attendait à quai pour évaluer les dégâts et tenter de réparer. Selon le règlement, le voilier sera obligé d'attendre au moins quatre heures avant de reprendre la mer.
Dans ces conditions agitées, amenées à se dégrader encore dans la nuit, les Class40 ont vu leur parcours modifié juste avant de partir pour Fort-de-France. La direction de course leur impose désormais de faire étape à La Corogne (Espagne) pour éviter une grosse dépression dans le golfe de Gascogne.
"Un deuxième départ sera donné pour cette classe dès que les conditions le permettront", a expliqué l'organisation dans un communiqué transmis à l'AFP, précisant que les premiers Class40 devraient atteindre leur destination mardi.
"Cela va se durcir. On aura rapidement 30 noeuds établis, jusqu'à 35 en rafales, face au vent. Il faudra être très vigilant", a expliqué Armel Le Cléac'h, tenant du titre sur l'Ultim Banque Populaire.
- "Assez violent" -
Concentré, le marin a passé un long moment avec toute son équipe, quelques minutes avant de quitter les pontons vers 11h, pour analyser les derniers fichiers météorologiques disponibles.
Jérémie Beyou et Morgan Lagraviere au départ de la Transat Café L'Or au large du Havre le 26 octobre 2025
Lou BENOIST - AFP
Comme les autres partants de la 17e édition de la transatlantique en double, il avait pris connaissance du chavirage de trois Ocean Fifty, autorisés à partir dès samedi en raison des conditions annoncés.
"C'était assez violent au réveil. Heureusement, tout le monde va bien. Cela ne changera pas fondamentalement notre manière d'aborder la course, mais ça fait une vraie piqûre de rappel", a estimé Le Cléac'h, qui a vécu un chavirage en 2018 sur la Route du Rhum.
Lazare x Hellio puis Koesio et enfin Inter Invest se sont retournés à quelques heures d'intervalle dans la nuit de samedi à dimanche alors qu'ils naviguaient dans la Manche. Tous les skippers ont été secourus.
Lazare et Inter Invest ont été remorqués, tandis que Koesio s'est échoué sur une plage à Guernesey. Il a été sécurisé en fin de journée.
"On était en mode hyper safe, chacun une main sur une écoute, quand le bateau est parti à la gîte, on n'a rien pu faire", a raconté Audrey Ogereau. "On pense qu'on a pris une claque à 40 nœuds", a ajouté la coskippeuse avec Erwan Le Roux de Koesio.
Les Ocean Fifty, des multicoques de 50 pieds (15,24 mètres), sont des voiliers rapides mais aussi très sensibles à la mer formée.
Armel Le Cléac'h au départ de la Transat Café L'Or au large du Havre le 26 octobre 2025
Loic VENANCE - AFP
Vendredi, la classe avait obtenu de la direction de course d'anticiper d'une journée leur départ pour la Café L'Or, initialement prévu dimanche comme le reste de la flotte.
Les dix libellules s'étaient élancées au large du Havre à 16h30 samedi. Sept seulement sont encore en course. Chaque classe a un parcours spécifique à respecter en direction de l'arrivée en Martinique, où les plus rapides sont attendus autour du 6 novembre.
Par François D'ASTIER / Le Havre (AFP) / © 2025 AFP