Stéphane Tapie, inutile de vous demander si Marseille est chère à votre cœur ?
Marseille, j'ai grandi, donc oui, évidemment chère à mon cœur. Et j'ai un peu mon papa et ma maman qui sont enterrés là-bas, donc évidemment, c'est cher à mon cœur. Donc, c'est plus que chère à mon cœur, mais là, mon cœur il saigne en ce moment.
Avant toute chose, que gardez-vous comme souvenir de la victoire en Ligue des champions en 1993 ?
Il faut savoir que cette ville avait été pendant des années dénigrée, comme c'est là actuellement, pour d'autres raisons. On disait que c'était une ville fainéante ou d'immigration. On disait beaucoup de choses. Je me souviens des premiers matchs, parfois, quand on arrivait dans certains stades où ils nous écrivaient « Bienvenue en France », pour nous montrer notre différence avec les Marseillais. Mais moi, quand je vois cette Coupe d'Europe qui est gagnée par l'OM et que le monde entier parle de Marseille comme de la plus grande ville du monde, c'est indescriptible. C'est au-delà de mon père, au-delà de ma famille, au-delà de tout ça. Moi, je me suis positionné comme un Marseillais. Enfin, on allait parler de nous que en bien.
« Il faut que Marseille sorte de sa torpeur : toutes ses qualités sont devenues ses défauts »
Quel regard portez-vous sur le Marseille aujourd'hui ?
Il faut qu'elle sorte de cette torpeur. Toutes ses qualités sont devenues ses défauts. Quelqu'un me disait un jour : ''tu verras, tout ce pour quoi ta femme t'a aimé, c'est tout ce pour quoi elle te détestera''. Eh bien, aujourd'hui, tout ce pour quoi on a aimé Marseille, c'est tout ce pour quoi on le déteste. On parle d'intégration, d'immigration : mais c'était la vraie force de Marseille. Moi, j'ai connu un Marseille où le soir de l'Aïd, il y avait au parc Chanot 20 000 personnes qui étaient là, qui étaient musulmans, juifs, catholiques. Et qui fêtaient l'Aïd ensemble. J'ai vu les Yom Kippour où il y avait les juifs, catholiques et musulmans. C'était la richesse de cette ville.
Si votre père était toujours en vie, aurait-il pour ambition de devenir maire de Marseille ?
Evidemment. Et s'il n'a jamais candidat, c'est parce qu'Hollande a tout fait pour qu'il ne le puisse pas. En deux mots, on ne va pas refaire l'histoire : Hollande avait deux cabinets dans l'Elysée, celui qui s'occupait de Sarkozy et celui qui s'occupait de Tapie. Voilà, c'étaient ses deux ennemis numéro un. Tout le monde le sait, il n'y a pas pour moi. A un moment donné, il va falloir que les politiques assument ce qu'ils ont fait et assument ce qu'ils vont faire.
« La DZ Mafia est la patronne à Marseille »
Vous n'avez visiblement plus du tout confiance dans les politiques
Moi je m'en fous d'avoir confiance en eux ou pas ! Je veux voir ce qu'ils vont faire. On n'est pas là pour pour aller bouffer ensemble, pour aller se taper un petit casse-croûte. On n'est pas là pour avoir confiance en eux, on veut voir ce qu'ils vont faire là. Pour l'instant, on voit que la DZ Mafia est la patronne à Marseille.
« Je n'ai pas entendu un seul des candidats prononcer le mot de DZ Mafia »
C'est votre sentiment ?
Oui. Je n'ai pas entendu un seul des candidats (à la mairie de Marseille) prononcer le mot de DZ Mafia. C'est eux la gangrène, ce ne sont pas les mômes des quartiers car ces mômes subissent également la DZ Mafia. Et la DZ Mafia n'est plus seulement à Marseille : elle est déjà à Grenoble, à Lyon. Elle est en train de remonter sur toute la France. Mais ils n'osent pas prononcer le nom de DZ Mafia. La première fois que j'en ai parlé il y a un mois et demi, j'ai reçu des menaces de mort que tu n'imagines pas... Parce qu'ils ont peur de la DZ Mafia. A raison, regarde le petit gamin (le militant écologiste Amine Kessaci), son frère s'est fait dessouder C'est un avertissement.
« Mélenchon est brillantissime, Delogu est un guignol »
Hier, Sébastien Delogu a annoncé sa candidature à la mairie de Marseille : qu'en pensez-vous ?
Quand un député de la France dit sur Sud Radio : ''Bon, je ne suis pas très calé en Histoire de France mais j'ai cru comprendre que le Pétain, c'était pas quelqu'un de fréquentable ». A un moment donné, tu représentes des gens, tu es représentant de la Nation, tu es député. Là, c'est un guignol ce garçon ! S'il a été élu, c'est parce que les gens ont voté pour Mélenchon, pas pour lui. Comme il représentait Mélenchon, ils ont voté pour Mélenchon. Sauf que Mélenchon, tu parles d'un mec qui est brillantissime, qui a une culture générale incroyable, qui a un charisme de dingue et qui est capable de faire ce qu'il fait à lui tout seul. Et puis à côté, t'as Delogu...
« Si Delogu gagne, je monte toute la Canebière la quéquette à l'air ! »
Si Bernard Tapie aujourd'hui en face de lui Sébastien Delogu, il lui dirait quoi ?
Il ne l'aurait pas en face de lui parce qu'il parle avec Mélenchon, pas avec les sous-fifres comme Delogu. Si Delogu gagne, je te garantis que je me mets sur les mains, et que je monte toute la Canebière, la quéquette à l'air ! Il lui dirait : « Mais rentre chez toi ! Retourne faire des livraisons, ce que tu faisais pour Mélenchon ! ». Arrêtez de leur donner de l'importance à ces gens-là ! Tu savais qui c'était Delogu avant qu'il brandisse le drapeau palestinien ? Est-ce que tu connaissais son nom ? Personne le connaissait. Est-ce que tu connais Mathilde Panot, qui pense qu'elle a plus d'expérience parlementaire que Mendès-France ?... T'as Mélenchon, brillantissime, et le reste des baltringues !