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Shein : Véronique Louwagie "alerte les consommateurs sur les offres de promotion"

Par Aurélie Giraud

Véronique Louwagie (ministre chargée du Commerce) et Alain Di Crescenzo (président de CCI France), étaient “Les invités politiques” sur Sud Radio.

Véronique Louwagie
Véronique Louwagie (ministre chargée du Commerce), interviewée par Benjamin Glaise sur Sud Radio, le 7 juillet 2025, dans “L’invité politique”.

Promotions trompeuses, fast fashion, transmission des commerces, colis chinois, situation des commerces en France, Cérémonie Nationale des Trophées du Commerce 2025, transmission des commerces aux enfants, proposition de loi contre la fast fashion : Véronique Louwagie et Alain Di Crescenzo ont répondu aux questions de Benjamin Glaise.

"J’alerte les consommateurs sur les offres de promotion proposées par Shein"

Véronique Louwagie met en garde contre des pratiques de promotions trompeuses sur certaines plateformes d’e-commerce. Elle rappelle qu’une enquête de la DGCCRF a révélé que 57% des promotions annoncées sur Shein ne correspondaient à aucune réduction, 19% étaient inférieures aux tarifs réellement proposés et 11% constituaient en réalité une hausse de prix. Face à ces constats, la ministre insiste : "J’alerte les consommateurs sur les offres de promotion proposées par Shein".

Elle appelle à la vigilance et souhaite que les contrôles de conformité soient renforcés. Pour elle, il est essentiel que les règles s’appliquent à tous de la même manière. "Ces contrôles sont aujourd’hui uniquement financés par les ménages et les entreprises françaises", déplore-t-elle. Un rééquilibrage est nécessaire pour protéger à la fois les consommateurs et les commerçants.

Fast fashion : "Les entreprises françaises seront préservées"

La proposition de loi contre la fast fashion, actuellement en discussion, vise à rétablir une équité concurrentielle dans le secteur du textile. Véronique Louwagie en précise la cible : "Nous nous attaquons à la concurrence déloyale des plateformes asiatiques de l’ultra fast fashion". L’objectif est de pénaliser les importations massives de vêtements à bas coût, au modèle économique jugé insoutenable.

Pour les enseignes françaises, la ministre se veut rassurante. "Nous allons travailler ensemble pour une définition qui fasse que ces entreprises soient préservées". Le projet prévoit un malus écologique de 5 euros par article en 2025, évolutif jusqu’à 10 euros, plafonné à 50% du prix. Elle insiste : "Ce n’est pas la concurrence que nous remettons en cause, mais la concurrence déloyale".

"Nous devons travailler au niveau européen sur des droits de douane"

Le sujet des petits colis venus de Chine est également abordé. "Il faut un pourcentage de taxe sur les petits colis chinois", affirme Véronique Louwagie. Actuellement, les colis d’une valeur inférieure à 150 euros échappent à toute taxation douanière. Une anomalie que la France a portée devant la Commission européenne.

La ministre annonce que Bruxelles a accepté de revoir cette règle dès 2026, au lieu de 2028. Par ailleurs, elle souhaite instaurer en France "des frais de gestion" pour financer les contrôles de conformité. Alain Di Crescenzo abonde dans ce sens : "Quand un produit coûte 8 euros, 2 euros de plus, ce n’est pas sensible. Un pourcentage, c’est plus équitable".

"Aujourd’hui, une entreprise sur deux n’est pas reprise"

Un autre chantier majeur concerne la transmission des entreprises. Véronique Louwagie alerte : "Un commerce sur quatre va être confronté à une transmission dans les cinq prochaines années". Pour y répondre, elle annonce le lancement à Bercy d’une "stratégie nationale de la transmission", afin de mieux préparer les cédants et faciliter les reprises.

Elle confirme que "le pacte Dutreil sera préservé", un dispositif fiscal permettant une exonération partielle lors de la transmission d’une entreprise familiale. "Je le défendrai bec et ongle", insiste-t-elle, en rappelant que "chaque transmission qui coûte prive l’entreprise d’investissement". Elle évoque également le recours aux SCOP (sociétés coopératives) comme alternative, en particulier pour les salariés repreneurs.

Véronique Louwagie : "Le commerce se porte mieux en France"

Interrogée sur l'état du commerce, Véronique Louwagie constate une transformation profonde : "Le nombre de commerces a baissé, mais les superficies ont augmenté". La ministre déléguée au Commerce y voit une adaptation du tissu économique à de nouveaux usages. Elle insiste : "Nous avons des commerçants qui innovent", en réponse aux mutations numériques, écologiques, et comportementales. Malgré les difficultés, elle souligne "la résilience" des professionnels : "Nos commerçants sont résilients, je reste optimiste".

Alain Di Crescenzo confirme une légère amélioration. "Le premier trimestre 2025 est plutôt positif", avec une croissance "entre 0 et 1%". Il rappelle que le commerce local est en "compétition directe avec le commerce en ligne", qui croît dix fois plus vite. Néanmoins, il souligne que le commerce de proximité bénéficie d’un regain d’intérêt depuis le Covid : "La proximité, c’est la vie", résume-t-il.

Cérémonie nationale des Trophées du Commerce : "Ce sera la grande fête du commerce"

La Cérémonie nationale des Trophées du Commerce, organisée à Bercy aura lieu lundi 7 juillet à Bercy. "Ce soir, ce sera la grande fête du commerce", annonce Alain Di Crescenzo. Vingt-et-un finalistes sont distingués, dont plusieurs pour des initiatives locales remarquables : innovation, accueil, dynamisation des centres-villes.

L’événement se prolonge avec la diffusion de "40 portraits de commerçants exemplaires" sur Sud Radio, chaque matin. "On a besoin d’avoir des modèles, d’avoir des images", explique Alain Di Crescenzo, convaincu que ces témoignages contribueront à restaurer la confiance dans le secteur et à inspirer la relève.

Alain Di Crescenzo : "Les commerçants doivent savoir vivre avec l’incertitude"

Alain Di Crescenzo ne minimise pas la difficulté de l’époque, mais appelle les professionnels à ne pas se laisser paralyser. "Les commerçants doivent savoir vivre avec l’incertitude". Il cite les taux d’intérêt, les tensions géopolitiques ou encore les arbitrages budgétaires à venir comme autant de paramètres imprévisibles à intégrer. "Si, quand vous avez de l’incertitude, vous arrêtez de travailler, c’est fini", estime-t-il.

Il réclame cependant un cap clair de la part des pouvoirs publics. "Il faut bien sûr nous donner un cap, de façon à ce qu’on se prépare", insiste-t-il, en rappelant que la réactivité est aujourd’hui essentielle pour les commerçants. "Nos commerçants n’ont pas le temps", alerte-t-il, appelant à agir vite et concrètement, notamment sur les taxes et les protections commerciales.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio

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