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Quels pays n’ont toujours pas reconnu l’État de Palestine et pourquoi ?

ANALYSE SUD RADIO - Si la France a officiellement reconnu l’État de Palestine ce lundi lors de l’Assemblée générale de l’ONU, une quarantaine d’États membres ne l’ont toujours pas fait officiellement. Pourquoi les États-Unis, le Japon ou l'Allemagne – pour ne citer qu'eux – résistent-ils encore à un mouvement diplomatique désormais majoritaire ? Explications.

Au 23 septembre 2025, malgré une vague de reconnaissances sans précédent lors de l’Assemblée générale des Nations Unies au premier rang desquels figurent la France, le Royaume-Uni et l'Australie, une quarantaine d’États refuse encore de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Ce noyau dur représente environ un cinquième de l’organisation. Leurs positions, loin d’être homogènes, s’expliquent par des logiques politiques, stratégiques ou régionales bien différentes selon les États.

Refus catégorique (États-Unis, Israël, Hongrie, Grèce)

Certains pays ont fait de leur non-reconnaissance un marqueur politique clair. C’est le cas des États-Unis, allié indéfectible d’Israël, qui évoquent la nécessité d’un accord négocié direct et la sécurité d’Israël pour s’opposer à toute reconnaissance unilatérale. Autour de ce noyau, quelques alliés suivent la même ligne de principe. La Hongrie et la Grèce - gouvernements conservateurs et pro-israéliens - affichent une proximité diplomatique assumée avec Tel-Aviv.

Ces pays estiment qu’une reconnaissance hors d’un accord négocié risquerait de réduire la pression exercée sur les Palestiniens pour réformer leurs institutions et marginaliser le Hamas. Ils insistent sur le fait que seule une négociation directe permettrait d’aboutir à une paix durable.

Prudence conditionnelle (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Autriche, République Tchèque, pays baltes, pays nordiques, Suisse, Liechtenstein)

Un deuxième groupe, très présent en Europe, adopte une attitude plus nuancée. L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Croatie, la Macédoine du Nord, la République Tchèque, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie expliquent leur abstention par la volonté de privilégier une approche coordonnée au sein de l’Union européenne. Ils l'expliquent également par la crainte d’accorder une reconnaissance perçue comme une « récompense » sans contreparties politiques.

Le Danemark et la Finlande partagent la même logique. Leur discours public met en avant la sécurité d’Israël et la nécessité d’un processus de paix encadré par l’ONU ou l’UE. Concernant l’Italie, si la Première ministre Giorgia Meloni, a répété sa « préoccupation » face à l'offensive israélienne, Rome ne veut pas reconnaître « pour le moment » l'État de Palestine. Le pays se montre également réticent aux sanctions commerciales proposées par l'Union européenne.

Le Liechtenstein et la Suisse défendent quant à eux leur neutralité historique. À Berne, les diplomates expliquent que la reconnaissance ne peut pas être unilatérale, mais doit être le fruit d’un accord conforme au droit international. À Vaduz, le micro-État met en avant la recherche d’un consensus européen plus large. Ces capitales n’excluent pas une reconnaissance future, mais posent des conditions : réformes institutionnelles palestiniennes, garantie de non-violence et cadre de négociation crédible.

Inquiétudes sécuritaires (Japon, Corée du Sud, Singapour, Nouvelle-Zélande)

Un troisième bloc de pays fonde son refus sur la question de la gouvernance et de la sécurité. Le Japon, la Corée du Sud et Singapour soulignent que l’État palestinien ne peut être reconnu sans garanties claires sur l’exclusion du Hamas et sur la capacité des autorités à contrôler leur territoire de manière stable et pacifique.

Dans la région Pacifique, la Nouvelle-Zélande tient un discours proche de ses voisins asiatiques. Wellington insiste sur le fait qu’une reconnaissance ne peut intervenir qu’une fois des conditions politiques minimales réunies. Notamment la tenue d’élections et la reconnaissance du droit d’Israël à exister. Ces pays considèrent qu’une reconnaissance prématurée risquerait de fragiliser la stabilité régionale et de légitimer une entité encore divisée politiquement.

Dépendances géopolitiques (Cameroun, Érythrée, Birmanie, Moldavie, Panama)

Un quatrième groupe rassemble des États qui temporisent pour des raisons de dépendance stratégique. En Afrique, le Cameroun et l’Érythrée ne reconnaissent pas la Palestine, chacun pour des motifs spécifiques. Yaoundé ménage ses relations militaires et économiques avec Israël, tandis qu’Asmara entretient des liens étroits avec Tel-Aviv dans les domaines sécuritaire et migratoire.

Du côté de l'Asie, la Birmanie reste alignée sur ses partenariats militaires et économiques. La Moldavie, de son côté, se montre prudente pour ne pas heurter ses alliés occidentaux. En Amérique, le Panama adopte une posture attentiste. Proche allié de Washington, le pays hésite à rompre avec la ligne américaine.

Micro-États du Pacifique alignés sur Washington

Enfin, une large partie des petits États insulaires du Pacifique n’ont pas encore franchi le pas. Les Îles Marshall, les États fédérés de Micronésie, les Palaos, Kiribati, Nauru, les Îles Salomon, les Fidji, les Samoa, Tonga et Tuvalu préfèrent rester en retrait. La raison est largement diplomatique. Ces pays entretiennent des relations privilégiées avec les États-Unis et, certains, avec Israël, qui leur apportent aide économique et sécuritaire. Leur position reflète donc moins une hostilité directe à la cause palestinienne qu’un alignement stratégique sur leurs partenaires.

Une dynamique en faveur de la Palestine

La tendance générale reste cependant à l’élargissement progressif du cercle des pays reconnaissant la Palestine. Plusieurs gouvernements, notamment en Europe et en Asie, laissent entendre qu’ils pourraient évoluer si les conditions politiques et sécuritaires changent.

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