Le dispositif gouvernemental permettant la mise aux normes et l'amélioration de la qualité des habitations ne cesse de déchaîner les passions. Après 5 ans d'existence, le gouvernement appuie sur le frein : malgré le succès de MaPrimeRénov', de trop nombreuses fraudes se multiplient. L'État a voulu stopper la prise en charge des travaux de rénovations isolés, mais après une vive polémique impulsée par les professionnels du bâtiment, le ministère du Logement à décidé de faire marche arrière.
L’arme verte du gouvernement face aux passoires thermiques
Lancée au 1er janvier 2020, MaPrimeRénov’ fusionne l’ancien Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE) et les aides de l’Agence Nationale de l’Habitat (Anah). L'objectif : aider les Français à financer leurs travaux de rénovation énergétique, tout en aidant les ménages les plus modestes.
Elle s’adresse aujourd’hui à tous les propriétaires occupants, mais aussi aux bailleurs privés et aux syndicats de copropriété, avec des montants d’aide modulés selon les revenus. Les travaux éligibles sont nombreux : isolation, changement de chaudière, ventilation etc. En 2024, l’État a alloué 5 milliards d’euros au dispositif, et plus de 620 000 ont été rénovés en 2023.
Lors de sa conférence de presse du 16 juin 2025, le ministère du Logement a annoncé une fermeture temporaire du guichet MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur, du 1er juillet au 15 septembre 2025. En revanche, les mono-travaux, les aides à l’autonomie (MaPrimeAdapt’), les copropriétés (MPR Copropriété) ou les logements dégradés (MaPrimeLogementDécent) restent accessibles.
Un dispositif critiqué de toutes parts
Depuis le début de l’année 2024, MaPrimeRénov’ cristallise les tensions au sein du gouvernement. En ligne de mire : les « mono-travaux », c’est-à-dire les opérations isolées comme le changement d’une chaudière ou l’isolation d’un mur. Longtemps soutenus, ces travaux ne bénéficient plus de la même générosité de l’État, car ils sont jugés moins efficaces sur le plan énergétique. Le ministère de la Transition écologique a fait le choix de privilégier les « rénovations globales », plus coûteuses mais aussi plus structurantes pour atteindre les objectifs climatiques.
La suppression des aides pour ces mono-gestes au 1er janvier 2024 a eu un impact immédiat : une chute de 40 % des dossiers déposés. Les artisans, premiers relais du dispositif sur le terrain, ont été les premiers à dénoncer cette décision. Faute de visibilité et de solutions intermédiaires, certains chantiers ont été suspendus ou annulés, entraînant une désorganisation du secteur et une incompréhension chez les particuliers.
Face à la grogne, le gouvernement a partiellement revu sa copie au printemps 2024. Un décret publié début mai a assoupli temporairement le dispositif : certaines aides pour les mono-travaux ont été réintroduites, notamment pour les ménages les plus modestes, et l’obligation d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) a été levée dans certains cas.
Mais le débat est loin d’être clos. Toujours dans la ligne de mire de Bercy, le dispositif crispe les tenants d’une ligne budgétaire stricte. De l’autre côté du champ de bataille, le ministère de la Transition écologique et les professionnels du bâtiment s’inquiètent de voir les objectifs de transition énergétique ralentis par des mesures trop rigides. La tension entre impératif climatique, équité sociale et contraintes budgétaires est encore d'actualité, malgré le maintien de MaPrimeRénov'.
Ce que MaPrimeRénov' change pour les Français
MaPrimeRénov’ permet de financer un chantier de rénovation : en 2023, le coût moyen des travaux s’élevait à 12 000 €, dont environ 30 % pris en charge par la prime, et jusqu’à 42 % si l’on intègre les aides annexes (CEE, collectivités...). Pour les ménages très modestes, l’aide peut même grimper jusqu’à 65 % du montant des travaux et pour les ménages "modestes", elle atteint 50 %.
Concrètement, pour 10 000 € de travaux, un ménage modeste peut recevoir jusqu’à 5 000 € d’aide, voire 6 500 € pour les plus modestes. Ce coup de pouce permet de réduire les factures énergétiques, tout en soutenant l’activité des artisans locaux.